Kristina Mladenovic, un quart à ne pas rater face à Roberta Vinci
Avant cette cuvée 2015 de l’US Open, la carrière de Kristina Mladenovic en Grand Chelem se résumait à quelques coups d’éclat à Roland-Garros. Les éliminations de Li Na (2014) ou Eugénie Bouchard (2015) au premier tour avaient marqué les esprits. Mais une fois au troisième tour, elle prenait inévitablement la porte. Puis à New York a eu lieu le déclic. Un premier huitième enfin, puis un quart après sa victoire contre la Russe Ekaterina Makarova, Mladenovic ne veut plus s’arrêter en si bon chemin. "C'est une belle performance, mais j'ai envie de voir plus loin", a-t-elle déclaré après la victoire. Plus loin, ce sont des titres et des grandes victoires, ce à quoi elle aspire depuis toute petite.
Car la grande "Kiki" est ambitieuse. Très ambitieuse, au point qu’on l'a taxée d’arrogante dans ses jeunes années sur le circuit. Une fausse image. Kristina, fille d’un père handballeur et d’une mère volleyeuse de haut niveau, a juste confiance en elle. "Il y a de la tension et du stress avant chaque match. Mais je le vois positivement. Ce serait anormal de ne pas avoir des frissons. Quand je rentre avec les lumières, que j’entends mon nom, bien sûr que je suis tendue, mais c’est ça, la vie d’une athlète de haut niveau et c’est ce qui nous fait vibrer, nous surpasser et travailler dur. Après que la meilleure gagne", déclare-t-elle dans L’Equipe.
Très haut, très tôt
Le chemin vers le haut niveau a très vite été balisé pour Mladenovic. Fille d’athlète de haut niveau, elle a choisi le tennis et a très vite montré de très belles aptitudes. Son physique, loin d’être passe-partout (une grande blonde qui culmine à 1m84), lui a donné des atouts qui lui servent encore aujourd’hui et qui chez les jeunes faisaient la différence. Sa puissance en service et en coup droit, sa très bonne lecture du jeu, aussi l’ont conduit jusqu’au titre mondial chez les juniors en 2009. La même année, elle remportait Roland-Garros dans sa catégorie d’âge. Deux lignes à son palmarès qui ont fait naître des espoirs chez les suiveurs du circuit féminin. C’est à partir de ce moment-là que les choses se sont compliquées.
Son corps lui a joué des tours. Son genou, son dos, puis son poignet début 2013 ont freiné son ascension. "Elle est arrivée un peu plus tard que prévu, mais elle ne nous surprend pas", résume Alexandra Fusai, la responsable du haut niveau féminin à la Fédération française. "Elle a été très forte très tôt : numéro 1 mondiale juniors, 160e mondiale à 16 ans, un grand espoir qui a eu une période difficile avec une blessure qui l'a un peu éloignée des terrains, mais elle s'est reconstruite petit à petit et cela lui a donné une énorme maturité", poursuit Fusai. Puis en 2015, la talentueuse "Kiki" a ajouté une corde à son arc, déjà bien fourni : une résistance physique décuplée. "Ca a été l’énorme évolution dans mon jeu. J’ai énormément progressé dans ce secteur et ça me permet d’être plus constante. Ca commence à prendre forme", explique-t-elle.
"Kiki", tout double
Avant de redonner le sourire au tennis français féminin, orphelin de Marion Bartoli, victorieuse de Wimbledon en 2013, Mladenovic s’est aguerrie en double. Avec son jeu offensif, elle avait les atouts pour y briller. Ses titres en double dames (12), sa finale l’an dernier à Wimbledon avec la Hongroise Timea Babos ou les deux Majeurs conquis en double mixte avec le Canadien Daniel Nestor (Wimbledon 2013, Open d’Australie 2014) lui ont fait un bien fou. "Aujourd'hui, quand je suis sur un match comme celui-ci, je sais que j'ai la victoire au fond de moi, car j'ai l'expérience des grands matches et des titres en doubles dames ou en double mixte. Il y a de la pression quand on sert pour un titre du Grand Chelem en mixte, on est tendu, il faut gérer ses émotions, le stress et cette adrénaline. Je ne dis pas que je gère tout à merveille, mais plus on est habitué à vivre ces moments là, mieux on les gère. C'est vraiment là où j'ai envie d'être...", assurait-elle après son huitième de finale victorieux.
En quarts, elle va affronter une autre grande joueuse de double, l’Italienne Roberta Vinci. "C'est une joueuse expérimentée, elle a beaucoup de vécu, elle a remporté des titres en Grand Chelem en double (cinq titres, ndlr). Cela va être très compliqué d'autant que c'est une joueuse atypique, très talentueuse. Je m'attends à un match très difficile". Pour celle qui "ne connaît pas (ses) limites", ce quart de finale n’est qu’une étape. Celle qui sera numéro 1 française après l’US Open a trop attendu pour s’arrêter en si bon chemin.
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