Federer, annus horribilis
Battu par Andy Murray en demi-finale à Melbourne, dominé par Jo-Wilfried Tsonga en quart de finale à Roland-Garros, surpris par Sergiy Stakhovsky dès le 2e tour à Wimbledon, et éjecté de Flushing Meadows en 8e de finale par Tommy Robredo, Roger Federer a vécu une année sans. Une année sans grande finale pour la première fois depuis 2002 lorsque Federer n'était pas encore le Monstre qui dévastait tout sur son passage (entre 2004 et 2007), comme il s'est un jour décrit. A l'époque, Federer s'était incliné en hutièmes de finale en Australie et à l'US Open, et au premier tour à Paris et Londres.
Résultats très moyens
Cette saison, Federer n'a remporté qu'un seul tournoi, sur la gazon de Halle en juin, et il n'a disputé qu'une seule finale de Masters 1000, en mai à Rome (écrasé par Rafael Nadal). Ses problèmes de dos de l'été n'explique pas tout, et surtout pas ses défaites précoces à Hambourg ou à Gstaad face à des joueurs classés 114e et 55e mondiaux (l'Argentin Del Bonis et l'Allemand Brands) dont il n'aurait fait qu'une bouchée l'an dernier.
Face à Robredo sur le court Louis-Amstrong de l'USTA, Roger Federer a évolué très loin de son meilleur niveau, et à bonne distance de son superbe combat face à Nadal en quart de finale à Cincinnati (où il avait rivalisé un set et demi avant de perdre en trois manches). Le Bâlois a commis de nombreuses fautes directes et l'Espagnol s'est montré plus réaliste que lui en convertissant quatre balles de break sur sept. Ce qui faisait la force de Federer du temps de sa splendeur devient une faiblesse rédhibitoire. Rodgeur semble ne plus savoir jouer les points clefs d'une rencontre serrée.
Loin de Djokovic et Nadal
A 32 ans, il est clairement moins vif que dans ses grandes années. Ses jambes ne répondent plus aussi bien et son jeu de défense (une de ses grandes qualités souvent mésestimée) s'en ressent forcément. Son questionnement sur un éventuel changement de raquette (finalement remis à plus tard) prouve que l'homme aux 17 levées du Grand Chelem n'a pas renoncé à se donner les moyens de se relancer, mais le temps presse et la concurrence n'attend pas.
Les adversaires de Federer, autrefois résignés à l'idée de l'affronter, savent aujourd'hui qu'ils ont une réelle chance de le battre, même au meilleur des cinq manches, même dans les premiers tours, ce qui n'était pas le cas il y a quelques mois (Federer a d'ailleurs établi un record quasi imbattable de 36 quarts de finale consécutifs en Majeurs entre Wimbledon 2004 et Roland-Garros 2013).
Roger Federer n'aura donc rencontré ni Djokovic ni Nadal en Grand Chelem cette saison: un signe et peut-être une chance finalement tant le plus beau joueur de tous les temps navigue à vue. En un sens, il est peut-être préférable qu'il n'ait pas à défier l'ogre de Majorque demain à New York, où il a pourtant triomphé cinq fois consécutivement (de 2004 à 2008). Cela nous a privés d'un choc attendu (les deux hommes ne s'étaient jamais affrontés sur le ciment de Flushing ) mais c'est sans doute mieux pour Federer dans l'état actuel des choses.
"C'était juste nul"
En perdant aussi tôt (ça ne lui était plus arrivé ici depuis 2003) et en manquant les quarts de deux tournois du Grand Chelem successifs pour la première fois depuis dix ans, le septuple lauréat de Wimbledon a reculé dans la hiérarchie mondiale (7e avant le tournoi). Il est possible qu'il sorte du top 10 en fin d'année et qu'il soit ainsi privé de Masters, l'un de ses rendez-vous préférés (six sacres). Invité à faire son bilan de la saison par un journaliste en conférence de presse, Federer a relativisé et positivé.
"L'Australie, ça s'est bien passé, je me suis bien battu. A Roland-Garros, c'était pas mal mais ce n'était pas ça contre Jo (Tsonga). Là, c'était juste nul. J'ai senti que mon jeu n'était pas au niveau où je voulais qu'il soit. Stakhovsky a vraiment fait un très bon match contre moi à Wimbledon. Depuis, j'ai eu trois mois difficiles. Mais je crois que les choses vont aller crescendo et j'espère jouer de mieux en mieux". La méthode coué sera-t-elle la bonne ?
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