Roger Federer, l'exaltation du retour
Pour la première fois de sa carrière, Roger Federer revient dans un tournoi du Grand Chelem après une longue période d’absence. Il a passé 3 ans sans glisser sur la terre battue du Philippe-Chatrier. Mais aussi 3 ans sans ces travées dans lesquelles il entend fuser, plus que nulle part ailleurs, des « Rodgeur » à la française, voire, blasphème, des « Rogé ». 3 ans sans ce public "différent" comme il le dit lui-même. 3 ans sans ce statut qu’il n’a dans aucun être Grand Chelem : celui de challenger.
Alors, est-ce la nostalgie qui a fait revenir Roger? Peut-être. Il n’a en tout cas jamais autant proclamé son amour et son plaisir de jouer Porte d’Auteuil. Sa tumultueuse histoire personnelle avec le Grand Chelem parisien a longtemps fait passer ce dernier après les trois autres dans la hiérarchie du Suisse. Aujourd’hui, avec le recul, il semble enfin prendre conscience de son amour pour Roland-Garros. Un amour torturé, convulsif, mais, il l’admet volontiers aujourd’hui, "véritable".
Les mille saveurs de l’ocre
Vendredi en conférence de presse, il est revenu sur son début de semaine, son arrivée, ses premières balles frappées. S’il reconnaît que "beaucoup de choses ont changé" (il avouait à l’Equipe début mai qu’il aurait besoin d’un "guide pour lui montrer où étaient les cours d’entraînement"), il relève surtout ce qui est demeuré tel quel. "Il reste quand même un parfum de l’ancien Roland-Garros avec ses particularités. Je suis vraiment excité à l’idée de rejouer ici sans doute aussi parce que j’ai manqué les trois dernières éditions" Trois années où il n’a même pas entraperçu la couleur de l’ocre. "Quand vous manquez quelque chose dans la vie, vous prenez toujours plus de plaisir à y revenir" philosophe le Suisse. Plus de plaisir qu’avant ces trois ans d’abstinence ? Sans doute.
Il semble en tout cas goûter aux saveurs de la terre battue avec l’appétit d’un jeune loup. "Quand il fait beau, il y a quelque chose qui se passe avec la balle sur terre, analyse-t-il dans l'Equipe. Tu vois plein d’options, d’angles à jouer, ça apporte beaucoup de plaisir(...)Et je sais qu’à Roland tu as 80 % de chances qu’il fasse beau." Comme s’il avait été frappé d’une sorte de clairvoyance qui lui faisait défaut jusqu’alors sur la surface. Trois années sans s’y aventurer, c’est suffisant pour faire voler en éclats tous les repères que l’on a construit. Alors quand on y retourne, on a le regard frais, l’esprit fécond. Et si le jeu s’en ressentait chez Roger ?
L'amour vache
Il y a 20 ans, Félix Auger-Aliassime n’était même pas né. Pourtant, Roger Federer frappait déjà ses premières balles en Grand Chelem face à Patrick Rafter, au 1er tour du tournoi de Roland-Garros. "J’étais heureux de pouvoir l’affronter, il était l’un des gars les plus populaires du circuit" Mais au-delà de ce simple plaisir d’affronter un grand joueur dans un magnifique théâtre pour son premier Grand Chelem, Roger Federer n’était pas encore là où il rêvait d’être.
"C’était bien, mais ce n’était pas l’amour au début., explique-t-il. Ce n’était pas Wimbledon ou New York où j’arrivais et c’était : Wouah je n’ai jamais vu un truc comme ça". Non, Roland-Garros n’a, pendant longtemps, pas eu les faveurs du Suisse. Tennistiquement, l’alchimie ne prend pas non plus. Son jeu offensif ne s’exprime pas aussi parfaitement Porte d’Auteuil qu’à Wimbledon par exemple. "Mes onze premiers matches sur terre, je les ai perdus, se souvient-il. Et puis, gagner les trois autres Grand Chelems assez rapidement dans ma carrière et pas Roland, ça a construit une sorte de truc « la terre me réussit moins bien" Il finit par décrocher le graal en 2009, alors qu’il avait déjà remporté 13 Grands Chelems par ailleurs… C’est le début d’une nouvelle ère dans la relation Roger-Roland : celle de la distance sereine. Désormais, plus de pression. Federer revient chaque année à Paris l’esprit plus léger. Personne ne pourra plus lui dire qu’il lui manque ce fameux titre. Roland a fini de le torturer.
Un public « complètement différent »
Sans ce poids, il peut alors mieux apprécier sa cote de popularité en France. Elle est immense. Et intense : « Roland-Garros pour moi c’est d’abord les Parisiens, les Français (…). Les spectateurs sont complètement différents de partout ailleurs dans le monde. Ça j’aime bien. » Le Suisse se lance ensuite, toujours dans les colonnes de l'Equipe, dans une analyse précise de la nature particulière du public français : « Ils sont connaisseurs du tennis. En France, tout le monde joue au tennis ou si tu ne joues pas, ta sœur joue et si ce n’est pas ta sœur, c’est ta mère...Quelqu’un dans la famille joue. Ils connaissent tout : le score, la pression, les moments. Ils sont présents. » L’indifférence de ses jeunes années pour le tournoi français semble avoir laissé place, 20 ans plus tard, à une sorte de chérissement intime. Peut-être a-t-il été submergé par une vague de souvenirs en franchissant le portail d’entrée lundi dernier pour ses premiers entraînements depuis trois ans. En tout cas, il prend du plaisir sans vraiment se mettre de pression. «Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre au niveau des résultats, mais c’est sympa aussi, affirme-t-il. C’était déjà un peu le cas en Australie, en 2017, quand je n’avais pas d’attente. J’étais heureux d’être de retour et en bonne santé. Là c’est un peu la même chose » Open d’Australie 2017. En début de quinzaine, on parle pour le Suisse d’une deuxième semaine, au mieux un quart. Comme à Roland-Garros 2019. Il finit par remporter son 18e Grand Chelem, sur un nuage.
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