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"Un des tournois les plus durs émotionnellement" : maître de ses nerfs, Djokovic est redevenu celui des courts

Novak Djokovic n'a laissé aucune chance à Daniil Medvedev, dimanche 21 février, en finale de l'Open d'Australie. Le Serbe a remporté son neuvième titre à Melbourne (le troisième de rang) et le dix-huitième Grand Chelem de sa carrière. Un exploit après des semaines compliquées pour le N.1 mondial.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Novak Djokovic vainqueur de l'Open d'Australie 2021 à Melbourne, le 21 février 2021 (WILLIAM WEST / AFP)

Il y a Nadal et son hégémonie à Roland-Garros. Il y a aussi Novak Djokovic à Melbourne. Le Serbe a décroché le neuvième Open d'Australie de sa carrière dimanche 21 février. Si la finale contre Daniil Medvedev a été remportée sans réelle péripétie (7-5, 6-2, 6-2), le chemin pour y parvenir a été plus tortueux. Ces derniers mois, le numéro 1 mondial a connu bien des tourments, sur et en dehors des courts. Son sacre du jour, tout en caractère, n'en est que plus spécial.

Le Serbe est un rouleau compresseur, qui dégage comme principale force celle de l'habitude. Seulement voilà, ce long fleuve tranquille de victoires et trophées a rencontré des obstacles conséquents dans une année 2020 marquée du sceau du rocambolesque.

Trop constant, trop impitoyable

Son tennis n'a pu lui faire oublier ses tourments extra-sportifs. Les deux dernières sorties de Djokovic en Grand Chelem se sont soldées par une disqualification à l'US Open pour avoir été incapable de maitriser ses nerfs, puis une rouste en finale de Roland-Garros pour avoir été très loin du niveau de celui de Rafael Nadal. Ce dimanche, Daniil Medvedev avait tout pour prolonger la série. Le Russe restait sur quatre titres consécutifs et vingt matches sans défaite. Le joueur de 25 ans semblait même se muer petit à petit en un Djokovic new look par sa capacité à ne jamais douter, même dos au mur et mis sous pression.

L'affiche aurait pu devenir le jour où le maître des lieux passait les clés à son nouveau propriétaire. Mais si Djokovic termine sur le dos à la Rod Laver Arena, c'est pour mieux admirer les étoiles. Jamais pour être tombé au combat. En Australie plus encore qu'ailleurs, la vue du métal brillant transcende le Serbe, la moindre adversité ne faisant que le rendre plus impitoyable au moment de mettre la main sur la Norman Brookes Challenge Cup. "S'il y a un tournoi où je veux risquer de me faire mal ou de donner vraiment tout ce que j'ai pour me battre, c'est ici, a-t-il insisté au micro de la chaine australienne Channel 9. Je ne peux pas être plus heureux d'être avec ce trophée."

Djokovic a dominé de la tête et des épaules le match, tenant autant du maestro que du bourreau. Medvedev ne s'était pas présenté sur le central de Melbourne dans la posture de victime. Mais à force de buter invariablement face à un bouclier en acier trempé, c'est bien le plus jeune des deux joueurs qui a vite craqué. 

Une victoire après des montagnes russes ? "Cela la rend encore plus agréable"

Djokovic n'a que peu montré ses émotions, face aux quelques soubresauts de son adversaire ou aux éclats de voix d'un public dissipé, le genre à être en mesure de faire monter en pression la cocotte-minute serbe. Comme s'il était parvenu à évacuer toutes ses récentes frustrations. Celles autour du coronavirus et de son attitude vis-à-vis de la pandémie qui ont creusé un peu plus le fossé entre le N.1 mondial et une partie de ses congénères. Celles de ses derniers échecs à vouloir reprendre à tout prix Rafael Nadal et Roger Federer au nombre de Majeurs et dans sa quête du statut de plus grand de l'histoire de son sport. Celles, enfin, de l'immense frayeur quand ses abdominaux l'ont tiraillé au troisième tour contre Taylor Fritz, au point de lui faire craindre un forfait. Et de soulever de nombreuses interrogations sur la réelle gravité de ses ennuis physiques.

"Je comprends que certains aient questionné ma blessure, a assuré Djokovic. Que cela soit vraiment une déchirure. Ca l'est. Cela a été un obstacle et un défi énorme pour moi. Je n'ai pas pu m'entraîner les jours entre les matches. J'ai passé probablement dix heures sur les quatorze où j'étais réveillé sur la table de mon kiné, à faire tout ce que je pouvais. J'imagine que nous sommes tous différents, j'ai probablement une très bonne faculté de guérison."

Ces quelques semaines en terres australes auront été dignes de "montagnes russes" comme l'avoue volontiers le Serbe. "Emotionnellement, c'était l'un des tournois les plus durs auquel j'ai pris part. Cela le rend encore plus agréable pour moi." Le Serbe va désormais s'octroyer un peu de repos, notamment pour guérir ses abdominaux. Mais aussi sans doute pour donner quelques vacances à sa tête.

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