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Mahut-Herbert, dans la tradition des doubles français à Melbourne

Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert disputent samedi la finale du double messieurs de l'Open d'Australie, face aux Italiens Simone Bolelli et Fabio Fognini. Cette nouvelle association entre deux générations de joueurs offensifs s'est offert la possibilité d'accrocher son premier titre, son premier Majeur chacun d'eux. Sixième équipe française présente en finale à Melbourne, ils peuvent se placer dans le sillage de Borotra-Brugnon, vainqueurs en 1928, ou de Santoro-Llodra, titrés en 2003 et 2004.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Nicolas Mahut est âgé de 33 ans depuis le 21 janvier. Pierre-Hugues Herbert fêtera ses 24 printemps en mars prochain. Neuf ans d'écart oui, mais ils ont pour point commun un jeu offensif à tout crin. La volée, c'est leur vie, leur façon d'être, le coeur de leur jeu. L'Angevin de naissance pratique ce tennis depuis des années, depuis l'époque où il était un grand espoir du tennis français après avoir remporté l'US Open junior en 1999 puis remporté le titre junior en simple à Wimbledon. L'Alsacien le pratique depuis bien moins de temps, et n'a pas reçu les mêmes louanges dans sa jeunesse. 

Ensemble, ils représentent une force de frappe incroyable en double. C'est pour cela qu'ils ont décidé, cette année, d'unir leurs destins en double. Tout a commencé en fin de saison dernière, et pour leur quatrième épreuve en commun, les voici en finale de l'Open d'Australie. Pour l'aîné, c'est une première à Melbourne, où il avait atteint au mieux les demi-finales (avec Michael Llodra en 2014). Une finale en Grand Chelem, c'est une deuxième, puisqu'il avait atteint ce stade en 2013 à Roland-Garros avec Michael Llodra, avec lequel il s'était aussi arrêté en demi-finale à Wimbledon en 2014. Toute cette expérience, celle aussi acquise en simple (il a été 37e mondial en mai 2014), il la transmet à son benjamin, qui gravit peu à peu les marches menant au Top 100 en simple (il est aujourd'hui 109e). Depuis 2013, son ascension s'est accélérée, avec des qualifications à Roland-Garros puis un Bercy très encourageant où il s'est frotté avec mérite (deux balles de 1er set) à Novak Djokovic (défaite 7/6, 6-3) après avoir battu Benoit Paire au 1er tour. "PHH", entraîné par son père, a trouvé en Mahut, ami de l'autre Alsacien PHM (Paul-Henri Mathieu), un complice, un joueur susceptible de le faire progresser encore plus vite sur les terrains.

Les deux hommes devront le montrer contre une paire italienne Simone Bolelli-Fabio Fognini. Contrairement aux Français, les deux hommes sont associés depuis longtemps (2011). Ensemble, ils ont atteint des sommets (victoire à Buenos Aires, finale à Acapulco, demi-finale à l'Open d'Australie en 2013), mais aussi connu beaucoup de désillusions, au gré des humeurs du N.1 italien. Alors que les deux Français pointent au-delà de la 100e place mondiale, les deux Transalpins affichent des classements individuels bien supérieurs: 18e pour Fognini, 48e pour Bolelli. Mais aucun d'eux n'a jamais disputé une finale en Grand Chelem. Cette expérience, c'est la paire de novices français qui l'a. Pour la première fois dans l'histoire de l'Open d'Australie, l'Italie est représentée en finale du double messieurs. La France est bien plus avancée en ce domaine. Retour sur une longue histoire française en double à Melbourne.

Les vainqueurs

Les premiers joueurs français à s'imposer à l'Open d'Australie, ce sont les membres des Mousquetaires. Le duo Jean Borotra-Jacques Brugnon, associé aussi en Coupe Davis à cette époque, remportent le titre en 1928 en disposant des Australiens Jim Willard-Edgar Moon 6-2, 4-6, 6-4, 6-4. Pour trouver des successeurs, il faudra attendre les années 2000, avec la paire Fabrice Santoro-Michael Llodra. En 2003, ils remportent la finale en battant le joueur des Bahamas Mark Knowles, associé au Canadien Daniel Nestor (6-4, 3-6, 6-3), alors que les deux hommes étaient tenants du titre. Et l'année suivante, les Français rééditent leur performance en dominant les futurs indestructibles du double, les frères Bryan (7-6 (7/4), 6-3.

Si Mahut et Herbert s'imposent, ils seront donc la troisième paire française à apposer son nom au palmarès à Melbourne. Et sur les quatre tournois du Grand Chelem, ce serait la 23e finale de double remportée par au moins un Français (9 Roland-Garros pour les Borotra, Lacoste, Brugnon, Cochet, Destremeau, Petra, puis Bernard-Petra en 1946, Leconte-Noah en 1984, Benneteau-Roger-Vassins en 2014, 5 Wimbledon pour les Mousquetaires entre 1925 et 1933 et 1 pour Clément-Llodra en 2007, et 1 US Open gagné par Pierre Barthes associé au Yougoslave Nikola Pilic).

Les finalistes

Avant de conquérir deux années de suite l'Open d'Australie, Fabrice Santoro et Michael Llodra avaient échoué l'année précédente, en 2002, face à la paire Knowles-Nestor 7-6 (7/4), 6-3. Et les derniers à s'être hissés en finale à Melbourne, c'était Michael Llodra en compagnie d'Arnaud Clément en 2008. Les Français s'étaient alors inclinés contre les Israëliens Erlich-Ram 7-5, 7-6 (7/4).

Dans les trois autres tournois du Grand Chelem, nombreux sont les finalistes tricolores, parmi lesquels on peut citer Forget-Noah, battu en finale de Roland-Garros 1987 par Jarryd-Seguso 6-7, 6-7, 6-3, 6-4, 6-2, ou Leconte-Noah vaincus par Flach-Seguso à l'US Open 1985 6-7, 7-6, 7-6, 6-0. Eric Winogradsky, associé à l'Iranien Mansour Bahrami, avait été éliminé par les Américains Grabb-Patrick McEnroe à Roland-Garros en 1989, comme Guy Forget et le Suisse Hlasek face à Kafelnikov-Vacek toujours à Paris en 1996. Sans oublier Llodra-Santoro en 2004 face aux Belges Malisse-Rochus, et Llodra-Mahut en 2013 contre les frères Bryan 6-4, 4-6, 7-6 (7/4). 

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