Halys-Herbert, destins croisés de qualifiés
L'un a eu une wild-card pour entrer dans les qualifications, l'autre était le premier sur la liste pour en recevoir une lui donnant accès directement au tableau final. En vain. Pour Quentin Halys, ce premier match senior à Roland-Garros, lors du 1er tour des qualifications, était une offrande. Pour Pierre-Hugues Herbert, cela pouvait ressembler à une déception. Dans les qualifications de Roland-Garros, les ambitions et les parcours de chacun s'entrechoquent. Les anciennes gloires (Andreev, Ginepri) plongées dans les profondeurs du classement ATP côtoient de jeunes pousses ambitieux à l'avenir encore très ouvert, et chacun se trouve sur un pied d'égalité. Des matches au meilleur des trois sets, trois tours à franchir pour intégrer le tableau final, voilà l'objectif de chacun. A Roland-Garros, la colonie de Français est bien évidemment importante. Ils sont 17 sur la ligne de départ. Combien en restera-t-il à l'arrivée ? Pour cette première journée, malgré la pluie, deux d'entre eux ont franchi le premier obstacle.
Halys, vainqueur des Petits As
Quentin Halys n'a que 16 ans, pointe au 1068e rang à l'ATP et représente l'un des grands espoirs du tennis français. Vainqueur du tournoi des Petits As de Tarbes en 2010, il s'est inscrit dans les pas de Richard Gasquet, vainqueur de l'épreuve de référence chez les jeunes onze ans plus tôt. Pour ses premier pas, il a honoré de la plus belle des manières cette wild-card, en franchissant le 1er tour contre le joueur de Taipei, Jimmy Wang, qui le précède de 1018 places au classement ATP (150e mondial). "Je ne le connaissais pas trop", avouait le Français à l'issue de sa victoire. "Je savais juste que la terre n'était pas sa meilleure surface. J'ai donc essayé de le faire courir, de faire durer l'échange". Avec son mètre quatre-vingt-dix, il avait aussi un très bel argument avec son service, déjà puissant, précis et travaillé.
Après avoir empoché la première manche (6-3), et avoir fait le break d'entrée dans la deuxième, Quentin Halys a concédé son engagement et a donc dû s'employer pour refaire le break au meilleur moment, lors du 9e jeu. Menant alors 5-4, il n'a pas tremblé pour finir le match sur son service. "C'est beaucoup d'émotion. Je suis super content. Roland-Garros, j'y pense depuis que je suis tout petit. J'ai réalisé un match plein." Bien évidemment, à cet âge, sur son premier tournoi du Grand Chelem chez les seniors, face à un joueur nettement mieux classé que lui, celui qui s'entraîne à l'INSEP a parfois été rattrapé par l'enjeu: "A certains moments, je me suis un peu précipité. Mais c'est moi qui faisais les mauvais choix." Bien décidé à poursuivre son aventure en entrant sur le court "pour gagner" même s'il ne sera jamais favori, Quentin Halys emmagasine de l'expérience, qui pourra lui servir ici-même, dans le tableau juniors.
Herbert, du rêve à l'espoir
A 22 ans, Pierre-Hugues Herbert demeure encore un bon espoir, mais son 232e rang mondial n'en fait "que" le 21e joueur français dans la hiérarchie planétaire. "Avec mon classement, on n'entre pas dans tous les tableaux", explique-t-il. Jusqu'à ce que les organisateurs dévoilent la liste des invités dans le tableau final, il espérait faire partie de la fête. Il ne l'a pas été. Mais si un joueur déjà qualifié dans le tableau final déclarait forfait, il était le premier à être "repêché". "J'ai espéré jusqu'à ce matin qu'un joueur se désiste", admet-il. Ce forfait n'est pas venu, et malgré la pluie, l'Alsacien était sur le court N.7 pour affronter le Brésilien Leonardo Kirche, 245e mondial. "Ces trois derniers jours n'ont pas été faciles", glissait le Français. "Emotionnellement, j'étais un peu en bas. Il y avait pas mal de déception de passer par les qualifications." D'autant que les deux années précédentes, il était déjà passé par là, pour autant de défaites au 1er tour. Mais il a gagné, difficilement 7-6 (9/7), 6-3. "J'étais très motivé. C'est pour ça que je suis super content d'avoir gagné. J'ai réagi positivement à tout ça. Une invitation, ce n'est pas un dû."
Tout semblait pourtant ligué contre lui: jouer sur le court N.7 "où je n'avais pas gagné un match de ma vie", la pluie et le vent alors que "je n'ai joué qu''un match cette année sur une terre-battue lente. Avec ce temps, ça change les conditions de jeu, mais il fallait que je trouve des solutions." Il a remisé son jeu d'attaque en arrière plan, s'est fait peur en étant débreaké alors qu'il menait 4-2 et qu'il avait eu une balle de double break à 3-1, mais a su conclure. "Je ne pense pas avoir bien géré la pression, mais c'est un peu mieux à chaque fois", analyse Pierre-Hugues Herbert. Le voilà désormais au 2e tour des qualifications, son meilleur résultat à Paris lui qui s'est arrêté là lors des deux derniers Grands Chelems (US Open et Open d'Australie). Désormais, il rêve d'un meilleur temps pour que la terre retrouve un peu plus de vitesse, histoire de franchir un nouveau cap et atteindre le 3e tour. Mais son prochain match, il le livrera contre l'Allemand Simon Greul, ancien 55e mondial tombé au 139e rang, qui est venu à bout de Josselin Ouanna 6-4, 6-4 au 1er tour. Pour atteindre par ses propres moyens le tableau final, l'autre PH venu d'Alsace (en référence à Paul-Henri Mathieu) sait qu'il lui faut réaliser un exploit.
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