Matchs truqués dans le tennis : "On a fait exprès de perdre notre jeu de service pour qu'il perde son pari"
France Bleu Auxerre a recueilli le témoignage de deux joueurs de tennis à propos de matchs truqués.
"J'allais jouer un double contre un joueur qui m'avait dit avant le match qu'il avait parié sur un score exact", a raconté samedi 19 janvier à France Bleu Auxerre Quentin Robert, 66e joueur français et licencié au Tennis Club Monéteau (Yonne). "Je me souviens, sur le court, il fait exprès de perdre un jeu, il fait quatre doubles-fautes. Comme je savais sur quel score il avait parié, on a fait exprès de faire aussi quatre doubles-fautes pour qu'il perde son pari", a-t-il poursuivi.
Le joueur réagit à l'affaire des matchs truqués. Quatre joueurs français ont été interpellés, dont deux à Bressuire (Deux-Sèvres), où ils s'apprêtaient à jouer dans un tournoi "Futures", la troisième division du tennis.
2 000 euros pour un pari, 50 pour une victoire
"C'est trop facile, dénonce Quentin Robert. Moi, je ne joue pas au tennis au départ pour gagner de l'argent, je joue car j'adore ça. Après, je suis un compétiteur et je veux gagner mes matchs. Je trouve ça dégueulasse que le mec en face ait parié et que lui, s'il réussit son pari, il prend 2 000 euros et moi, si je gagne mon double, je gagne 50 euros. Je n'adhère pas du tout à ça", a-t-il assuré.
Une centaine de joueurs et entraîneurs seraient visés par cette enquête du parquet fédéral belge sur des matchs truqués, dont une quinzaine de joueurs en France.
"C'est vraiment très compliqué de s'en sortir"
"Je peux comprendre ces joueurs qui, juste pour vivre, acceptent beaucoup beaucoup d'argent", a réagi pour sa part au micro de France Bleu Auxerre un autre joueur bourguignon, Dorian Cool. Ces joueurs cèdent à la tentation car ils ont du mal à vivre du tennis. À ce niveau-là, une saison coûte "autour de 40 000 euros", selon le tennisman. "Mis à part les 100 premiers (mondiaux) qui sont très vite quasiment millionnaires, pour ceux qui sont derrière, qui veulent arriver plus haut et qui n'ont pas trop de moyens, c'est vraiment très très compliqué de s'en sortir, même de manger", a expliqué Dorian, qui apparaît dans les 170 meilleurs français.
"En France, quand on fait un quart de final dans un tournoi 'Futures', on gagne 400 euros, alors que le tournoi va nous coûter 800 euros. Ce n'est pas rentable. C'est donc très compliqué de survivre. L'argent est tellement mal réparti au haut-niveau. Ils essaient de vivre, c'est tout et tentent de s'en sortir", a estimé Dorian Cool, qui assure tout de même ne pas valider ces pratiques.
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