"Vous seriez très surpris de voir certains montants pariés" : au tournoi de tennis de Bressuire, les matchs truqués n'étonnent personne
La garde-à-vue de deux joueurs dans une affaire de rencontres présumées truquées ne surprend personne à Bressuire. Le tournoi s'organise déjà pour protéger les participants.
Deux joueurs français de tennis ont été placés en garde à vue mardi 15 janvier dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de matches arrangés. Ils allaient entamer le tournoi de Bressuire (Deux-Sèvres) où l'affaire n'a pas surpris grand monde.
L’interpellation des deux joueurs à leur hôtel n’a pas sportivement perturbé le tournoi. Son président, Alain Moreau, estime même qu’il fallait que l’affaire éclate. "Ces gens qui gravitent autour des tournois professionnels et qui viennent perturber nos jeunes joueurs, c'est un peu désagréable, affirme-t-il. Au-delà même des paris, il y a des menaces, des choses comme ça. A la fédération, on s'est employés, déjà, à faire en sorte de protéger nos joueurs."
À Bressuire, pour la première fois cette année, des badges réglementent l’accès aux différentes zones de la compétition pour éviter trop de contacts avec les joueurs. L’utilisation prolongée des moyens de communication au bord des courts est aussi prohibée pour empêcher les paris en ligne. Ils sont interdits en France sur le circuit "Futures" qui organise des tournois pour les joueurs en herbe, qui perceront ou pas.
La tentation du gain pour des joueurs qui vivotent
Ces tennismen enchaînent les déplacements, quasiment comme des professionnels, mais ils ont beaucoup de mal à en vivre. À Bressuire, le vainqueur gagne 2 000 euros, alors qu'une année à tourner sur ce circuit peut coûter de 30 000 à 40 000 euros. La tentation de la corruption peut donc atteindre certains. "On sait qu'il y a des matchs truqués. Il doit y en avoir pas mal, pas chez les jeunes, je pense, parce qu'ils sont dans le truc de devenir pro, mais plus parmi ceux qui restent longtemps sur le circuit, qui ont 27, 28 ans, qui peuvent se lasser", confie Antoine Cornu-Chauvin, 19 ans, 460e à l’ATP pour le moment. Ce joueur n’est pas vraiment surpris par l’affaire. "Parfois, ça va vite. Besoin d'argent ou pas, le mec te propose 10 000 euros pour perdre un set... Il ne faut pas accepter parce qu'après ça te retombe dessus et tu as de gros problèmes. Pour les deux joueurs qui se sont fait choper ici, je pense que c'est mort. Ils ne pourront plus jouer, c'est terminé", ajoute le jeune homme.
Des mesures pour éviter les trous dans la raquette
Sosthène Lecamus, superviseur de la Fédération internationale de tennis (ITF) au tournoi de Bressuire, est en quelque sorte l’arbitre en chef. "Vous seriez très surpris de voir certains montants qui sont pariés sur des matchs pouvant paraître sans réel intérêt pour le grand public", affirme-t-il. Lors d'une compétition, les arbitres jouent aussi un rôle du haut de leur chaise. "Si on nous signale des gens dans les tribunes qui semblent avoir une attitude surprenante, bizarre, nous sommes effectivement chargés de demander aux organisateurs d'intervenir, a minima pour faire ramasser les téléphones et autres appareils électroniques, a maxima pour les faire expulser de l'enceinte de la compétition", assure Sosthène Lecamus.
Ces indésirables sont surnommés les "courtsiders", ceux qui sont à côté des courts. À Bressuire, mercredi, les organisateurs ont repéré sept suspects. L'un d’eux a même été expulsé parce qu'il gênait des joueurs en gesticulant.
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