Masters 1000 de Rome : de Sinner à Berrettini, les artistes de la Renaissance italienne
Le tennis italien masculin a repris des couleurs alors que le Masters 1000 de Rome a ouvert ses portes dimanche.
La jeunesse avec Sinner et Musetti ; la confiance avec Berrettini ou Sonego ; l'expérience avec Fognini : le tennis italien confirme sa belle santé en ce printemps et aborde avec gourmandise le Masters 1000 de Rome. Ce lundi 10 mai, certains sont sur le pont : Jannik Sinner affronte Ugo Humbert en favori, pendant que Fabio Fognini défie Kei Nishikori, ou encore Stefano Travaglia opposé à Benoit Paire sans oublier Lorenzeo Musetti face à Hubert Hurkacz. Revue d'effectif d'une armada italienne retrouvée.
"L'Italie a redécouvert le tennis", se réjouit l'ex-champion italien Paolo Bertolucci, ravi que les bons résultats des Azzurri aient "réveillé" la passion pour la petite balle jaune au pays du calcio. "Je le vois quand je vais prendre de l'essence. Avant c'était seulement bonjour, bonsoir. Aujourd'hui on m'interroge sur Sinner et sur Musetti, on me demande si l'Italie peut gagner la Coupe Davis...", a-t-il raconté vendredi au Corriere dello Sport. La Coupe Davis, l'Italie ne l'a pourtant gagnée qu'une fois, en 1976. Mais les ambitions sont de retour.
Dans la foulée du bon Roland-Garros de l'automne dernier, avec deux Azzurri en huitièmes (Sonego et Sinner) pour la première fois dans l'ère Open (depuis 1968), l'année a bien démarré. Des titres pour Matteo Berrettini (Belgrade), Lorenzo Sonego (Cagliari) et Jannik Sinner (Melbourne), deux finales en Masters 1000, la catégorie la plus importante après les Grands Chelems (Sinner à Miami, Berrettini ce dimanche à Madrid), un plaisir que les Italiens n'avaient connu qu'une fois, avec la victoire de Fognini à Monte-Carlo en 2019.
"Pas de coïncidence"
Signe de cette période faste, le tennis italien a placé en avril pour la première fois dix représentants dans le top 100. Dont ses deux plus jeunes joueurs, Jannik Sinner (18e) et Lorenzo Musetti (83e), 19 ans tous les deux. "C'est magnifique d'être aussi nombreux", soulignait Sonego il y a un mois à Cagliari. "On se soutient les uns les autres et il n'y a pas de coïncidence, quand l'un a de bons résultats, les autres suivent."
Tout en rappelant sa "neutralité", le président de l'ATP, l'Italien Andrea Gaudenzi, ne cache pas son "admiration": "Ce qui frappe, c'est le mélange entre joueurs d'expérience qui peuvent encore beaucoup donner comme Fognini, jeunes champions déjà affirmés comme Berrettini et en partie Sonego, et espoirs capables de marquer la prochaine décennie", a-t-il confié à la Gazzetta dello Sport.
"Avec Sinner et Musetti, on est bien pour les dix prochaines années", a aussi assuré le "vétéran" Fognini (28e mondial), bientôt 34 ans. À Rome, le tableau principal en réunit pas moins de huit, même si la colonie a déjà perdu dimanche Salvatore Caruso, battu au premier tour par le Belge David Goffin.
Enfin un successeur à Panatta ?
De quoi espérer quelques "perfs", même si les Italiens sont loin d'être favoris dans un tournoi qui est la chasse gardée de Rafael Nadal (9 titres) et Novak Djokovic (5 titres). Le dernier Azzurro à y avoir gagné est Adriano Panatta, toujours en 1976, année où il avait aussi remporté Roland-Garros et décroché le meilleur classement mondial jamais obtenu par un Italien (4e).
Pour Bertolucci, le "facteur clé" de cet âge d'or azzurro tient au fait que le tennis italien soit sorti de son "provincialisme": "Des techniciens ont compris que le tennis est international et qu'il fallait aller se confronter à d'autres écoles dans le monde", estime-t-il.
"Je me plais à penser que ces bons résultats sont la pointe émergée de l'iceberg et que, sous la surface, il y a un grand travail de tout le secteur, avec des dizaines et des dizaines de tournois internationaux dans toutes les régions d'Italie", souligne le président de la Fédération italienne, Angelo Binaghi, en rappelant que Turin accueillera le Masters à partir de cette année.
Il voit aussi un impact du fort développement en Italie du padel, sport dérivé du tennis. À Rome, le retour attendu du public ne sera pas la moindre des motivations pour les Azzurri. Mais pour goûter aux applaudissements, il faudra atteindre les huitièmes, les fans n'étant admis qu'à partir de jeudi.
"Rome, c'est un plaisir, c'est le tournoi à la maison, c'est juste dommage que le public ne soit pas là pour les premiers tours", a souligné dimanche Sinner. Il aura sur sa route le Français Ugo Humbert lundi 10 mai au 1er tour, et s'il passe, Nadal au 2e.
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