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Masters Paris-Bercy : il y a vingt ans, Sébastien Grosjean s'offrait le titre à Paris

Le 4 novembre 2001, Sébastien Grosjean devenait le deuxième tricolore après Guy Forget à s'imposer à Bercy. Vingt ans plus tard, il nous raconte cette folle semaine.

Article rédigé par franceinfo: sport - Elio Bono
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Sébastien Grosjean vainqueur du tournoi de Bercy le 4 novembre 2001, aux dépens de Yevgueny Kafelnikov en finale. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

"J'adore cette salle. D'ailleurs chaque fois que j'y vais, je me fais tatouer pour marquer l'événement.", disait Johnny Hallyday en 1995 à propos de Bercy. On ignore si Sébastien Grosjean est lui aussi féru de tatouages. Reste qu'à l'instar du chanteur, le tennisman a écrit les plus belles pages de sa carrière dans la salle parisienne. Nous sommes à l'automne 2001, Johnny n'a pas encore sa sculpture devant Bercy et Grosjean, 23 ans, s'impose comme l'une des belles promesses du circuit français.

Au tournant du millénaire, le droitier est en pleine forme. Finaliste du tournoi de Miami en 1999, Sébastien Grosjean brille en 2001. Son odyssée de l'espace a lieu à l'Open d'Australie puis à Roland-Garros, où il rallie à chaque fois le dernier carré. 

"Je commençais à avoir un jeu plus solide et de la régularité dans mes résultats. J'ai tout de suite eu de très bonnes sensations en arrivant à Bercy."

Sébastien Grosjean

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Au crépuscule d'une saison réussie, le Marseillais se lance à l'assaut d'un tournoi qui ne lui réussit pas. En trois participations, il n'a remporté qu'une seule rencontre. Mais Grosjean, débarrassé d'une blessure à la cheville, a un statut de tête de série n°6 à assumer. Ses deux premiers matchs, aisément remportés contre Dominik Hrbaty (6-1, 6-4) puis Christophe Rochus (6-0, 3-6, 6-0), sont plutôt prometteurs. 

Une semaine de rêve

Pour son premier quart dans l'enceinte du XIIe arrondissement parisien, le droitier affronte un Hicham Arazi qui l'a battu en demi-finales à Monte-Carlo six mois plus tôt. "Pas du tout de sentiment de revanche", de l'aveu même de l'intéressé, mais une victoire autoritaire (6-2, 6-2) lui permet de poursuivre l'aventure. Dans le dernier carré, Tommy Haas est au programme. Une vieille connaissance : "Je le connais depuis très longtemps, on est de la même génération. On s’est vu dès 12 ans, dans les tournois de jeunes." 

L'Allemand, lauréat quelques jours plus tôt à Stuttgart, s'incline en deux sets (7-5, 6-4). "L'ascendant psychologique a joué un rôle important", se remémore Grosjean. Et pour cause : c'est sa quatrième victoire en autant de rencontres face à Haas sur le circuit professionnel. Conscient d'avoir fait "un match plein", le Marseillais rallie la finale. Sur l'escalier menant au succès, Ievgueni Kafelnikov représente une dernière marche des plus périlleuses.

Vainqueur à Roland-Garros en 1996 et à l'Open d'Australie en 1999, le Russe alors âgé de 27 ans est l'un des meilleurs de la planète tennis. Mais en dépit de son expérience et de quatre finales disputées, Kafelnikov n'a toujours pas remporté le moindre Masters 1000. Cet adversaire, Grosjean, aujourd'hui consultant pour France Télévisions, le connaît bien : "Je l'ai affronté en finale du tournoi de Marseille quelques mois plus tôt. J'avais quelques repères, je me suis bien servi de ce match-là."

Comme depuis le début de la semaine, Grosjean a la faveur d'un public sevré de victoire tricolore au "POPB" depuis Guy Forget en 1991. Galvanisé par ce soutien, le Français ne nourrit aucun complexe, joue "à l'instinct" et attaque fort dès les premiers échanges. "Il était difficile à manœuvrer, car très complet. Mais j'étais sûr de mes forces, et il le faut face à ces joueurs-là.", narre-t-il. Mieux, l'outsider remporte un premier set accroché (7-6) avant de dérouler (6-1) dans la deuxième manche.

"Une communion avec le public"

La finale se joue en trois sets gagnants, contre deux aujourd'hui, et Grosjean n'a jamais été aussi proche de remporter un Masters 1000. "Je savais que la route était longue, tempère le droitier. J'ai continué d'avancer et d'attaquer, je sentais une vraie communion avec le public." Même défait au tie-break dans le troisième set, il trouve les ressources pour se relever.

Jusqu'à remporter la quatrième manche 6-4, bien aidé par de nombreuses fautes directes de Kafelnikov. "Il y avait beaucoup de fatigue. Et puis il fallait qu'il force, car je lui ai montré que j'étais là !", explique Grosjean. Quand après 2h44 d'efforts et une troisième balle de match, le Russe expédie un smash dans le filet, le Français exulte. Le bouquet final d'un tournoi parfait : 

"Il y a des semaines où on est vraiment en confiance, on ne se pose pas de questions et on joue à l’instinct. Au niveau tennistique et des émotions, c’était la semaine parfaite."

Sébastien Grosjean

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Pas le temps de cogiter pour Sébastien Grosjean : ce triomphe à Bercy lui offre le droit de disputer le Masters à Sydney, une semaine plus tard. "Il fallait à tout prix que je gagne pour y participer", se remémore-t-il. Surfant sur sa semaine parisienne victorieuse, le Marseillais se hisse jusqu'en finale du Masters, battu par Lleyton Hewitt. La fin d'une superbe saison pour un Grosjean, "épuisé mentalement" à l'issue de son escapade australienne.

Vingt ans après, les souvenirs de cette folle semaine semblent intacts dans la mémoire du Français. Qu'à cela ne tienne, il assure ne pas ressasser le moment. "Honnêtement, je ne me rappelais même pas qu'il y avait eu 7-6 au 3e set en finale !, en rit-il désormais. J'y repenserai sans doute quand je serai à Bercy cette semaine." 

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