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Guerre en Ukraine : "Je suis prêt à mourir pour mon pays et à tuer si nécessaire", témoigne l'ex-tennisman ukrainien Alexandr Dolgopolov

Retraité des terrains depuis un an, l'ancien 12e mondial s'est engagé dans les forces de défense, comme il l'a expliqué à Fabien Lévêque dans l'émission Tout le Sport, jeudi.

Article rédigé par franceinfo: sport, Fabien Lévêque
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'ancien tennisman ukrainien Alexandr Dolgopolov a rejoint Kiev afin de défendre son pays face aux troupes russes. (PETER PARKS / AFP)

Après Sergiy Stakhovsky et Andreï Medvedev, un autre ancien joueur de tennis ukrainien est prêt à prendre les armes pour défendre son pays. Retraité des courts depuis moins d'un an, Alexandr Dolgopolov, 33 ans, a rejoint la capitale, Kiev, avec d'autres volontaires, traversant l'Europe depuis la Croatie avant de rentrer par la Pologne, afin de s'engager dans les forces de défense. Joint par Skype pour l'émission Tout le Sport (jeudi 17 mars à 20h45) le jour de son arrivée dans la ville assiégée, il raconte les raisons de son engagement et se dit prêt "à tuer si nécessaire" afin de protéger son pays. Extraits de son interview poignante.

Pourquoi avez-vous décidé de rentrer en Ukraine ?

Alexandr Dolgopolov : Parce que c’est la guerre, c’est mon pays, ce sont mes compatriotes. Ce qu’il se passe est terrible et tout le monde doit aider, tous ceux qui le peuvent. Je pense que je peux aussi contribuer à envoyer un message. On a beaucoup de personnes célèbres ici désormais, qui défendent notre territoire donc je suis revenu aussi pour aider.

Vous n'êtes pas le seul ex-tennisman ukrainien à vous être engagé...

A. Dolgopolov : Non en effet, il y a également Andreï (Medvedev, finaliste de Roland-Garros en 1999) et Sergiy (Stakhovsky) mais aussi d'autres sportifs comme les boxeurs Oleksandr Usyk et Vasyl Lomachenko. Tous font partie des défenses territoriales qui sont principalement composées de non-militaires, de personnes qui essaient d’aider en patrouillant dans les rues, pour être sûr que tout va bien pour celles et ceux qui se sont réfugiés. Cela afin de permettre à l’armée de se concentrer sur le combat.

Est-ce que vous êtes en mesure d'utiliser une arme ?

A. Dolgopolov : Oui, j'ai eu une petite formation de cinq à sept jours avec des militaires professionnels. Je ne serai jamais à leur niveau, ils s'entraînent pendant des années, vont au combat... Mais je sais comment l’utiliser, je peux tirer assez bien. Le premier jour j’avais du mal à viser le corps sur le pas de tir, à la fin de la formation je pouvais tirer à la tête à 25 mètres trois ou quatre fois. J’espère que je n’en aurai pas besoin mais s’il le faut, je saurai utiliser cette arme pour défendre mon pays. Ces six derniers mois, mon ami allait tirer et il me disait toujours, trois fois par semaine : “allez, viens tirer avec nous !” et je répondais toujours que ce n’était pas trop mon truc. Et aujourd'hui je suis vraiment triste, cela aurait été utile...

"Ces dernières heures, un théâtre de Marioupol a été bombardé plusieurs fois, il y avait plus de 1 000 civils à l'intérieur. L'immeuble est complètement détruit. Dès lors, pourquoi je devrais hésiter à tuer l'un d'entre eux ?"

Alexandr Dolgopolov, ancien joueur de tennis

à l'émission Tout le Sport

Est-ce que vous vous seriez imaginé dans cette situation il y a encore quelques mois en arrière ?

A. Dolgopolov : Non, je n’aurai jamais imaginé cela. Je suis une personne attachée à la paix, un joueur de tennis. J’étais allé tirer une fois dans ma vie, je n’avais pas touché la cible une seule fois… Mais là, je n'ai pas le choix. Ce que je vois ici, dans mon pays, ce n’est pas une guerre entre deux armées, mais une guerre contre des personnes civiles. Je connais plusieurs personnes qui ont été tuées, dont les familles ont été tuées, des familles de civils avec des enfants, qui ont fui leur maison à cause des affrontements et ont été tuées alors qu’elles ne représentaient aucun danger. Je devais utiliser mes connexions, mes amis, pour entrer dans ces forces de défense territoriales.

Ancien 13ème joueur mondial, Alexandr Dolgopolov a pris les armes pour aider son pays, l'Ukraine. Récemment, l'ancien joueur de tennis a rejoint Kiev pour se mettre au service de l'armée Ukrainienne, et il le dit lui même "je suis prêt à tuer pour mon pays".
Alexandr Dolgopolov : l'arme à la main Ancien 13ème joueur mondial, Alexandr Dolgopolov a pris les armes pour aider son pays, l'Ukraine. Récemment, l'ancien joueur de tennis a rejoint Kiev pour se mettre au service de l'armée Ukrainienne, et il le dit lui même "je suis prêt à tuer pour mon pays".

Vous voulez également jouer un rôle de relais médiatique dans cette guerre ?

A. Dolgopolov : Oui je veux mettre à profit mes réseaux sociaux, mon nom pour montrer la vérité de ce qu'il se passe ici. Ces derniers jours, des journalistes ont été tués, je ne suis pas sûr que vous voyez les mêmes choses que nous sur le terrain. Nous sommes au contact des gens.

Si vous vous retrouviez en face d'un soldat russe, que seriez-vous capable de faire ?

A. Dolgopolov : Tirer ! Quoi d'autre ? Evidemment s’il ne lève pas son arme, peut-être que je serai en position de le placer en garde-à-vue. Mais s’il est là pour tirer sur des gens, je n’aurai aucun doute. Sinon je ne serai pas là. S’ils sont ici pour tuer des civils et détruire mon pays, je ne vois pas pourquoi je ferai marche arrière.

"La première règle est de survivre, sinon on ne sert à rien."

Alexandr Dolgopolov, ancien joueur de tennis

à l'émission Tout le Sport

C'est une question insondable mais vous êtes prêt à mourir pour l'Ukraine, votre pays ?

A. Dolgopolov : Bien sûr, sinon qu’est-ce que je ferais ici ? Ce matin, quatre maisons ont été complètement détruites en raison des tirs de rocket. Maintenant je suis dans un appartement et les sirènes ne sont pas loin. À n’importe quelle seconde, la fenêtre peut voler en éclats. Je sais que cela peut se produire, donc oui, je suis conscient de cela. Je ne sais pas si c’est possible d'être prêt à mourir, en tout cas, cette éventualité existe. Il faut être intelligent, concentré. S’il faut parler à la presse, distribuer de la nourriture, évacuer des civils, rassembler de l’argent pour l’armée… Je peux faire plein de choses indépendamment du fait de tirer.

Comment cela se passe pour vous à Kiev ?

A. Dolgopolov : Je suis arrivé mercredi. Je suis en train de m'habituer doucement à cet environnement, aux bombes. La guerre est entre armées, mais les Russes ne s’en prennent pas à l’armée, ils attaquent des civils, ils répandent la terreur. Ils veulent que l’on arrête de se défendre et que l’on accepte les conditions de Poutine. Mais ce n’est pas acceptable.

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