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"Demain le sport" : les sportifs de haut niveau doivent s'interroger très tôt sur l'après-carrière, témoigne Alizée Cornet

Chaque jour, une idée pour le sport de demain. Dans le prolongement de "Demain le sport", événement organisé par Radio France, l'Equipe et France Télévisions à la Maison de la Radio et de la Musique en septembre, une championne ou un champion nous donne son idée pour le sport de demain, en partenariat avec les Etoiles du sport.
Article rédigé par Fabrice Rigobert
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Alizée Cornet à droite et sa filleule Mathilde Ngijol-Carre aux Etoiles du sport 2022 à Tignes. (KEMPINAIRE STEPHANE / KMSP)

Un premier quart de finale en grand chelem, une victoire contre la numéro un mondiale. Presque au crépuscule de sa carrière, Alizée Cornet a connu une année 2022 très riche sur le circuit féminin de tennis WTA. À 32 ans, elle aussi édité son premier roman, La Valse des Jours chez Flammarion. Présente en tant que marraine aux Etoiles du sport à Tignes début décembre, Alizée Cornet est engagée dans une démarche de transmission. 

franceinfo: La reconversion ne s'improvise pas lorsque l'on est sportif de haut niveau. Il faut l'anticiper ?

Alizée Cornet: Même si on est complètement investi à 100 % dans notre sport, on peut quand même commencer à se projeter un petit peu sur l'avenir. Il faut déjà se poser les questions de base qui sont : quelles sont mes passions à part mon sport ? Comment est-ce que je me vois dans dix ans, par exemple ? Qu'est ce qui me ferait me lever tous les matins ? Et puis il faut en parler un petit peu à son entourage, moi, c'est aussi ça qui m'a permis d'avancer. Il ne faut pas hésiter à aller voir un psy qui peut nous aider, nous accompagner dans cette démarche. Mais je pense que l'entourage a un rôle très important pour désacraliser un peu cet après-carrière, pour aider l'athlète finalement à se trouver. Parce qu'en fait, la reconversion, c'est un peu ça : c'est se perdre et se retrouver. 

Et il n'y a pas de tabou. On peut devenir romancière, comme vous ? 

Bien sûr. En fait, je pense qu'il ne faut pas se mettre de limites. C'est en fonction de ce qu'on aime faire, comment on a envie de se challenger au quotidien. Moi, c'est vrai que le métier de romancière et l'écriture, ça n'a finalement pas grand-chose à voir avec le tennis de haut niveau. Mais c'était une passion que j'ai eu toute petite et je l'ai toujours gardée en moi. Et je pense que je n'avais qu'une envie, c'était de l'exprimer d'une manière ou d'une autre. C'est un sujet vraiment compliqué et je pense que psychologiquement, pour l'athlète, il faut être prêt à faire face un peu à ce questionnement et ne pas être dans l'évitement, être vraiment dans l'affrontement de cette question.

Moi, j'ai été dans l'évitement pendant longtemps, j'ai fait un petit peu un déni et je pense que ça, c'est vraiment une erreur à ne pas faire parce qu'on peut être pris de court, une fois que cet après-carrière arrive. Je pense que c'est important de se poser la question pas trop tard pour se préparer un petit peu à ce qui nous attend, le vide abyssal que laisse finalement la fin d'une carrière. Et quand on est dénué de routine, qu'on n'a plus vraiment ce quotidien qui est huilé du matin au soir, il faut se trouver d'autres passions, d'autres centres d'intérêt. Donc, en fait, mon message, c'est qu'il est jamais trop tôt pour y penser, pour se projeter et se préparer mentalement à ce changement de vie qui arrive très tôt pour nous, vers la trentaine. Moi, je suis contente, c'est fait. Mais c'est vrai que pendant un moment, j'étais un peu effrayée par cette reconversion.

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