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France-Rep. Tchèque, les 7 leçons du vendredi

La première journée de Coupe Davis a apporté des réponses à certaines questions. La terre battue a facilité les desseins tricolores autant que le niveau de Richard Gasquet, porté par un public conquis. L’équipe de France, qui mène 2-0 contre la République tchèque, a un pied en finale. Et si c’était la bonne année pour conclure ?
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
 

La France a-t-elle eu raison de choisir la terre battue ? Oui
Deux fois oui. Les Français comme les Tchèques l’ont dit d’ailleurs. « Je ne pouvais pas rivaliser ici contre lui avec la transition ciment – terre. C’était un bon choix de la France de nous recevoir sur cette surface », a confié Tomas Berdych, incapable de ralentir Richard Gasquet. « Berdych, je savais que j’avais le jeu pour le gêner », a confirmé le Français. « Je peux le déranger en jouant lifté et en accélérant le rythme ».

Arnaud Clément a-t-il eu raison de sélectionner Richard Gasquet pour le premier jour ? Oui
Le Biterrois a été impérial et il s’était préparé idéalement. « Richard est rentré avec beaucoup de pression car pas mal de gens attendaient plutôt Gaël », a expliqué le DTN Arnaud Di Pasquale. « Il fallait assurer. C’est ce qu’il a parfaitement fait en étant totalement à la hauteur. Berdych n’était sûrement pas à son meilleur niveau mais peu importe, ce qu’à réussi Richard par rapport à son niveau à lui est très fort. Respect. Il a été courageux, généreux, démonstratif, ce qui est rare chez lui. Il a parfaitement lancé la rencontre. Il a mis Jo dans les meilleures conditions possibles ». Propos corroborés par Arnaud Clément : « Si Richard y allait, c’est que je savais qu’il pouvait battre Berdych, et lui en était persuadé aussi. Il  a été solide, costaud. Il est allé chercher les occases. Si Berdych a fait un match moyen, c’est en grande partie dû à Richard, qui lui avait déjà souvent posé des problèmes. Ca fait un moment que Richard est prêt pour ce genre de match. Quand il est en forme et qu’il joue à ce niveau-là, il peut battre n’importe qui », a confié le capitaine.

L’ambiance était-elle à la hauteur ? Oui
Enorme même. « Nos premiers pas pour les hymnes ce matin étaient chargés d’émotion », a lâché Jo-Wilfried Tsonga. Même son de cloche côté Di Pasquale. « Si tu arrives à être galvanisé par l’événement, le fait de représenter ton pays, c’est encore plus fabuleux d’autant qu’on sait que ce stade a, au départ, été conçu pour la Coupe Davis. Par rapport à tout ça, il se passe quelque chose de particulier, d’unique. On a tous envie de vivre des moments comme ça. Il y a forcément un truc supplémentaire, difficile à exprimer, mais ça se ressent sur le terrain, dans la volonté de bien faire, de donner peut-être un peu plus qu’ailleurs. Il y a une communion, tout converge à ce moment-là. C’est fort, explosif».

Richard Gasquet a-t-il disputé le plus beau match de sa carrière ? Non
Mais pas loin. Le Languedocien a déjà réalisé des performances plus marquantes comme battre Ferrer en quart de finale à l’US Open 2013. Mais cette victoire expéditive face à Tomas Berdych est marquante car elle s’est déroulée à Roland-Garros, là où Gasquet n’a jamais pu aller au-delà des huitièmes de finale, et en demi-finale de Coupe Davis ce qui n’est pas rien. « Je savais que j’avais l’expérience pour faire ce genre de gros match. C’est difficile de comparer avec d’autres victoires, mais c’est l’un des matches les plus importants de ma carrière, c’est clair. C’était fabuleux : le soleil, le stade, le public, un grand joueur en face, une demi-finale de Coupe Davis. C’est plus excitant qu’un match sur le circuit. C’est à Roland-Garros, quand même ! » a souligné le Biterrois. « Il a produit son meilleur tennis », a renchéri Tsonga, admiratif. « Je suis très fier », a conclu Arnaud Clément, en parlant de ses deux joueurs.

La France est-elle déjà en finale ? Non, mais presque
Bien sûr, il ne faut pas vendre la peau de l’ours… Mais tout de même. Mener 2-0 à domicile en demi-finale alors qu’on évolue sur une surface délicate pour l’adversaire et que les Tchèques n’évoluent pas à leur meilleur niveau, ça fait beaucoup de signes positifs. « Dans le pire des cas, ça fera 2-1 demain soir. » résume parfaitement le DTN. Si la paire française devait s’incliner samedi, il resterait quand même deux belles cartouches à tirer dimanche avec Tsonga et Monfils (ou Gasquet). « Ce sont des joueurs orgueilleux », prévient néanmoins capitaine Clément. « Ils vont arriver avec un instinct de survie qu’on a connu il n’y a pas si longtemps (NDLR, la France était mené 2-0 par l’Allemagne en quart). Cette rencontre est loin d’être terminée. Ils sont atteints ce soir mais demain ils seront là ».

La hiérarchie dans l’équipe vient-elle de changer après la victoire de Gasquet ? Non
Pas vraiment. Si Jo-Wilfried Tsonga est incontestablement le leader de l’équipe depuis quelques années, rien n’est figé derrière le Manceau, que ce soit pour les simples ou le double. Les choix d’Arnaud Clément se font en fonction de la surface, de l’adversaire (Gasquet menait 5-3 contre Berdych avant leur match alors que Monfils était mené au score), et de la forme du moment. « La hiérarchie est fluctuante et c’est très bien ainsi », admet Di Pasquale. « Il faut faire confiance à la forme du moment, mais pas forcément de la semaine passée. On est sur une surface différente et il faut également tenir compte du décalage horaire. Ce changement de surface est compliqué et Richard a eu davantage de temps pour se réadapter. On a vu que ce n’était pas le cas de nos adversaires qui ont du des difficultés dans les replacements, les ajustements. Il faut parfois sortir du classement pour avoir tous les retours des joueurs et en tenir compte. Il y a une grande confiance entre eux et c’est primordial ». 

Est-ce l’année pour aller au bout ? Oui
En tous cas ça y ressemble. Un tirage très favorable a permis aux Bleus de recevoir au premier tour (Australie à Mouilleron-le-Captif), en quart de finale (Allemagne à Nancy) et en demie (République tchèques à Roland-Garros) en attendant une éventuelle finale au stade Pierre-Mauroy de Lille contre la Suisse de Federer et Wawrinka. Ensuite, tous les joueurs ont placé le Saladier d’argent au centre de leurs préoccupations cette saison, ce qui n’a pas toujours été le cas auparavant. « Tous les joueurs en parlent tout le temps, depuis le début de la saison », résume Arnaud Clément. « Une équipe s’est formée, peut-être à partir de la défaite en Argentine, peut-être à Nancy cette année quand on s’est retrouvé mené deux points à rien », a noté Arnaud Di Pasquale. « C’est dans ces moments-là qu’un groupe se soude. Et puis il y a aussi la volonté d’aller chercher cette Coupe Davis individuellement. Ils ont la même ambition. C’est peut-être pour cette année ».

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