Avec toujours plus de pratiquants, le padel concurrence-t-il le tennis en France ?
C'est un sport de raquette qui explose depuis quelques années en France. Le padel, sorte de mélange entre le tennis et le squash, qui se joue en double sur un petit terrain entouré de vitres, voit son nombre de pratiquants monter en flèche. Depuis trois ans, il a même le droit d'investir le court Philippe-Chatrier, à Roland-Garros, avec le Greenweez Paris Major, un tournoi correspondant à un Grand Chelem, qui débute samedi 28 septembre, jusqu'au dimanche 6 octobre.
Jusqu'à faire peur à certains grands noms du tennis mondial, comme Novak Djokovic, qui y voit une menace pour le roi des sports de raquette. "Si nous ne faisons rien au niveau mondial, tous les clubs de tennis seront transformés en clubs de padel ou de pickleball. (...) Parce que c'est plus économique", s'était inquiété le numéro 4 mondial en conférence de presse à Wimbledon, le 7 juillet.
"Sur un court de tennis, vous pouvez construire trois courts de padel. Faites le calcul, c'est beaucoup plus rentable pour le propriétaire du club d'avoir ces terrains."
Novak Djokovicen conférence de presse
En France, le nombre de licenciés à la Fédération française de tennis (FFT) a dépassé le million en 2023, tous types de licence confondus, et a enregistré cette année une nouvelle hausse de 5,26%. En tout, 1 006 000 licences multi-raquettes (qui permettent de pratiquer plusieurs sports) ont été distribuées et 70 000 licences padel, presque trois fois plus qu'en 2023. Au-delà des licences, c'est le nombre de pratiquants qui a été multiplié par 2,5, passant de 200 000 à 500 000. Cette explosion a accompagné celle du nombre de terrains : il y en a désormais 2 248 en France, pour 737 clubs selon les chiffres fournis par la FFT.
Le tennis français ne s'inquiète pas
Si, en Espagne ou en Argentine, le padel est devenu le sport de raquette le plus pratiqué, rien, dans les chiffres fournis par la Fédération française de tennis, ne laisse penser que son explosion se fait au détriment de la pratique du tennis. "Nous avons retrouvé un nombre de licenciés que nous n'avions pas eu depuis trente ans. Le tennis se porte très bien. Le padel ne se développe pas au détriment du tennis et notre volonté n'est surtout pas de remplacer le tennis", insiste Stéphanie Cohen-Aloro, directrice du padel à la FFT.
"J'ai toujours pensé que ceux qui arrêtaient le tennis pour jouer au padel auraient arrêté de toute manière, donc autant qu'ils arrêtent pour continuer un autre sport de raquette", complète notre consultant Arnaud Clément, champion de France de padel 2024 dans la catégorie plus de 45 ans en binôme avec Arnaud Di Pasquale, lui aussi ancien tennisman professionnel.
"Tous ces sports de raquettes, on le vit vraiment comme une offre complémentaire à la pratique du tennis."
Stéphanie Cohen-Aloroà franceinfo: sport
Arnaud Clément, ancien numéro 9 mondial en tennis, appelle à ne pas opposer les deux sports et estime qu'ils sont complémentaires, tant sur le terrain qu'en-dehors. "Le padel est plus ludique, peut-être plus facile, il y a un côté convivial qui joue parce qu'on est quatre et c'est plus facile d'aller boire des coups après", détaille-t-il. Au niveau français en tout cas, il n'y voit que du positif : "Pour moi c'est très vertueux, parce que même si à un moment donné le tennis y perd un peu, ça reste dans la même fédération."
Le padel est entré dans le giron de la Fédération française de tennis en 2014. Si, au niveau international, une fédération de padel existe, sur le plan national, la FFT a tout intérêt à garder le padel en son sein, et inversement. "Oui, c'est clairement un enjeu pour nous, avance Stéphanie Cohen-Aloro. On peut mettre énormément de choses en place, comme le Greenweez Paris Major. Si on était une fédération indépendante, je ne suis pas sûre qu'on pourrait le faire". En 2023, 37 000 billets ont été vendus. Lundi 23 septembre, 45 000 tickets avaient déjà trouvé preneur pour l'édition 2024, preuve de l'engouement pour le sport, y compris en tribunes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.