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Soderling brise le rêve de Llodra

Robin Soderling s'est qualifié pour la finale du Masters 1000 de Paris en dominant en trois manches Michael Llodra, 6-7(0), 7-5, 7-6(6). Le Parisien, qui a manqué trois balles de match dont une de quelques millimètres, ne succède pas à Tsonga et Monfils, finalistes ces deux dernières saisons (le Manceau avait gagné en 2008). Le Suédois (N.4) affrontera en finale le vainqueur de l'autre rencontre du jour: Roger Federer (N.1) ou Gaël Monfils (N.12).
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7 min
 

Seulement 34e au classement ATP (après avoir atteint la 28e place en septembre, son meilleur rang), le Français va toutefois grimper dans la hiérarchie dès lundi. Il devrait s’approcher du Top 25. Une maigre consolation pour le Francilien qui espérait bien s’offrir sa première grande finale ce week end. Pour Robin Soderling en revanche, ce succès vient couronner une deuxième année faste achevée dans le Top 5 mondial, juste derrière les meilleures. Une victoire dimanche semble même tout à fait envisageable pour l’unique joueur à avoir battu Rafael Nadal à Roland-Garros.

Llodra prend les devants

Un duel digne d'un grand western ! Voilà à quoi ont assisté les spectateurs de Bercy ce samedi après-midi lors de la première demi-finale du jour entre "le Gaucher" latin et "l'Homme des hautes plaines" du grand Nord. Le premier jeu du match semblait résumer à merveille l’équation que devait résoudre Michael Llodra pour l’emporter. D’après nombre de spécialistes, si Robin Soderling passait sa première balle, ses chances de gagner le point s’avéraient minimes. En revanche, dès que le Scandinave délivrait une seconde balle un peu faible, Llodra devait rentrer dans le court pour déborder en vitesse son rival. Malheureusement pour lui, les occasions étaient plutôt rares. Sur un ace à 40-30, le Suédois enlevait ainsi le premier jeu. Au jeu suivant, sur son propre engagement, le Parisien se jetait à l’assaut du filet. Il égalisait sans forcer. Tout comme son rival pour mener (2-1) et faire la course en tête. A 1-2, 30-A, Llodra réussissait un ace puis enchaînait par un nouveau service gagnant.

On le pressentait : celui qui perdrait sa mise en jeu serait quasiment contraint de lâcher un set. Qui du « Henri Leconte des années 2000 » ou du grand escogriffe nordique allait craquer en premier ? Malgré une égalité à 40-A, Soderling confirmait (3-2). Il réussissait trois jeux blancs dans ce premier acte mais Llodra arrachait un jeu décisif qu’il commençait de la meilleure des façons en profitant d’une faute de Soderling. Il menait ensuite 2-0 puis 3-0 sur une nouvelle faute en coup droit de son adversaire. Assaillant Soderling d’un magnifique retour volée, le Français se détachait (4-0). Puis Soderling sortait un nouveau coup droit avant que « Micka » ne se procure six balles de set suite à un bel enchaînement service-volée.

Ce jeu décisif allait même s’avérer parfait de bout en bout puisque Llodra l’achevait sur un ace. En 43 minutes, le Français avait mis la main sur cette demi-finale en se montrant une nouvelle fois très solide mentalement, comme face à Djokovic et Davydenko. Il avait servi plus d’aces que son rival (8 contre 3), passer 74% de premières balles (contre 41%) et réalisé davantage de coups gagnants (21 à 12). S’évertuant à jouer en deux coups de raquette pour ne pas laisser le Scandinave prendre la direction de l’échange, Llodra avait fait le nécessaire (14/21 au filet), sans fioriture (7-6(7-0)). Le public, qui soutenait à fond son champion, n’en croyait pas ses yeux. 

Soderling s’en sort bien

Mais Soderling n’est pas numéro 5 mondial pour rien. La première balle de break arriva dès l’entame du deuxième set sur le service de Llodra. Mais le Tricolore décocha encore un service extérieur parfait pour sauver les meubles. Soderling s’énervait et Llodra s’en sortait au prix d’une superbe volée de revers et d’un nouvel ace (1-0). Et c’est lui qui se procurait à son tour une occasion de breaker au jeu suivant. Occasion manquée après un beau coup droit de Soderling qui prenait la ligne. Idem deux points plus tard : le Suédois sauvait sa peau en trois temps : service décroisé parfait puis deux coups droits canons. Il recollait à 1-1, au grand dame des supporters du POPB. Mais Llodra faisait toujours la course en tête (2-1 avec un jeu blanc). Les deux hommes conservaient ensuite sans trop de souci leur mise en jeu (3-2 puis 4-3 et 5-4).

Soderling ne désarmait toujours pas. Mené 15-30, il revenait à 5-5 en servant le plomb. Au jeu suivant, Llodra se retrouvait mené (0-30) sur un passing de Soderling. Le Suédois se procurait une balle de break sur un passing de revers et s’emparait du service adverse après un point rondement mené (retour dans les pieds de Llodra puis passing de coup droit imparable). Il venait de prendre l’avantage au meilleur moment. Le double finaliste de Roland-Garros manquait trois balles de set mais il égalisait quand même à une manche partout (7-5) sur un revers trop long de Llodra après 1h38 de jeu. Soderling avait repris le fil de son tennis en fin de set. Ses stats s’amélioraient : 14 points gagnants (contre 16 au Français), 11 fautes (à12) et 9/11 à la volée. En face, Michael Llodra n’avait passé que 51% de premières balles. Il avait surtout raté le coche.

Llodra craque puis revient

Dès l’entame du troisième acte, Soderling accentuait la pression. Il retournait mieux et parvenait davantage à décrypter l’engagement du Français qui se retrouvait en danger dès qu’il manquait son premier service. Il se retrouvait contraint de sauver une balle de break d’entrée mais commettait une vilaine double faute qui offrait un boulevard à « l’armoire suédoise ». A 1-2, Michael Llodra faisait venir le soigneur pour une ampoule sous le pied. Il reprenait les hostilités dos au mur avec un gros souci devant lui : comment ravir le service de Soderling?

Malgré le soutien inconditionnel du public, Llodra n’arrivait pas à recoller au score. De plus en plus à l’aise au service, l’enfant de Tibro déroulait, l’esprit libre. Il était passé tellement près de la défaite qu’il n’allait pas lâcher sa proie comme ça. Soderling avait même une balle de 5-2 que Llodra annihilait d'un énième gros service. Fidèle à son attitude de combattant, Micka se démenait pour trouver la faille. Puisant dans ses ultimes ressources, le Français ne loupait pas l’occasion d’égaliser à 4 partout. Un retour bloqué suivi d’une montée au filet et de deux volées croisées parfaites le remettaient dans le match. Sa joie communicative à ce moment du match –à genoux, les points serrés en poussant un cri énorme- suscitait les clameurs d’un POPB entièrement acquis à sa cause.

Une balle de match manquée d'un rien

C’était de la folie pure dans les gradins. D’autant que le Français confirmait derrière pour mener 5-4 et renvoyer toute la pression sur son adversaire. Mais Soderling ne craquait pas (5-5). A 6-5, Llodra était tout près de l'extase. Il se procurait une première balle de match sur un coup droit dans la filet du Suédois. Mais un bel enchaînement service-volée permettait au numéro 5 mondial de revenir. Super nerveux, il ne passait plus qu'une fois sur trois sa première balle.Sur sa deuxième balle de match, Llodra manquait d'un rien (dans la bande du filet) un passing que tout le monde croyait dedans. Sur la troisième, Soderling réussit une belle extension pour une volée de revers imparable. C'était le tournant du match. Quatre points plus tard et après un jeu de plus de 10 minutes, le géant du Nord arrachait un jeu décisif. Le Français venait-il de laisser passer sa chance ?

Il entamait en tous cas très mal le tie break avec un retour gagnant de Soderling. Avant de recoller sur un retour gagnant (1-1). Une volée manquée et Soderling réussissait un nouveau mini break (3-2). A 5-4, Soderling sortait un coup droit (5-5). Puis il réussissait un passing pour s'offrir une balle de match à 6-5. Sauvée par Llodra au filet (6-6). Bercy vibrait à l'unisson de son champion qui ne lâchait rien. Mais un bon retour suivi d'un passing de coup droit du Suédois donnait une nouvelle chance à Soderling qui ne la manquait pas en tuant le suspense sur un ultime coup droit gagnant (7-6(8-6)) après 2h49 d'un combat féroce. Le couperet était passé tout près mais Soderling avait réussi à passer par un trou de souris. Au final, la différence s'est faite sur trois fois rien. Malgré 52 montées au filet victorieuses (sur 77) et 59 coups gagnants (contre 50), Llodra n'avait pas su conclure une partie où il avait pourtant semblé devant. Avec une seule balle de break convertie (sur 6) contre 2/4 pour l'homme venu du froid, Llodra n'avait tout simplement pas assez bien négocié les points clefs de la rencontre. Rageant !

Llodra déçu, Soderling heureux

"Mon Dieu, que c'est frustrant le tennis, a réagi le Parisien de 30 ans, mais bon, je n'ai rien à me reprocher, j'ai essayé, j'ai tout donné, je ne suis pas loin et même si je suis déçu, il reste un bel objectif avec la finale de Coupe Davis" du 3 au 5 décembre à Belgrade face à la Serbie. "J'espère que celle-ci sera la bonne", a souligné Soderling qui s'est dit
"heureux et surtout chanceux d'être passé".

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