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Pourquoi Roger Federer a raison de faire l'impasse sur la terre battue hormis Roland-Garros

Vainqueur de son troisième tournoi majeur de la saison à Miami (après Indian Wells et l'Open d'Australie), Roger Federer a annoncé qu'il ne disputerait aucun tournoi sur terre-battue, avant Roland-Garros. A 35 ans, remonté au 4e rang mondial, il s'assoit ainsi sur un paquet de points qui aurait pu le rapprocher de la place de N.1 mondial. Mais le calcul est certainement le bon pour le Suisse.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Roger Federer en pleine extension à Roland-Garros, en 2015 (STEPHANE ALLAMAN / ST?PHANE ALLAMAN)

Peu de points à défendre, beaucoup à gagner

En raison de ses différentes blessures en 2016, Roger Federer avait été contraint de déclarer forfait pour le tournoi de Roland-Garros. Une première dans sa carrière. Et auparavant, il s'était aligné aux Masters 1000 de Monte Carlo, éliminé en quarts de finale par Jo-Wilfried Tsonga, et de Rome, battu par DominicThiem en 8e de finale. Du coup, sa saison sur terre battue s'était résumée à un gain de 270 points. Or, depuis le début de la saison 2017, en quatre tournois (dont 3 victoires), l'Helvète a inscrit 4045 points (le cumul des points de Nadal, Murray et Djokovic atteint 3550 points). Sur la première marche du podium à la Race, sachant qu'un quart de finale en Grand Chelem rapporte 360 points, et une demie 720, il a une mine d'or entre les mains.

Son jeu retrouvé magnifié sur dur, pas sur terre

Si le niveau de jeu de Roger Federer est admiré depuis le début de la saison, il le doit à plusieurs facteurs. D'abord à lui-même. Après sa période avec Stefan Edberg, il s'est associé avec Ivan Ljubicic, pour deux profils similaires: l'offensive à tout crin. Revenu à ses premières amours du jeu offensif, le Suisse marche sur ses adversaires. Prises de balles très précoces, agressivité en retour (notamment en revers), montées au filet ou amorties, tout y passe, grâce à sa technique exceptionnelle. Résultat: 19 victoires pour 1 défaite. C'est son 4e meilleur début de saison en carrière.

Mais ce n'est pas tout. Lors de l'Open d'Australie, il a aussi bénéficié d'une surface plus rapide, qui a vu tous les joueurs modifier leurs plans de jeu pour aller vers le filet. Et Indian Wells et Miami sont également des terrains taillés pour ce jeu. Ce n'est pas le cas de la terre battue. Comme toujours, les gros lifteurs feront la loi avec leurs balles bombées. Cela compliquera sa tache, le forcera à reculer. Pour faire briller son jeu, il devra compter sur des terrains secs. Cela n'est jamais certain.

La terre battue, l'enfer physique

"Mon corps a besoin de faire un break, ma tête aussi, ma famille a besoin de moi et moi d'eux". Les mots de Roger Federer ont été clairs après sa victoire à Miami, lorsqu'il a expliqué son projet d'impasse sur la saison sur terre battue. "Je n'ai plus 24 ans, il faut que je choisisse les périodes où je peux atteindre mon pic de forme". Sur terre, les rallyes de fond de court sont plus nombreux, les échanges plus longs, les articulations sont soumises à rude épreuve notamment sur les glissades. Bref, c'est la surface la plus exigeante.

Et après six mois éloignés des terrains la saison passée, l'Helvète ne veut prendre aucun risque pour son physique. A 35 ans, il se connaît et sait se gérer. Ne pas jouer de tournoi avant le "French" ne signifie pas qu'il ne jouera pas sur terre. Mais ce sera dans son coin, sans enjeu, mais pas sans conviction ni motivation. Sur les 17 Roland-Garros disputés, il a atteint au moins les quarts de finale à 11 reprises. Ne jouer que RG ne va pas hypothéquer le reste de sa saison. "Wimbledon est le prochain grand rendez-vous, c'est là que ma saison va vraiment commencer". La phrase est claire, les objectifs tracés.

Une tête de série sereine

Redevenu 4e mondial au matin de sa victoire à Miami, Roger Federer peut envisager l'avenir proche sereinement. Car le retour en forme de Rafael Nadal, et le déclin plus ou moins relatif d'Andy Murray et de Novak Djokovic, sans oublier un Stan Wawrinka titré à Paris en 2015 ou à Monte Carlo en 2014, les potentiels vainqueurs des tournois sur terre sont nombreux. Il y a donc fort à parier que les titres, et les points ATP, se répartissent entre eux. Et donc que l'ancien N.1 mondial suisse ne pâtisse pas de cette période de retrait pour reculer trop dans la hiérarchie mondiale. Et l'Open d'Australie a prouvé qu'une tête de série élevée n'empêchait rien. A Melbourne, Federer était N.17 sur la ligne de départ. 

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