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Federer, l’insatiable appétit d’un champion hors norme

En remportant dimanche le Masters 1000 de Shanghai, Roger Federer a confirmé son retour au premier plan après sa délicate saison 2013. A 33 ans, le Suisse semble avoir retrouvé une seconde jeunesse comme en atteste son récital de samedi contre Novak Djokovic. Offensif à souhait, il fonctionne plus que jamais au plaisir, bien décidé à repousser l’âge du déclin.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Roger Federer et son magnifique coup droit (YU JIANZHONG / IMAGINECHINA)

Roger Federer n’a pas fini d’enchanter les foules. Victorieux pour la première fois à Shanghai à l’issue d’une semaine exceptionnelle, qui l’a vu sauver cinq balles de match lors de son premier tour contre Leonardo Mayer avant de conclure au forceps le tournoi face à Gilles Simon, non sans avoir écarté sans ménagement Djokovic samedi, le Bâlois a prouvé à ses (très rares) détracteurs qu’il faudra encore compter sur lui dans un futur proche.

Sampras en ligne de mire

Le Belgradois  a ainsi reconnu que son adversaire avait réussi "un match parfait". "Je pense que je n'ai pas mal joué, mais il a juste réussi tout ce qu'il voulait. Il a sans nul doute joué l'un de ses meilleurs matches contre moi".

Revenu à la deuxième place du classement ATP, devant Rafael Nadal mais derrière Novak Djokovic, le septuple vainqueur de Wimbledon postule à nouveau pour la première place mondiale même si le Nole reste le mieux placé. Pour reconquérir le trône, le Maestro devra sans doute s’imposer à Bâle, à Bercy et au Masters de Londres en espérant que son rival belgradois perde des plumes au passage. En cas de réussite, Federer rejoindrait Pete Sampras, seul homme à avoir terminé numéro 1 mondial à six reprises en fin d’année (consécutivement, de 1993 à 1998).

Il met la pression sur ses rivaux

Mais s’il ne cracherait pas sur un nouveau record prestigieux*, là n’est pas l’essentiel pour le génie helvète. Roger Federer a renoué avec l’amour du jeu, son moteur des grandes années. Ses ennuis de santé oubliés, il s’est rebâti un physique digne des meilleurs qui lui permet de développer son tennis d’attaque et de précision sans calcul. Boosté par l’arrivée de Stefan Edberg l’hiver dernier, Rodgeur ne cogite plus.

Il rentre dans le court et prend d’assaut le filet dès qu’une ouverture se présente, comme à ses plus belles heures (la période 2004-2007). Même s’il essuie parfois quelques passings savoureux quand il monte en chaussettes –contre Djokovic et Simon, c’est arrivé en début de rencontre-, le Suisse ne doute pas. Il poursuit sa stratégie de mise sous pression de l’adversaire, ce que confirme sa victime dominicale : "Il met beaucoup de pression. Quand vous jouez contre lui, on dirait qu’il a le sentiment que, d’une façon ou d’une autre, il s’en tirera à chaque fois".

Regagner un Majeur, le vrai challenge

Lauréat de son 81e tournoi en Chine, ce qui le rapproche d’Ivan Lendl (94), deuxième au palmarès derrière l’intouchable Jimmy Connors (109), Federer a scoré quatre fois cette saison dont deux en Masters 1000 (Cincinnati en août). Il compte 61 victoires en 2014 contre 45 en 2013, année perturbée par sa blessure au dos. Il demeure surtout l’un des trois favoris de chaque épreuve à laquelle il participe, avec Djokovic et Nadal.

Seule sa capacité à regagner un Majeur pose question. Cela n’est pas arrivé depuis 2012 et Federer a raté de peu l’unique occasion qui s’est présentée, à Wimbledon cette année (plus exactement Djokovic s’est montré éblouissant pour venir à bout du magicien). En aura-t-il d’autres ? Rien ne permet de penser le contraire. Mais retrouvera-t-il une opportunité aussi énorme qu’à Flushing Meadows début septembre, lorsqu’il s’inclina nettement contre Marin Cilic en demi-finale alors que Kei Nishikori l’attendait pour une finale a priori abordable ?

Les paris sont ouverts. A Roland-Garros, les chances de Federer sont minimes, mais elles augmentent fortement à Melbourne, Londres et New York. Surtout si le Bâlois à la main d’or maintient durant quinze jours son niveau de Shanghai. D’autant qu’il pourrait bénéficier dès le prochain Open d’Australie d’un avantage certain par rapport à ses deux dernières années en Grand Chelem : étant dorénavant numéro 2 mondial, Roger Federer ne sera peut-être pas obligé de battre successivement Rafael Nadal et Novak Djokovic pour triompher une 18e fois au plus haut niveau. Ca peut clairement aider.

*Roger Federer a remporté tous les titres importants dans sa carrière sauf le sacre olympique en simple, la Coupe Davis, et les Masters 1000 de Monte Carlo et Rome

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