"Ce n'était que mon 8e match sur gazon". L'exercice d'un match sur gazon était presque aussi nouveau que celui de la conférence de presse. Mirza Basic a été l'attraction du jour à Halle. Sa victoire contre la tête de série n°7, Jerzy Janowicz l'a mis dans la lumière. Une entrée remarquée sur le devant de la scène qu'il doit à un concours de circonstances. Repéché en tant que meilleur "éliminé" au 3e tour des qualifications après le forfait de l'Allemand Philipp Petzschner, il a saisit sa chance face au finaliste du dernier Masters 1000 de Paris-Bercy. Le gamin de Sarajevo a tapé ses premières balles à l'âge de 5 ans, dans le sillage d'un frère aîné qui pallie désormais l'absence d'entraîneur lorsque Mirza est au pays. "C'était après la guerre, tout était détruit. Je jouais alors pour le plaisir car il n'y avait pas de bonnes installations", racontait celui qui prendra les choses plus au sérieux à l'âge de 13 ans. Devenu N.5 mondial chez les juniors, il a disputé les demi-finales en double à Wimbledon en 2008. Mais la transition chez les grands était difficile car "la différence est énorme, mentalement, physiquement ainsi que financièrement si on n'a pas de sponsors". L'idole FedererS'entraînant "au pays et dans une académie à Bruxelles", Basic a donc arpenté les courts des tournois secondaires Challengers et Futures, s'imposant cette année à Ajaccio, sa "plus belle victoire jusqu'à aujourd'hui". Sur le circuit principal, Basic n'avait jamais franchi les qualifications, échouant cette année tant à l'Open d'Australie qu'à Roland-Garros. Jusqu'à cette blessure de Petzschner. "C'était vers midi lorsqu'on est venu me prévenir, racontait-il, avouant être "d'abord effrayé, nerveux de jouer sur le Central et face à un gros serveur sur gazon". Il a pourtant relevé le défi, surmontant les passages de doute, jusqu'à la dernière balle du tie-break (7/5) sortie par le Polonais, pour une victoire qui lui permet de doubler en un match son capital gain de l'année. "Je vais essayer d'investir dans ma carrière car je n'ai pas encore de coach", glissait le Bosniaque qui affrontera au prochain tour l'invité allemand Mischa Zverev, classé au 156e rang mondial. Et en cas de victoire, il pourrait se retrouver face à son idole, le maître Federer.