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Avant Roland-Garros, les joueurs qualifiés ont la cote

Les qualifications de Roland-Garros débutent lundi pour les tableaux hommes et femmes, au cœur d'une saison où les qualifiés se sont souvent mis en avant.

Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un match des qualifications de Roland-Garros entre le Français Manuel Guinard et le Belge Kimmer Coppejans, le 22 mai 2019. (IBRAHIM EZZAT / NURPHOTO)

Ils sont les habituels joueurs de l'ombre. Ceux qui s'escriment quelques jours avant les autres pour avoir leur place parmi les grands, comme à partir de ce lundi 24 mai à Roland-Garros. Les joueurs issus des qualifications sont soumis, plus encore que le reste du circuit, à un parcours du combattant avant même de livrer leur première véritable bataille.

Car si on oublie assez facilement ceux qui voient leur parcours s'arrêter dès le premier tour, que dire de ceux qui ne figurent même pas dans le tableau malgré tous leurs efforts ? Alors, quand ces forçats parviennent se qualifier puis à défier les pronostics dans le tableau principal, leurs exploits n'en sont que plus grands. En 2021, ils sont surtout de moins en moins rares.

Cette saison post-Covid était destinée à être particulière après une saison 2020 perturbée et les craintes toujours présentes de contamination au coronavirus. Tous les paramètres étaient réunis pour voir naître quelques belles histoires de ce joyeux chaos comme celle d'Aslan Karatsev lors de l'Open d'Australie. Le Russe, habitué des tournois Challenger, avait réussi l'exploit XXL d'atteindre les demi-finales du Grand Chelem de Melbourne, en sortant trois têtes de série au passage. Le plus si inconnu de 27 ans avait pourtant dû en passer par des qualifications délocalisées à Doha en tout début de saison pour obtenir sa place.

Le Russe Aslan Karatsev avant la demi-finale de l'Open d'Australie contre Novak Djokovic, le 18 février à Melbourne (DAVID GRAY / AFP)

Karastev a ouvert la voie

Quand le calendrier des tournois ATP s'est sérieusement déplumé, les tournois Challenger et Futures ont plutôt tenu le choc, quitte à multiplier les rendez-vous consécutifs dans un même pays pour éviter les quarantaines. Ceux qui remplissent fréquemment les tableaux de qualifications des principaux tournois ont alors pu engranger confiance, rythme de jeu et points au classement pour arriver lancés en 2021. Comme Aslan Karatsev, finaliste lors de trois tournois Challenger en août en République Tchèque (deux titres) avant de faire son trou à l'échelon supérieur.

Discret, le Russe expliquait cette explosion par un placide "avec mon entraîneur, nous avons travaillé très dur" en septembre dernier. Un travail de sape diablement efficace puisqu'il est devenu à l'Open d'Australie le cinquième joueur issu des qualifications à atteindre les demi-finales d'un Grand Chelem depuis le début de l’ère Open, le premier depuis le Biélorusse Vladimir Voltchkov (Wimbledon 2000). Son exemple a même fait des petits.

Du jamais vu depuis 20 ans

Depuis le début de l'année 2021, les parcours similaires à ceux de Karatsev pullulent. Ils sont 11 qualifiés à s'être hissé dans le dernier carré d'un tournoi ATP, du 250 au Grand Chelem.

En Grand Chelem
Aslan Karatsev en demi-finale de l'Open d'Australie

En ATP 500
Lorenzo Musetti en demi-finale à Acapulco
Lloyd Harris en demi-finale à Dubaï
Marton Fucsovics en finale à Rotterdam

En ATP 250
Juan Manuel Cerundolo vainqueur à Cordoba (ATP 250)
Francisco Cerundolo finaliste à Buenos Aires (ATP 250)
Facundo Bagnis en demi-finale à Cordoba (ATP 250)
Christian Harrison en demi-finale à Delray Beach (ATP 250)
Peter Gojowczyk en demi-finale à Montpellier (ATP 250)
Matthew Ebden en demi-finale à Marseille (ATP 250)
Ilya Ivashka en demi-finale à Munich (ATP 250)

Tous n'ont pas le même profil, ni même âge, la même surface de prédilection ou la même trajectoire de carrière. Ces performances ont des explications très variées (semaine de rêve, plateau affaibli...) et seront peut-être des sommets que certains n'atteindront plus jamais. Mais leur volume - un chiffre que l'on n'avait plus vu depuis la saison 2001 – peut laisser espérer un vent de fraîcheur dans le "ventre mou" du top 100, voire mieux.


Outre Karatsev, la jeune promesse italienne Lorenzo Musetti (19 ans), promise à un grand avenir depuis quelque temps déjà, s'est signalée en atteignant les demi-finales à Acapulco mi-mars. Le Toscan a récidivé juste avant Roland-Garros à Lyon (battu comme au Mexique par Stefanos Tsitsipas), mais cette fois sans passer par les qualifications, fort de son beau début de saison. À 19 ans lui aussi, Juan Manuel Cerundolo a signé une vraie prouesse en s'imposant chez lui, en Argentine à Cordoba le 28 février pour son tout premier tournoi ATP, une première depuis 2004. Il n'avait pourtant jamais remporté de tournoi Challenger avant de soulever ce premier trophée.

Cette jeunesse triomphante peut espérer marcher dans les traces de la "génération 2001" des qualifiés. Sur les onze joueurs à avoir accompli une prouesse du genre cette année-là, seuls trois avaient plus de 25 ans selon le compte Jeu, Set et Maths.

Parmi ces renversants qualifiés figuraient quelques noms qui allaient compter pour quelques années dans le tennis mondial : l'Argentin Guillermo Cañas (triple quart de finaliste à Roland-Garros), le Finlandais Jarko Nieminen, les futurs spécialistes du double Marc Lopez (vainqueur de Roland-Garros, champion olympique, et ex-numéro 3 mondial en doubles) et Max Mirnyi (octuple vainqueur en Grand Chelem en doubles homme et doubles mixte), ou encore les Tricolores Michaël Llodra et Nicolas Escudé.

La troupe des qualifiés peut espérer atteindre le total de 2018, durant laquelle 21 joueurs issus des qualifications avaient atteint au moins les demi-finales d'un tournoi ATP. Parmi eux, un certain Daniil Medvedev, aujourd'hui cador du circuit. Comme quoi, les belles histoires de qualifiés sont aussi parfois faites pour durer. Et si la prochaine débutait porte d'Auteuil cette semaine ?

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