Cet article date de plus de treize ans.

Stéphane Robert : "Je fonctionne à l’envie"

Personnalité étonnante et attachante, Stéphane Robert nous a livré ses sentiments juste après avoir atteint son objectif, disputer Roland-Garros. Victorieux de ses trois tours de qualifs, l’enfant de Montargis entend profiter à fond de ses dernières saisons sur le circuit. A 31 ans, il s’éclate de nouveau après quelques mois de galères et de doutes.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Stéphane Robert, c’est un sourire et une casquette. Ceux qu’il arborait après son duel victorieux face au Russe Kuznetsov au troisième tour du tournoi qualificatif. Un rictus mêlant joie et soulagement, et une casquette différente de la mode tennis avec un bambou dessiné dessus. Un fétiche qui a peut-être joué sur son moral au cours d’une rencontre intense et spectaculaire. « J’avais des craintes en début de premier set. Je ne suis pas forcément bien rentré dans le match. Par moments, je me suis dit : « Ca joue super bien ». Je ressassais : « Tu vas gagner, tu vas perdre » et je m’en suis sorti », confie le trentenaire aux faux airs de Pierre Richard. « La perte du deuxième set m’a fait très mal. J’avais tout misé dessus. Il prenait moins de risques et je n’ai pas réussi à revenir même si j’ai réussi à sauver une balle de set avant de perdre 10-8. Au troisième set, j’ai pris un peu plus de distance sur mes retours. Il fallait que je fasse attention à ne pas vouloir faire tout le temps le point en une seule frappe. J’ai varié mes positions en retour et il s’est mis à commettre des erreurs ».

Belle preuve de lucidité qui en dit long sur le sens tactique et l’intelligence du bonhomme. Même si tout ne fût pas rose. « A la fin, j’avais une crampe au mollet. Il fallait que je me calme parce que le deuxième set m’avait coûté pas mal d’énergie. C’est un gars dangereux, intelligent », insiste-t-il comme pour convaincre ses interlocuteurs. « C’était un match agréable à jouer », poursuit-il. « J’ai réussi à pratiquer mon tennis avec de la créativité, des amorties. Je suis comme ça. Depuis que j’ai repris le tennis à 19 ans, je cultive cet état d’esprit, je veux être créatif ». Le tout dit sans forfanterie mais avec conviction. « Il faut que je cultive ma personnalité. C’est comme ça que je suis bon. C’est une grande leçon. Il ne faut pas que je change mon jeu trop brusquement car je perds de la valeur. Je dois alterner, changer de rythme, varier mes coups. Je fonctionne à l’envie, je fais un peu n’importe quoi parfois mais ça me va », se marre-t-il avant de préciser : « N’importe quoi vu de l’extérieur, pour les autres. Pas pour moi ».

"Les larmes aux yeux"

Lucide, avide de progression malgré un âge assez avancé pour son sport, Stéphane Robert a tenu à expliquer le pourquoi du comment, la quadrature du cercle. « J’aime bien ce que dit Tsonga. Sans coach, il apprend des choses, il se responsabilise. C’est intéressant ». Et lui ? « Je joue un tennis qui me pompe pas mal d’énergie mentale mais je suis bien physiquement », avoue-t-il volontiers. Nature, il l’est. Et il ne changera pas. « L’émotion était vraiment là. J’avais les larmes aux yeux par moments. Du coup, quand je gagne, j’explose à la fin ». « J’ai démarré la saison sans savoir ce que j’allais faire : arrêter ou pas. Je me suis fixé comme objectif de terminer dans les 250 premiers du classement ATP. Je n’ai plus envie de disputer des Futures mais des Challengers uniquement. Et d’intégrer les qualifs de tous les tournoi du Grand Chelem ».

En attendant, Roland-Garros, c’est seulement sa troisième participation. « En 2006, je suis battu au dernier tour des qualifs. En 2009 au deuxième et cette année je me qualifie pour le grand tableau. Je veux rester sur cette dynamique. J’ai joué en Guadeloupe et je me suis habitué aux grosses chaleurs. Ce n’est pas un problème. Le but est maintenant d’aller le plus loin possible. Je ne souhaite pas forcément rencontrer un gros d’entrée mais si ça devait arriver, je saisirai ma chance à fond ».

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.