Stéphane Robert : "Je fonctionne à lenvie"
Stéphane Robert, cest un sourire et une casquette. Ceux quil arborait après son duel victorieux face au Russe Kuznetsov au troisième tour du tournoi qualificatif. Un rictus mêlant joie et soulagement, et une casquette différente de la mode tennis avec un bambou dessiné dessus. Un fétiche qui a peut-être joué sur son moral au cours dune rencontre intense et spectaculaire. « Javais des craintes en début de premier set. Je ne suis pas forcément bien rentré dans le match. Par moments, je me suis dit : « Ca joue super bien ». Je ressassais : « Tu vas gagner, tu vas perdre » et je men suis sorti », confie le trentenaire aux faux airs de Pierre Richard. « La perte du deuxième set ma fait très mal. Javais tout misé dessus. Il prenait moins de risques et je nai pas réussi à revenir même si jai réussi à sauver une balle de set avant de perdre 10-8. Au troisième set, jai pris un peu plus de distance sur mes retours. Il fallait que je fasse attention à ne pas vouloir faire tout le temps le point en une seule frappe. Jai varié mes positions en retour et il sest mis à commettre des erreurs ».
Belle preuve de lucidité qui en dit long sur le sens tactique et lintelligence du bonhomme. Même si tout ne fût pas rose. « A la fin, javais une crampe au mollet. Il fallait que je me calme parce que le deuxième set mavait coûté pas mal dénergie. Cest un gars dangereux, intelligent », insiste-t-il comme pour convaincre ses interlocuteurs. « Cétait un match agréable à jouer », poursuit-il. « Jai réussi à pratiquer mon tennis avec de la créativité, des amorties. Je suis comme ça. Depuis que jai repris le tennis à 19 ans, je cultive cet état desprit, je veux être créatif ». Le tout dit sans forfanterie mais avec conviction. « Il faut que je cultive ma personnalité. Cest comme ça que je suis bon. Cest une grande leçon. Il ne faut pas que je change mon jeu trop brusquement car je perds de la valeur. Je dois alterner, changer de rythme, varier mes coups. Je fonctionne à lenvie, je fais un peu nimporte quoi parfois mais ça me va », se marre-t-il avant de préciser : « Nimporte quoi vu de lextérieur, pour les autres. Pas pour moi ».
"Les larmes aux yeux"
Lucide, avide de progression malgré un âge assez avancé pour son sport, Stéphane Robert a tenu à expliquer le pourquoi du comment, la quadrature du cercle. « Jaime bien ce que dit Tsonga. Sans coach, il apprend des choses, il se responsabilise. Cest intéressant ». Et lui ? « Je joue un tennis qui me pompe pas mal dénergie mentale mais je suis bien physiquement », avoue-t-il volontiers. Nature, il lest. Et il ne changera pas. « Lémotion était vraiment là. Javais les larmes aux yeux par moments. Du coup, quand je gagne, jexplose à la fin ». « Jai démarré la saison sans savoir ce que jallais faire : arrêter ou pas. Je me suis fixé comme objectif de terminer dans les 250 premiers du classement ATP. Je nai plus envie de disputer des Futures mais des Challengers uniquement. Et dintégrer les qualifs de tous les tournoi du Grand Chelem ».
En attendant, Roland-Garros, cest seulement sa troisième participation. « En 2006, je suis battu au dernier tour des qualifs. En 2009 au deuxième et cette année je me qualifie pour le grand tableau. Je veux rester sur cette dynamique. Jai joué en Guadeloupe et je me suis habitué aux grosses chaleurs. Ce nest pas un problème. Le but est maintenant daller le plus loin possible. Je ne souhaite pas forcément rencontrer un gros dentrée mais si ça devait arriver, je saisirai ma chance à fond ».
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