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Vacances d'hiver au ski : "Les casques ne sont plus du tout adaptés pour protéger le cerveau", alerte un chercheur, spécialiste de la question

"Les normes actuelles ne répondent plus aux situations des accidents qu'on voit tous les jours", estime samedi sur franceinfo, Dominique Pioletti, chercheur suisse.

Article rédigé par franceinfo
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Des skieurs à Val Thorens, dans les Alpes, le 20 novembre 2021.  (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

"Les casques ne sont plus du tout adaptés pour protéger le cerveau", alerte Dominique Pioletti, professeur à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et directeur du Laboratoire de biomécanique orthopédique, les casques de ski, censés protéger des fractures du crâne, ne sont plus adaptés aux accidents actuels : "Les normes pour les casques actuels sont plutôt faites pour des vitesses allant jusqu'à 25 km/h mais la vitesse moyenne d'un skieur est plutôt de 45 km/h." La faute à des skis plus performants et à des pistes mieux préparées. Pour le professeur, il faut donc créer des casques plus protecteurs avec des nouveaux matériaux mais "ça prend quelques années".

franceinfo : Pourquoi faut-il toujours porter un casque de ski selon vous et ce même s'il n'est pas obligatoire sur les pistes ?

Dominique Pioletti : Le casque permet de protéger de certains types de chocs comme des chocs à basse vitesse. Il protège surtout des fractures du crâne. Les traumatismes typiques des skieurs touchent principalement les membres inférieurs et supérieurs mais évidemment les traumatismes les plus graves sont ceux de la tête. Cela concerne chaque année - selon le bureau de prévention des accidents en Suisse - 12 à 15% des accidents de ski. C'est relativement important. Ce sont des chiffres similaires aux chiffres en France de l'association de médecins de montagne.

Les casques sont-ils encore adaptés aujourd'hui à notre façon de skier ?

Les normes pour les casques actuels sont plutôt faites pour des vitesses allant jusqu'à 25 km/h sur des chocs linéaires mais la vitesse moyenne d'un skieur est plutôt de 45 km/h. Dans cette situation, les casques ne sont plus du tout adaptés pour protéger le cerveau alors qu'au début ils étaient là pour protéger des fractures du crâne. On va de plus en plus vite sur les pistes parce que les skis ont évolué, les pistes sont également bien préparées. Les chocs à plus haute vitesse deviennent plus importants et l'autre problème, c'est que les casques n'ont pas été développés pour protéger le cerveau. Quand on a des chocs qui induisent un mouvement de rotation très élevé de la tête, on va avoir un mouvement du cerveau dans la boîte crânienne qui est extrêmement délétère et induit des traumatismes très importants.

Comment mieux protéger le cerveau ? En créant un casque avec de nouveaux composants ?

C'est l'idée des travaux qu'on faits dans le laboratoire. L'idée c'est vraiment d'essayer de diminuer au maximum la vitesse de rotation de la tête en cas de choc avec des matériaux qui permettent de ne pas transmettre toute la vitesse de rotation à la tête. On est encore en train de développer ces matériaux en laboratoire. Ça prend quelques années. Les normes actuelles ne répondent plus aux situations des accidents qu'on voit tous les jours. C'est difficile de changer des normes une fois qu'elles sont établies. L'évolution du ski a été bien plus rapide que l'évolution des matériaux de protection. On est arrivés à une situation où les vitesses sont beaucoup trop élevées par rapport aux protections proposées et on ne peut que recommander la plus grande prudence aux skieurs.

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