JO 2018 : L'équipe de France de ski alpin peut remercier Alexis Pinturault et sa bande
De notre envoyé spécial à PyeongChang.
Qu'on se le dise tout de suite, cette équipe de France de ski alpin a réussi ses Jeux de PyeongChang ! Avec trois médailles au compteur, c'est la meilleure performance des skieurs tricolores depuis les JO de Salt Lake City en 2002. Seule différence significative : dans l'Utah, les Bleus s'étaient surpassés avec deux titres olympiques remportés par Carole Montillet (descente) et Jean-Pierre Vidal (slalom) alors que Laure Péquegnot et Sébastien Amiez, en slalom, s'étaient parés d'argent chacun. En Corée, un homme en particulier a mené cette belle équipe de France, tout le temps bien placée mais trop souvent réduite à des places d'honneurs qui laissent, malgré tout, un petit goût d'amertume et de travail mal récompensé...
Alexis Pinturault, c'est bien lui le patron
Il nous l'avait confié dès le début de saison : "Cette année, tout ce qui compte, ce sont les Jeux Olympiques de PyeongChang." Alexis Pinturault ne s'est pas loupé en Corée : avec une superbe médaille d'argent en combiné, le bronze sur le géant comme à Sotchi et enfin une cinquième place en slalom, sa meilleure performance cet hiver, il a rempli son contrat qui consistait à jouer la médaille partout. Pour Luc Alphand, "l'Animal" de Courchevel a pris ses responsabilités : "Alexis a tenu son rang. Il n'a aucune raison de rougir, au contraire. En plus, il aurait pu avoir plus de réussite, notamment sur le slalom. Il avait clairement bien préparé son coup et ses JO. Que ce soit physiquement ou psychologiquement." D'ailleurs, le principal intéressé en est bien conscient comme il a pu nous le confier : "C'est un très bon bilan. Mes deux médailles, je les obtiens dans les deux disciplines où j'avais mes meilleures chances. C'est le côté le plus positif puisque j'ai réussi à confirmer." Après un mois de janvier compliqué, marqué par plusieurs contre-performances, Pinturault est bel et bien revigoré. De bon augure pour celui qui est incontestablement le patron de cette équipe de France.
Les tirs groupés : rassurant ou rageant ?
Derrière lui, ses camarades n'ont pas démérité. Mieux, Victor Muffat-Jeandet a confirmé ses bonnes dispositions actuelles en allant chercher une superbe médaille de bronze sur le slalom géant. Sa joie, et son émotion nous avaient tous marqués. Lui, qui revient de si loin, confirme encore une fois que, dans le sport, rien n'est jamais perdu. Enfin, tous les hommes de ce clan tricolore, très uni, peuvent repartir la tête haute... Mais aussi avec quelques regrets. Avec trois quatrièmes places (slalom, super-G et Team Event, ndlr), "le bilan n'est pas si mauvais, au contraire même !" note Luc Alphand avant de poursuivre : "Derrière le leader Alexis, nous avons eu de jolis tirs groupés et de très bonnes surprises. Clément (Noël) par exemple. A 20 ans, être quatrième des JO, c'est énorme et ça annonce de belles choses. Il y a aussi eu Blaise (Giezendanner) en Super-G qui arrache cette superbe 4e place... Cette équipe existe vraiment et il y a de belles choses à espérer." Une analyse partagée par le patron de cette équipe de France masculine, David Chastan : "On aurait voulu un titre, mais je suis assez satisfait du bilan de nos Jeux. On a malheureusement des quatrièmes places, mais aussi de bons résultats d'ensemble. J'ai toujours pensé que la force collective pouvait faire monter les individualités."
"On paye un peu cette 'Tessa Worley dépendance' malheureusement !"
Des grosses individualités, du côté du ski féminin, il y en a. Une en tout cas puisque Tessa Worley arrivait en Corée avec le statut de favorite pour le slalom géant, épreuve dans laquelle elle a remporté la saison dernière le petit gobe de cristal en plus de son deuxième titre mondial glané à Saint-Moritz. Malheureusement, rien ne s'est passé comme prévu puisque malgré une seconde manche de haute volée, sa première, complètement ratée, lui aura privé du titre olympique, et même d'un podium. Une vraie déception pour notre consultante Carole Montillet : "Tessa est passée à côté de son géant. Elle n'a pas très bien skié, c'est sûr." Plus inquiétant encore, c'est le peu de forces en présence derrière la Haut-Savoyarde : "On paye un peu cette 'Tessa Worley' dépendance" se désole Luc Alphand alors que Tony Suchaud, patron du ski féminin, lucide quant au bilan, se projette sur l'avenir : "Il y a une dynamique qui se met en place chez les plus jeunes et des paris à tenter sur une génération du milieu. Il y a de la qualité et du travail encore à faire [...] Il y a autour du ski féminin beaucoup de doutes, d'interrogations. Certaines choses sont légitimes, des erreurs ont été faites et on les assume. [...] Il y a quand même beaucoup de chantiers qui sont lancés. Le plus important, ce n'est pas de détecter le talent, mais de développer le talent."
Quoiqu'il en soit, un bilan reste général. A aucun moment, il ne s'agit de remettre en question le travail effectué du côté de l'équipe de France féminine. Au contraire même. "On ne va pas combler un vide par un coup de baguette magique" insistait Tony Suchaud. D'ailleurs, ils savent où ils vont et peuvent aussi s'inspirer des magnifiques performances de leurs homologues masculins. Avec un Alexis Pinturault qui s'affirme encore plus, derrière, tous les voyants sont au vert pour jouer devant partout. Et c'est bien ça l'enseignement de ces Jeux Olympiques. L'équipe de France, à force de travail, a bien l'intention de peser toujours autant sur le ski alpin mondial.
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