Saint-Moritz : Tessa Worley, un deuxième titre mondial qui rime avec travail et résurrection
On ne l’écrira jamais assez, mais dans le sport tout va très vite. Il y a moins d’un an, sur cette piste de Saint-Moritz, Tessa Worley terminait 16e du géant de Coupe du monde. Une place si éloignée de son talent et de son statut. Aujourd’hui, jeudi 16 février, la même skieuse est de nouveau sur le toit du monde. Quatre ans après son premier titre à Schladming (2013). Une récompense, quasiment une résurrection. "L’année dernière ici, elle n’avait pas marqué un point, on en menait pas large, elle était au fond du trou", rappelle l’entraîneur du groupe technique des filles, Romain Velez.
Il a fallu se remettre en questions et bosser. "Elle a réagi en championne, elle a réussi à se mobiliser dès le printemps et aujourd’hui, tous les efforts qu’elle a fournis, tout ce qu’elle a remis en place... grâce à cela, elle est double championne du monde". Romain Velez évoque le "respect", la "fierté". Il y en a également dans le visage et dans les mots d’Adeline Baud-Mugnier, 14e au final : "Être double championne du monde, c’est incroyable, j’ai un grand respect pour cette dame. L’année dernière, à cet endroit, je l’avais vue pleurer. Elle s’est reconstruite. Elle a énormément travaillé cet été et elle le mérite amplement".
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Fin de la galère
Tessa Worley entre dans la légende du ski français. En deux jours, elle est devenue quadruple championne du monde : deux fois en individuel (2013 et 2017), deux fois par équipes (2011 et 2017). Si on ajoute sa médaille de bronze à Garmisch (2011), elle compte cinq médailles mondiales. Elle est la troisième tricolore de l'histoire derrière Marielle Goitschel (11 médailles) et Annie Famose (6), mais devant Fabienne Serrat (3). Ce deuxième titre referme une parenthèse compliquée.
Après l’or en Autriche, une blessure au genou était venue briser son élan. Elle avait dû renoncer aux JO de Sotchi. Avaient suivi trois saisons galère. 40e du classement général de la Coupe du monde en 2014, 49e en 2015, 27e en 2016. Mais le travail effectué cet été a payé. Cette saison en géant, elle vole. En six courses, c’est trois victoires et trois deuxièmes places. "Il y a des saisons moins brillantes, relativise-t-elle, cela ne se passait pas comme je le souhaitais. Mais elles sont importantes. Elles m’ont permis d’apprendre à mieux me connaître, elles m’ont rendu meilleure. Je ne regrette rien et je suis très contente que tout ce travail paye". Cette réussite cette saison et sa première place au classement du géant en faisaient la favorite logique de la course ce jeudi. Un statut qu’elle a assumé.
Une frayeur, une seule
En spectatrice privilégiée, Adeline Baud-Mugnier tressait des louanges à sa partenaire d’entraînement. "J’étais avec elle entre les deux manches, elle était calme", raconte la skieuse. Calme alors que la pression était sur ses épaules. Parce que Worley avait réussi le meilleur temps de la première manche. Un temps qui l’avait rassurée : "En partant avec le dossard un, je n’avais aucune idée de la qualité de mon ‘run’, mais ça faisait du bien de commencer la journée comme ça", explique la skieuse du Grand Bornand. Avec 34 centièmes d’avance sur Sofia Goggia et 74 centièmes sur Mikaela Shiffrin, elle avait un petit matelas.
Mais cette deuxième manche à filer des sueurs froides au clan français. "A partir des sept dernières concurrentes, j’étais super tendu, détaille Joël Chenal, l’entraîneur des Françaises, mais on voyait que le terrain ne se détériorait pas trop, donc qu’il y avait moyen de sortir une grosse deuxième (manche, ndlr)". Ce qu’elle a fait, malgré une erreur en haut, qui a fait trembler tout le monde. "Cette petite faute m’a fait peur, sourit Adeline Baud-Mugnier, mais je n’avais aucun doute". L’intéressée, elle, s’est tout de suite remobilisée : "je me suis dit qu’elle était faîte et que je ne pouvais pas revenir en arrière". Se retourner sur le passé, pourquoi? Quand on voit l’explosion de joie à l’arrivée, elle a dû penser à tout ça, aux épreuves, au titre de Schladming… Mais l’essentiel pour elle était de "vivre le moment présent". Un présent qu’elle écrit, à nouveau, à l’encre d’or.
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