Martin Fourcade, un quatrième globe pour une légende
Il avait achevé l’hiver 2014 avec un tel capital confiance, boosté par ses deux titres olympiques, que Martin Fourcade s’était demandé comment se fixer de nouveaux challenges. Pour ne pas basculer dans la lassitude des entraînements et d’une Coupe du monde de biathlon sur laquelle il régnait sans discontinuer depuis trois ans, le Français s’était décidé à doubler cette saison biathlon… et ski de fond. "Je pense que j’ai le niveau pour m’exprimer là-dedans", avait-il assuré. Personne n’en avait douté. Et tout le monde s’était réjoui de voir le leader du cirque blanc se spécialiser dans une nouvelle discipline en vue des JO 2018.
Une mononucléose contractée durant l’été a transformé cette ambition en chimère irréalisable (du moins à court terme), remettant même en cause sa capacité à performer sur sa discipline de cœur. Épuisé et contraint à un repos forcé pendant plusieurs semaines, Fourcade n’avait pu se soumettre à la préparation intensive qui lui aurait permis d’aborder l’hiver dans les meilleures conditions. Il n’avait pas douté pour autant, plaçant comme toujours une confiance absolue en son coach, Stéphane Bouthiaux, pour retrouver son niveau. La première épreuve de la saison, l’individuelle à Ostersünd, avait soulevé de sérieuses inquiétudes (81e place pour le champion olympique de la spécialité). Mais rien ni personne ne peut arrêter Martin Fourcade. Alors, trois jours plus tard, il remportait le sprint. Puis, le lendemain, s’offrait la poursuite. Et partait pour un nouveau solo majestueux.
"L'apocalypse" n'aura pas lieu
Avant les Mondiaux de Kontiolahti, début mars, il avait prévenu que sa "première ambition" restait le classement général, modestie renforcée par un gros passage à vide en janvier. Il a non seulement rempli cet objectif en engrangeant des points, mais il a aussi décroché une sixième couronne mondiale en triomphant sur l’individuelle. Pour ne plus gagner la Coupe du monde, il aurait alors fallu "une apocalypse", admettait-il plus tôt cette semaine. Elle n’a bien évidemment pas lieu. De retour aux affaires courantes, jeudi, il remportait le sprint de l’ultime étape de la saison, à Khanty-Mansiisk (Russie).
Une quatrième place sur la poursuite, ce samedi, a amplement suffi à faire son bonheur. Avec 1036 points, il ne peut plus être rejoint en tête du général par son dauphin, Anton Shipuin, avant la dernière épreuve de l’hiver. Le voilà désormais détenteur de deux petits globes supplémentaires (le sprint et la poursuite) et, surtout, d’un quatrième gros globe consécutif, exploit qu’aucun biathlète n’avait réussi auparavant. Même le mythe Ole Einar Bjoerndalen (six globes de cristal) ou l’ancien roi français de la discipline, Raphaël Poirée (quatre), n’avaient jamais réussi à accomplir une telle série. Ils n’étaient que deux à en avoir décroché trois d’affilée (Poirée entre 2000 et 2002, l’Allemand Franck Ullrich entre 1980 et 1982). Martin Fourcade les a tous surclassé.
"Plus qu'un rêve"
Voilà le Catalan double champion olympique, sextuple champion du monde et maître des globes depuis quatre saisons. "Avoir beaucoup gagné ces dernières années banalise un peu, reconnaît ce samedi. Mais ça reste toujours aussi impressionnant que la première fois (...) C'est plus qu'un rêve pour moi".
Maître absolu du biathlon, Martin Fourcade n’est pas prêt de reprendre haleine. Ce dimanche, il visera le petit globe de la mass-start en s’alignant au départ de la dernière épreuve de la saison ("avant toute chose, j'aimerais conclure par une victoire"). Puis, à la fin de l’été, fera face à un tout nouveau challenge. Il deviendra papa. "Cette histoire, je ne la connais pas encore, écrivait-il la semaine passée. Mais dans six petits mois, ce sera aussi à moi de l’écrire".
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