Martin Fourcade, le roi du biathlon en quête de nouveaux défis
La préparation : il a pu faire ce qu’il voulait
L’an dernier, une mononucléose avait empêché Martin Fourcade de suivre la préparation qu’il voulait. Bloqué durant un mois et demi après l’été 2014, il avait pris du retard. Cette année, pas de soucis en vue. Il a pu s’en tenir au programme qu’il avait mis en place. "J’ai pu mettre en place ce que je voulais, suivre mes axes de progression. C’est une très bonne chose. J’ai l’impression de travailler pour des objectifs élevés et de mettre en place les choses pour y arriver", se réjouit-il. L’an dernier déjà, les ambitions étaient aussi élevées mais il "n’avait pas pu travailler comme (il) voulait". "Je n’avais pas pu travailler comme je voulais. J’avais l’impression d’être un imposteur et de prétendre à des choses alors que je n’avais rien mis en place. Je n’avais tout simplement pas la préparation pour y arriver". Finalement, la saison s’est plutôt bien passée avec un quatrième gros Globe et un sixième titre mondial. Avec une préparation tronquée, la saison a été réussie ce qui a renforcé sa confiance pour celle qui s’annonce. "Cette année, je me sens bien dans mon costume de favori avec des objectifs élevés mais légitimes. C’est un gros avantage".
Le ski de fond : un désir de découverte
L’an dernier, Martin Fourcade avait déjà une idée derrière la tête : se tester en Coupe du monde de ski de fond. Tout était prévu, mais la mononucléose est passée par là, il a remis ses ambitions au placard une année de plus. Désormais tous les voyants sont au vert, Fourcade va pouvoir se mesurer aux cadors du fond. Pas sur une saison toutefois. "C’est une volonté, un désir. On me demande souvent qu’est-ce qui te motive ? Qu’est ce que tu n’as pas gagné ? J’ai pris le problème à l’envers. Je me suis demandé ce que j’avais envie de faire. Qu’est-ce qui me ferait plaisir ? Ce défi du fond me fait envie. J’espère y arriver". Ce désir de fond remonte à l’enfance. Martin Fourcade a débuté par le fond avant de s’épanouir en biathlon. "Je ne regrette évidemment pas ce choix, mais la possibilité de me tester sur le fond est un réel plaisir". Fourcade a déjà son programme en tête : la course FIS de Beitostolen mi-novembre qui fera office de sélection pour la première étape de Coupe du monde à Ruka (Finlande) du 27 au 29 novembre. Ce sont les seules possibilités sur une saison qui va se densifier à partir de fin novembre et la première étape de la Coupe du monde de biathlon à Oestersund en Suède (30/11 au 6/12). La préparation n’a pas trop changé, les deux sports se ressemblent quand même beaucoup. Non le plus dur pour Fourcade, "c’est le calendrier". "Il faut caler les avions pour aller d’un site à l’autre. La saison n’est pas agencée pour mener deux fronts les deux. C’est pour cela qu’il n’y aura qu’une compétition parce que c’est la seule qui colle à peu près sans remettre en cause le reste ».
Son ambition : élevée partout
Quand on s’appelle Martin Fourcade, on affiche des ambitions forcément élevées. En biathlon évidemment, mais aussi en ski de fond. S’il n’avance pas d’objectifs chiffrés en fond et qu’il s’avance d’abord pour "se juger en sélection puis pour (se) faire plaisir ensuite en Coupe du monde", il ne minore pas non plus ses ambitions. "Je n’ai pas envie de jouer pour la 30e place. Je sais que je suis capable de jouer devant". Il sait aussi que les repères ne seront pas les mêmes. "Entre un jour où je suis bien et un jour où c’est plus difficile, en biathlon, je passe de la première à la 15e place. En ski de fond qui n’est pas mon sport de prédilection, ça sera encore différent". En biathlon, que faire quand on a déjà tout gagné plusieurs fois ? C’est simple, continuer à gagner. "Il y a les Mondiaux à Oslo en mars et la Coupe du monde", annonce-t-il. Bien figurer tout au long de l’année, truster les podiums et les victoires, être régulier, voilà ses objectifs.
L’été en Norvège : "incroyable"
Avec sa femme enceinte, Martin Fourcade a décidé de s’accorder une pause en Norvège cet été. "Je voulais faire un séjour en Norvège pour le biathlon. Ça été incroyable, je me suis régalé. J’étais dans un cocon, mais c’était juste un désir", a-t-il expliqué. Une manière de répondre à ceux qui voyaient dans ce séjour, une volonté plus profonde de s’installer en Norvège à l’avenir. Fourcade est français et se sent "très bien France". "On a cru que je voulais être norvégien… Non". Là-bas, il a trouvé un pays tout entier tourné vers le ski, un pays où il est une star. "Je reste plus connu là-bas, même si depuis Sotchi, mon statut en France a beaucoup changé. Mais en Norvège, le pays du ski, avec une étape de Coupe du monde tous les ans, pas mal de monde me connaît". Une renommée dure à gérer ? "J’étais un peu sollicité lors des sorties, mais énormément par des Français. Ceux qui vivent là-bas ont une sensibilité pour le ski, pour la Nature, ils s’intéressent au biathlon et aux sports d’hiver", analyse-t-il.
La paternité : elle ne devrait pas changer grand-chose
La vraie nouveauté pour Martin Fourcade cette saison – outre le fond – c’est cette paternité récente. En septembre dernier, sa compagne Hélène donnait naissance à une petite Manon.
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Le jeune papa est heureux, mais cet enfant ne changera pas son rapport à la compétition. "Pourquoi ça changerait ? Ça fait partie de mon évolution en tant que personne. Je ne crois pas que ça aura un impact positif ou négatif sur mes performances". Manon peut se rassurer, les résultats de son père n’influeront pas sur son éducation. "Je n’ai pas envie de charger ma fille, si ça se passe mal et j’ai envie de garder ma fierté si ça se passe bien", sourit-il. Compétiteur et père aimant et présent, Martin Fourcade va mener de front ces deux missions. Il est déjà prévu que sa femme et sa fille l’accompagnent lors de la préparation et sur quelques épreuves de Coupe du monde. "C’est important qu’elles me suivent au début. Dès le 5 novembre, je pars pour deux mois, ça aurait fait trop long. C’était déjà dur de quitter la maman, ça sera dur de quitter la fille, mais c’est un choix de vie. Je me régale dans mon métier, ma compagne le voit, ma fille le verra aussi". Une fille qui grandira dans les traces de son père qui ne les suivra pas forcément. "Elle ne sera pas forcément biathlète, je ne crois pas", conclut-il en souriant.
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