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Sotchi : que faut-il retenir des XXIIe Jeux olympiques ?

DE NOTRE ENVOYE SPECIAL | Les Jeux olympiques de Sotchi se sont achevés dimanche soir, par un feu d'artifice tiré au terme d'une cérémonie de clôture somptueuse. Saluée par le CIO et les athlètes, la Russie a réussi à faire de cet événement un argument de poids sur la scène internationale, malgré les critiques avant, et quelques polémiques pendant les JO. Retour sur une édition qui fera date.
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37 milliards d'euros pour amener les Jeux olympiques à Sotchi, un coût écologique à la mesure du financier, la corruption qui a fait son oeuvre, des droits de l'Homme en souffrance en Russie... Les critiques se sont amoncellées bien avant le début des JO, le vendredi 7 février dernier. L'aspect sportif n'a été que très peu abordé. Il faut dire que ces Jeux, ceux de Vladimir Poutine, à la hauteur de ses ambitions pour son pays, n'ont été que démesure, depuis le début.

"Je ne changerais rien de ces Jeux olympiques" (Dmitry Kozak, vice-Premier ministre russe)

Alors que les épreuves se sont achevées dimanche soir avec la finale de hockey sur glace, remportée par le Canada, ces critiques ont-elles marqué la compétition ? Le sport est-il sorti vainqueur ? Que gardera-t-on de ces Jeux de Sotchi ? Réponses en plusieurs points.

Une organisation sans faille

C'est un fait irréfutable : tout s'est bien passé en matière d'organisation. Les 25.000 bénévoles écumant les différents sites ont aidé à "fluidifier" le trafic dans le parc olympique ou dans la station de Rosa Khutor. Toujours prévenants et souriants, "à la Russe" diront-ils, ils ont éclairé, bien aidés par leurs combinaisons très colorées, les compétitions, et aiguillé 1,6 million de spectateurs - chiffres du CIO. Quelques sites ont quand même laissé voir quelques places vides, et une ambiance parfois en berne.

Pour la première fois depuis longtemps, les Jeux olympiques de Sotchi proposaient un terrain de jeu très compact. Environ une heure au maximum pour se rendre - en train, en voiture ou en navette - d'un site situé au bord de la mer à un site montagneux. De quoi faire oublier les retards enregistrés dans la livraison des hôtels, qui ont fait grincer beaucoup de dents avant l'ouverture des JO.

Des performances sportives saluées

La compétition était au niveau à Sotchi, où les quelque 3.000 athlètes présents ont pu se mesurer à ce qui se fait de mieux au niveau mondial. Tout cela dans des installations unanimement saluées, à un bémol près : la qualité de la neige par endroits, et la dangerosité du parc extrême de Rosa Khutor.

SITE SPECIAL | Un Jour à Sotchi

Martin Fourcade et Ole Einar Bjoerndalen en biathlon, le Russe Victor An en short track, la Biélorusse Darya Domracheva triple championne olympique en individuel toujours sur le biathlon... Les Jeux de Sotchi ont été marqués par de belles performances sportives ; c'est finalement ce qu'on demande à des JO. Même si, parfois, des sièges sont restés vides et manquait juste la ferveur attendue pour des Jeux olympiques.

Une sécurité omniprésente

C'est à chaque fois la même chose ; les Jeux olympiques sont l'un des événements les plus sécurisés au monde. Et cette édition russe n'a pas fait exception, bien au contraire. Les autorités l'avaient annoncé, et cela s'est vu : la peur d'attentats terroristes a poussé les militaires et policiers à redoubler de vigilance. Points de contrôle, fouilles systématiques, enregistrement des spectateurs et des journalistes... Une vigilance parfois agaçante pour les journalistes, obligés de prévoir beaucoup plus de temps pour se rendre d'un site à l'autre, car contraints d'allumer tout leur matériel - appareil photo, ordinateur, téléphone portable... - à chaque point de passage.

Aucune tentative d'intrusion, ou d'attentat, n'a été enregistrée. Ou, en tout cas, les autorités ont réussi à l'étouffer. 

La crise ukrainienne

Les derniers jours des Jeux olympiques ont été marqués par l'intrusion des affaires ukrainiennes au coeur de l'olympisme. Sergueï Bubka, perchiste de légende et chef de mission de la délégation ukrainienne, a été contraint de prendre la parole pour appeler ses athlètes à rester à Sotchi malgré les dramatiques affrontements à Kiev. Tout en comprenant leur volonté de partir. Le CIO, lui, a longuement discuté avec les responsables du comité olympique ukrainien, pour le convaincre de renoncer à la demande des athlètes : porter un brassard noir en hommage aux victimes. La skieuse Bogdana Matsotska, elle, a préféré s'en aller.

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Mais vendredi soir, alors que personne ne s'y attendait, une victoire symbolique est venue éclaircir l'horizon olympique des athlètes ukrainiens. Les filles du relais 4x7,5 kilomètres ont remporté la médaille d'or, la première de ces Jeux olympiques pour l'Ukraine.

Le couac du hockey

Humiliation. Honte. Les qualificatifs n'ont pas manqué dans la presse russe au lendemain de l'élimination en quarts de finale de l'équipe russe de hockey sur glace. Les Russes avaient fait de l'or olympique leur seul et unique but ; ils n'ont pas su battre la Finlande.

Devant Vladimir Poutine et Dmitry Medvedev, mines déconfites dans leur tribune d'honneur de la patinoire Bolchoï, les hockeyeurs se sont écroulés. Quelques jours auparavant, ils s'étaient déjà inclinés face aux Etats-Unis (2-3). Les stars Alexandre Ovechkine et Pavel Datsyuk n'ont pas réussi à pousser plus loin le rêve de tout un pays, amoureux de ce sport, olympique par excellence. Zinetula Bilyaletdinov, l'entraîneur de cette sélection d'étoiles, a subi les foudres des journalistes en conférence de presse après le match : "Mangez-moi vivant ", leur a-t-il finalement lancé...

Les Pussy Riot s'invitent

Elles sont venues remuer Sotchi et sa région en deuxième semaine des Jeux olympiques, alors que jusqu'ici aucun mouvement de contestation n'avait marqué cette édition. La "zone de protestation" accordée par Vladimir Poutine après les critiques occidentales, notamment sur l'adoption de lois punissant la "propagande homosexuelle", est restée vide. Les Pussy Riot ont choisi, comme d'habitude, l'action de force. Pendant deux jours, et quelques passages au poste de police, elles ont joué au jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre, le temps d'enregistrer un clip, "Poutine va vous apprendre à aimer ".

Ces images d'agression en place publique, les jeunes filles fouettées puis aspergées de gaz lacrymogène, sont venues ternir des Jeux olympiques jusqu'ici inattaquables.

Vladimir Poutine partout

Le président russe avait fait des JO de Sotchi un événement stratégique pour imposer "sa" Russie sur la scène politique et diplomatique. Le monde "bienvenu" à Sotchi, c'est le monde tel que le voit Vladimir Poutine, lui qui n'a pas hésité à se déplacer sur de multiples sites pour assister au triomphe de sportifs russes, comme lors de l'épreuve de patinage artistique par équipes.

Une première médaille d'or qui en a appelé beaucoup d'autres : la Russie a terminé en tête du classement de "ses" Jeux, avec 33 médailles dont 13 en or. Une réussite totale pour le pays hôte, conclue par un triplé sur le 50 kilomètres en ski de fond dimanche matin.

"M. Poutine a joué un rôle très important dans l'organisation des Jeux olympiques" (Thomas Bach, président du CIO)

Critiqué pour le choix de Sotchi, une station balnéaire qui ne connaît pas la neige, le coût du chantier, le non-respect des droits de l'Homme, Poutine s'est exposé pendant ces JO. S'affichant avec les pontes du CIO, il a gagné sa respectabilité olympique. Il faudra surveiller ce qu'il compte désormais en faire.

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