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Sète et Annecy, l'accession de deux clubs historiques en National 1 pour une joie contrastée

En raison de la pandémie de coronavirus, la Fédération française de football (FFF) a annoncé jeudi dernier, la fin du championnat de National 2. Cette décision permet au FC Sète 34 et au FC Annecy, actuellement en tête de leur groupe, de gagner leur ticket pour la division supérieure, le National 1. Si les deux clubs sont plus que satisfaits de cette montée, dans l'ombre des équipes voisines, la joie reste mesurée.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
 

"Nous sommes frustrés". Le président du FC Sète 34, Jean-François Gambetti ne cache pas que l'accession en National 1 n'est pas celle à laquelle il rêvait. "Il n’y a pas eu de partage d’émotions avec une fin de saison palpitante. Pas de coup de sifflet final où tout le monde est libéré", concède de son côté son homologue au FC Annecy, Stéphane Loison. Pour les deux hommes, l'arrêt du football amateur, décidé jeudi a été un mélange de sensations. Pas de match couperet, pas d'effusions, la crise du Covid-19 est passée par là.

Mais pour ces deux clubs, qui ont connu des passés glorieux dans le football national (champion de Division 1 en 1934 et 1939 pour Sète, pensionnaire de la 2e division dans les années 80-90 pour Annecy), cette montée est une libération. Elle leur permet de continuer à rêver. Leaders respectifs des groupes C et D de National 2 après 21 journées, le FC Sète 34 et le FC Annecy, sont donc promus en National 1.

Une nouvelle accueillie avec enthousiasme dans les deux clubs malgré un contexte délicat lié à l'épidémie de coronavirus. "C’est un soulagement", souligne le président du club languedocien, Jean-François Gambetti. "Nous avons fait une très grosse saison quand on regarde les statistiques. Nous sommes invaincus depuis la mi-août, c'est une juste récompense" a ajouté le dirigeant. Son homologue savoyard, Stéphane Loison, est également dans le même état d'esprit après trois saisons consécutives finies sur le podium : "Nous ressentons beaucoup de joie et nous sommes très satisfaits du travail accompli. Nous avons atteint notre objectif en étant dans nos temps de passages donc nous sommes très heureux." Une accession qui est donc la bienvenue au sein de ces deux institutions. Cependant, elle n'a pas pu être savourée de façon collective.

Une joie mesurée

Si les montées en division supérieure sont souvent accompagnées par des envahissements sur le rectangle vert avec des scènes de liesse, cette saison 2020-2021 sera marquée par une certaine modération au vue du contexte actuel. Un sentiment qui peut être décevant mais la priorité est ailleurs.

"J’aurai préféré être sur le rectangle vert à attendre le coup de sifflet de l’arbitre pour partir un peu en cacahuète avec les embrassades et tout ce qu’on aurait pu vivre", regrette le président de Sète. "Nous ferons la fête après le déconfinement. C’est une joie intime et personnelle que chacun à accueilli à sa manière. Mais c’est comme ça. Il y a d’abord une crise sanitaire à gérer, c’est le plus important."

Le manque de partage collectif, le dirigeant d'Annecy est du même avis : "Nous ne pouvons pas vraiment fêter ça dans les vestiaires, avec le public et les partenaires. Tout ce côté effervescence est beaucoup moins important". Mais il relativise tout de même : "Cela n’empêche pas de bouder son plaisir".

Un retour au premier plan dans l'ombre

Les deux présidents ont pris le soin d'appeler l'ensemble des joueurs et du staff pour les féliciter de la merveilleuse saison réalisée. Outre la montée, ces deux équipes retrouvent un niveau qui était le leur. Le FC Sète, champion de Division 1 en 1934 et 1939, qui évoluait en Ligue 2 au début des années 2000, a connu une liquidation judiciaire il y a un peu plus de 10 ans et a dû repartir en Division d'Honneur (6e division, équivalent du Régional 1). Le FC Annecy, lui, a également été en 2e division entre la fin des années 80 et début des années 90. Il a été rétrogradé, en 1993, par la DNCG en Division d'Honneur Régionale (7e division, équivalent du Régional 2).

Il s'agit donc d'un retour au premier plan. Ces deux clubs se retrouvent, de nouveau devant les portes du monde professionnel après de longues années d'attente. Le dirigeant à la tête des Dauphins depuis seulement un an est ravi de cette situation : "J’ai entendu jeudi dans la voix de certaines personnes, qui sont depuis 10-15 ans au club, qu'elles étaient vraiment émues de remonter en National 1. On revient a minima à la place où Sète doit être." Pour M. Loison, il s'agit même d'un objectif à terme. "On est dans un projet qui se construit dans le bon sens, étape par étape. La prochaine, sera de rallier le professionnalisme dans les années qui viennent." Malgré la présence du Montpellier Hérault Sporting Club et du Nîmes Olympique en Ligue 1, le FC Sète 34 reste l'un des pionniers du football languedocien et voudra "exister" en National 1.

Quant au FC Annecy, le club savoyard a surfé sur la vague d'Evian-Thonon-Gaillard. "Si la ville est plus une station de sports d'hiver que de football, ils ont créé un mouvement dans les pays de Savoie en prouvant que c’était possible de rallier le plus haut niveau. Aujourd'hui, nous en bénéficions. Nous nous sommes réappropriés ce projet mais avec nos valeurs et notre encrage locale qui est un peu plus profond, historique. De plus, le sillon qu’ils ont tracé fait que tout un tas d’entreprises se sont mises à soutenir le sport collectif qu’est le football. Malheureusement, cela a été éphémère pour eux mais nous avons repris le flambeau", assume le dirigeant d'Annecy.

Quel avenir pour les deux clubs ?

Cette promotion en National 1 va permettre d'obtenir une ressource supplémentaire mais on ne peut pas certifier que tout s'est arrangé économiquement. Les deux présidents sont unanimes à ce sujet : "C’est compliqué de dire qu'il s'agit d'un bol d'air en ce moment car il y a beaucoup d’incertitudes. En revanche, avoir une bonne nouvelle dans une période aussi délicate, c’est un signe positif. Cela remet le moral un peu à tout le monde, même à des entreprises qui nous accompagnent."

Les conditions de reprises sont tout de même assez floues aujourd'hui. Comment les championnats vont reprendre. Est-ce-que la gestion des billetteries sera la même qu'avant ? Est-ce que les gens reviendront facilement et massivement au stade ? Toutes ces questions restent, pour le moment, sans réponse. Ce qui est sûr, c'est que les institutions ont pour priorité de valider leur montée en présentant un budget à l'équilibre devant la DNCG, le 30 juin prochain. "Il y a pas mal d’interrogations en ce moment qui fait que nous avançons sur la pointe des pieds. On va essayer de travailler sur le scénario le plus réalisable et juste possible pour ne pas être en difficulté", reconnaît le dirigeant d'Annecy. Son homologue approuve qu'"il y a un équilibre financier à respecter, qui est important dans le football. Nous allons d’abord travailler là-dessus".

Ces deux équipes ont à présent deux mois et demi devant elles pour préparer la nouvelle saison. Elles ont conscience qu'un cap a été franchi cette saison que le championnat de National 1 sera rude. 

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