Schumacher: "J'en ai souffert"
Aucun fan de football n'a oublié Patrick Battiston quittant la pelouse de Séville, accompagné de son ami Michel Platini lui tenant la main. Près de 30 ans après le choc France-RFA en demi-finales de la Coupe du monde 1982 à Séville, Harald Schumacher reste le joueur allemand le plus détesté de France. Une raison à cela: le choc spectaculaire qui mit KO Battiston alors qu'il filait au but. Puis, une attitude et des jongles devant son but, tandis que le staff médical des Bleus s'affairait autour du pauvre défenseur tricolore inconscient, qui ont marqué les esprits. Une désinvolture que les supporters français ont exacerbée des années durant pour faire du portier de la Mannschaft le grand "salaud" de l'affaire et l'homme à l'origine de la défaite (3-3, 4 tab à 5).
Trente ans après l'incident, l'ancien joueur de Cologne se confie auprès du Figaro.fr "J'en ai souffert", lâche-t-il. "La réalité est plus complexe que l'image". Oui, mais l'image est restée. Celle d'un gardien qui délaisse son but pour aller percuter de plein fouet le joueur qui venait de tenter le lob. Un geste fou qui ne sera absolument pas sanctionné par l'arbitre. "Je ne souhaitais pas le blesser", explique Schumacher, tout en ajoutant qu'il ferait "la même sortie si l'action devait se reproduire", "seul moyen d'avoir la balle".
Schumacher regrette, mais ne s'excuse pas
S'il ne se reproche rien dans son intervention, l'Allemand regrette de n'avoir pas réagi comme il aurait fallu après le match: "Je regrette tout ce qu'il s'est passé après le choc ( ), de n'avoir pas pris de ses nouvelles lorsqu'il était KO." Son attitude sur le terrain, à l'issue du match (bras levés en signe de victoire) puis sa petite phrase dans les couloirs lorsqu'il apprend que Battiston n'a que deux dents cassés - "Je lui payerai les frais de dentistes" ont contribué au malaise entre Schumacher et les Français. "Cette déclaration était maladroite, mais elle n'avait rien de cynique", admet-il. Selon lui, le minimum aurait été d'aller à l'hôpital prendre des nouvelles de son adversaire, ce que ni lui ni son équipe n'ont su faire.
Le contentieux entre le joueur et les supporters tricolores a donc perduré pendant 30 ans. Entre les lettres d'insultes reçues et les menaces de mort de la part des supporters, et les tentatives maladroites d'excuses du joueur, l'image de Schumacher reste terriblement écornée dans l'Hexagone. Il demeure le salaud de Séville. "J'aurais aimé montré au public français qui j'étais vraiment. Je ne suis pas le méchant que l'on a bien voulu décrire," clame l'ancien portier. Il rappelle avoir tenté d'organiser un rendez-vous avec Battiston pour s'excuser, mais en privé. Et cela s'était alors transformé en conférence avec la presse à Metz pour une séquence surréaliste où l'Allemand semblait peu concerné par la situation, ajoutant un cran supplémentaire à ce que beaucoup avait alors pris pour une forme de condescendance et d'excuses feintes. "Je n'étais pas content de la manière dont la rencontre avait été organisée", déplore-t-il. Reste que son geste comme son attitude ont contribué à faire de ce France-RFA un match de légende. Toutes les excuses du monde ne suffiront sans doute pas à effacer une page de l'histoire du football français.
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