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Sella, Fofana, Bastareaud: le rugby français a célébré ses trois-quarts centres

La cérémonie organisée mardi soir au Pavillon Gabriel de Paris par le Midi Olympique a notamment permis de mettre en lumière les centres qui ont fait l’histoire du XV de France depuis 50 ans. De Maurice Prat à Wesley Fofana ou Mathieu Bastareaud, en passant par André Boniface ou Philippe Sella, tous les grands 12 ou 13 des Bleus étaient présents pour cette belle fête.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Wesley Fofafana a résisté à cinq plaquages avant d'aplatir, après une course de 60m, le premier essai du match contre l'Angleterre à Twickenham. Le XV de la Rose s'impose (23-13).

A tout seigneur, tout honneur ! De l’avis de beaucoup, Philippe Sella est probablement l’un des meilleurs centres de l’histoire du rugby mondial. L’ancien 13 d’Agen a laissé une trace indélébile parmi ses contemporains, dithyrambiques. « J’ai joué avec beaucoup de grands centres : Franck Mesnel, Thierry Lacroix. Mais Philippe Sella était un monstre. Il était humble et savait faire des passes, jouer dans le tempo. Il envoyait du caviar aux ailiers », a confié Philippe Saint-André, heureux d’être là après les deux beaux succès du XV de France.

PSA: "Une très belle génération de joueurs"

Le sélectionneur national a d’ailleurs fait une comparaison entre sa génération et celle d’aujourd’hui. « A mon époque, tu avais un centre qui jouait côté droit et l’autre côté gauche. Maintenant c’est plus un premier centre et un deuxième centre avec des profils différents », a-t-il poursuivi. « Les centres doivent se sentir, avoir l’habitude de jouer ensemble, se connaître pour se connecter défensivement et offensivement ». « Sur le poste de trois-quarts centre, c’est vrai qu’on a une très belle génération de joueurs », a-t-il encore ajouté, convaincant et surtout satisfait de la prestation de ses centres sur cette tournée d’automne. « On a des jeunes joueurs qui commencent à jouer en top 14 et qui démontrent qu’ils sont capables de rivaliser avec les meilleurs dès qu’ils sont sélectionnés en équipe de France », a-t-il conclu, pensant très clairement à la révélation francilienne Alexandre Dumoulin.

Sella: "La conquête du milieu de terrain est primordiale"

« Il fut un temps où il y avait une confrérie des trois-quarts centres qui a un peu disparu », a expliqué de son côté Philippe Sella. « Le poste de centre a souvent suscité des débats. On parlait de centres techniques, de centres physiques. Maintenant que le rugby s’est uniformisé, ce n’est plus tout à fait vrai bien que le rugby ne peut fonctionner qu’avec de la complémentarité dans les compétences ». « Il y des centres perforateurs, d’autres jouent avec la vitesse, d’autres avec de la finesse ou de la dextérité, a-t-il noté. On a besoin de tous ces éléments. La conquête du milieu de terrain reste une part prépondérante du jeu. J’ai joué avec Denis Charvet, Didier Codorniou, et on s’est régalés ensemble. Il faut se faire plaisir »  

Mesnel: "A part l'homosexualité, rien ne rapproche autant les hommes"

Plus prolixe et non moins intéressant, Franck Mesnel voyait lui une filière tricolore à ce poste très exposé : « Il y a indéniablement un état d’esprit, une culture. Moi j’ai grandi au Racing avec les héritiers de Jo Maso, Eric Blanc et Jean-Baptiste Lafond qui lui n’était pas centre. Jo et Jean Trillo avaient une osmose parfaite entre eux dans les années 70. C’est la quête de tous les centres. Jean me disait avec justesse qu’à part l’homosexualité, il ne voyait pas ce qui pouvait davantage rapprocher les hommes. Hormis la technique, le physique, le lien entre deux centres est primordial. C’est le regard, l’anticipation, se baisser quand la passe est trop basse, sauter et offrir ses cotes à l’adversaire quand la passe est trop haute », a souligné l’ancien partenaire de Philippe Sella au début des années 90.

« La relation entre deux centres est unique, totalement différente de la charnière », a-t-il appuyé. « Je crois que l’ouvreur est plus égoïste et il doit l’être de par sa fonction. J’ai joué 10 et je regrette parfois de ne pas avoir poussé plus loin la relation que j’avais avec mes différents demi-de-mêlée. Quand j’ai glissé au centre, Philippe Sella a eu la faculté de me mettre à l’aise et de m’emmener avec lui dans le bon timing. Le fil d’Ariane que doivent avoir deux centres est primordial. J’ai toujours une admiration pour les joueurs qui font jouer. Sella en était un. Fofana aussi aujourd’hui ».

Fofana fan de Jauzion

Le Clermontois fait d’ailleurs l’unanimité parmi ses pairs. « Je suis fier qu’il y ait des joueurs français de talent comme Wesley Fofana qui a des qualités athlétiques exceptionnelles. Il est capable de porter le danger à tout moment », a confié l’ancien Toulousain, référence mondiale à son poste dans les années 2000. « Il y a une tradition française de style de jeu. Ce que l’on fait sur le terrain, des enfants qui nous regardent s’en inspireront et le feront forcément plus tard à leur façon. Moi j’ai commencé quand il y avait Tana Umaga chez les All Blacks. C’était quelqu’un de respecter. Il était charismatique et a fini capitaine. Il était excellent sur le terrain et en tant qu’homme. Il m’a inspiré ».

Respect, tradition, convivialité, les valeurs chères à l’ovalie étaient de mise mardi soir à Paris, en présence de tous les grands acteurs du rugby français. Le principal intéressé a d’ailleurs rendu hommage à "Jauzie" et à quelques brillants représentants des centres actuels : « Je ne sais pas s’il y a une filiation entre les centres français mais l’équipe de France a toujours eu des centres talentueux », a confirmé Wesley Fofana. « C’est un honneur de faire partie de cette lignée. Je n’avais pas d’idole étant jeune mais j’ai apprécié Yannick Jauzion qui était remarquable dans ce qu’il faisait ». Et Aujourd’hui. « Je suis fan du All Black Conrad Smith qui n’a pas de qualités physiques extraordinaires mais qui possède une intelligence de jeu très supérieure à la moyenne. Après il y a Matt Giteau dans le championnat français qui est pour moi l’un des meilleurs centres du monde ». Un exemple à suivre.

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