Toulouse déçoit, Paris inquiète
Depuis la remontée dans l'élite du Stade Français en 1997, les "deux Stade" les plus célèbres du rugby ont trusté les récompenses: cinq sacres en 10 ans (1998, 2000, 2003, 2004, 2007) pour le Stade Français (+ deux finales de H Cup), 5 titres pour le Stade Toulousain (1999, 2001, 2008, 2011, 2012, + trois H Cup). Ces deux clubs rivaux et emblématiques du passage du rugby à l'heure professionnelle vivent un début de saison plus compliqué que prévu, terni ce week-end par deux performances indignes de leur rang. Les hommes de Guy Novès ont été châtiés à Barcelone par l'Usap (34-20) tandis que les "Soldats Roses" sont de nouveau revenus avec un zéro pointé d'un déplacement, à Bordeaux-Bègles cette fois (30-22).
Les failles toulousaines
Il serait cependant ridicule de vouloir comparer les situations des deux équipes. Le Stade Toulousain a connu un jour sans (surtout une première période catastrophique) contre des Catalans survoltés. Cela lui est déjà arrivé et lui arrivera encore, et ça ne présume en rien de la suite. Les Perpignanais ont donné une leçon de réalisme et d'enthousiasme, une qualité dont manquent les champions de France. Physiquement, certains joueurs, comme Clerc, Gilian Galan ou Christopher Tolofua, ont vite paru dépassés ou handicapés, tel Yannick Jauzion, touché au dos et vite remplacé. "J'ai eu le sentiment qu'on marchait, qu'on regardait jouer Perpignan", constatait le manageur. A l'image de la mêlée, conquérante en début de rencontre et qui s'est étiolée au fil des minutes.
"Dans un sport collectif, quand on joue les uns après les autres, ça donne un match comme cela", reconnaissait Huget tandis que Clerc admettait le manque de motivation: "L'envie et la virulence étaient du côté des Catalans". S'il ne faut pas s'alarmer, il convient de souligner les lacunes toulousaines déjà entrevues en août. Contre Castres (23-22), Toulouse aurait pu perdre. Face au promu montois (37-22), il a fallu attendre le dernier quart d'heure pour assister au réveil des stars. A Biarritz, ils avaient pris un bonus défensif très tardif. Quant au match d'Agen, il n'est pas significatif, les Bleu et Blanc ayant aligné une équipe bis (62-13).
Quand se profilent un périlleux déplacement vendredi à Bayonne, en quête de points pur s'extirper de la zone rouge, et une réception au Stadium de l'ogre toulonnais (quatre victoires en quatre déplacements), les Toulousains ont de quoi s'inquiéter. "Beaucoup de travail nous attend", souligne Novès qui appelle à une remise en question collective... tout en atténuant son discours. "Tout le monde va se retrousser les manches", insiste-t-il.
Le Stade Français rentre dans le rang
A Paris, le problème est plus épineux. Depuis leur dernier Bouclier de Brennus (2007), les partenaires de Sergio Parisse dérivent petit à petit vers la zone rouge. D'un club porté en référence pour sa dimension médiatique associée à des résultats remarquables, le Stade Français est devenu un sans-grade oscillant entre le moyen et le franchement mauvais. Surtout à l'extérieur où les Parisiens ne font plus peur à personne: échecs à Bayonne, à Grenoble puis à Bordeaux-Bègles sans prendre ne serait-ce qu'un seul point de bonus. Tenu en échec par Castres (20-20) il y a dix jours, le Stade n'a plus gagné depuis la première journée (32-16 contre Montpellier).
L'heure est grave pour un club en reconstruction qui vise ouvertement la qualification. Les supporters, qui sont de plus en plus rares à Charléty (5 000 maximum par match), voient bien que leurs favoris risquent davantage de jouer le maintien que l'Europe si ça continue sur le même rythme. Après cinq journées, le Stade Français (11e en 2011, 7e l'an passé) pointe en 12e position à égalité de points avec Agen, premier relégable.
Un effectif moins étoffé
Ce classement est "indigne d'un club comme le nôtre", estime l'entraîneur parisien, Christophe Laussucq. "On va encore parler de nous cette semaine dans les médias. C'est à nous de nous resserrer, d'être plus performant parce qu'on ne joue pas à un bon niveau, tout simplement. Quand on sera meilleur, on aura peut-être le rebond qui tournera en notre faveur, le destin enfin pour nous. Mais pour l'instant, on ne le mérite pas, il n'y a pas de hasard", poursuit-il. S'il comporte de nombreux joueurs de grande valeur (Contepomi, Sackey, Papé, Dupuy) et des recrues intéressantes (Porical, Doumayrou), l'effectif parisien semble modérément armé face aux mastodontes toulonnais, toulousain et clermontois. Les départs de deux cadres inamovibles de la première ligne, le pilier Rodrigo Roncero (Argentine) et le talonneur Dimitri Szarzewski (Racing), se font cruellement sentir.
Thomas Savare, le président qui a repris le club au bord du dépôt de bilan en juin 2011, espère toujours faire retrouver à son club son lustre d'antan, quand il prétendait tous les ans à la Coupe d'Europe. Mais il faudra davantage qu'un nouveau stade Jean-Bouin (20 000 places, prévu pour le printemps) et quelques délocalisations en Challenge européen ((Le Mans, Le Havre, Valenciennes) pour reconquérir un public déçu qui constate la montée en puissance du Racing-Métro. Des rumeurs de rapprochement avec le PSG (comme pour le Paris Handball) ont circulé ces derniers jours. La solution passe-t-elle par les capitaux qatariens ?
Les résultats de Toulouse et Paris cette saison
Toulouse Castres 23-22
Toulouse Mont-de-Marsan 37-22
Biarritz Toulouse 22-17
Toulouse Agen 62-13
Perpignan Toulouse 34-20
Stade Français Montpellier 32-16
Bayonne Stade Français 24-11
Grenoble Stade Français 26-12
Stade Français Castres 20-20
Bordeaux-Bègles Stade Français 30-22
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