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Top 14 : Favoris, recrues, protocole sanitaire... les clefs de la saison 2020-2021

À l’aube de la 122e édition du Top 14 et après une saison sans champion, les prétendants au titre sont nombreux. Six mois après le dernier match de championnat, certains se sont renforcés, d’autres ont préféré la continuité, et tous subiront la loi de la Covid-19, nouvelle protagoniste de la saison 2020/21. Le tout dans un calendrier resserré et perturbé par les matches internationaux, plus nombreux, sans oublier une phase finale de Coupe d'Europe à finir avec les quarts de finale dans quinze jours.
Article rédigé par franceinfo
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Les spectateurs seront clairsemés dans les stades du Top 14, notamment au stade Armandie d'Agen. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Les favoris : Bordeaux-Bègles, Lyon, le Racing 92 et Toulon

Bordeaux-Bègles, premier de la dernière saison régulière avec 13 victoires en 17 matches, espère continuer sur la même dynamique. Grâce à la meilleure attaque (463 points marqués) et deuxième meilleure défense (317 encaissés) du championnat, l'UBB avait impressionné. Elle comptait même huit points d’avance sur son dauphin, le LOU, et 13 sur le 3e, le Racing. Mais la crise sanitaire a privé les Girondins de leur première phase finale en Top 14 depuis leur montée dans l’élite, en 2011.

Les joueurs de Christophe Urios devront se méfier du LOU. Troisième en 2018 et dauphin de Bordeaux-Bègles la saison passée, le Lyon olympique universitaire rugby espère continuer sa progression et monter sur la première marche. En amenant les Lyonnais jusqu’au titre, Pierre Mignoni mettrait fin à 87 ans de disette en Top 14 (1933), quatre ans après que le club a remporté la ProD2 (2016). Sa recrue Mathieu Bastareaud, déjà sacré avec Toulon (2014), tentera de lui donner la recette.

Un autre club tentera de grimper dans la hiérarchie. Le Racing 92, troisième en 2020, ambitionne également de soulever le bouclier de Brennus en 2021. Pour y parvenir, le club francilien a joué la carte de la continuité. Mais comme d'habitude, il a sorti son chéquier. Laurent Travers pourra en effet compter sur un renfort de choix au sein d'un effectif peu chamboulé : l'Australien Kurtley Beale, polyvalent trois-quarts aux 92 sélections avec les Wallabies.

Plus au Sud, le Rugby Club Toulonnais, quatrième l’an passé, espère surfer sur sa superbe fin de saison (14 victoires en 16 matches, toutes compétitions confondues). Les Toulonnais sont en effet restés invaincus pendant plus de douze matches (10 victoires, 2 défaites), entre une victoire à Bayonne (20-9, le 19 octobre 2019) et une défaite face au LOU (27-12, le 25 janvier 2020). Seule La Rochelle les a ensuite vaincus, lors de la 17e et avant-dernière journée de championnat. S’ils continuent sur cette lancée, les joueurs de Patrice Collazo auront donc un joli rôle à jouer, cette année.

Les autres favoris : l'ASM Clermont et le Stade toulousain

Il ne faudra pas oublier deux des plus gros pourvoyeurs du XV de France, même s'ils risquent une nouvelle fois de subir les doublons internationaux. Le Stade toulousain, dernier vainqueur du Top 14, fera partie des candidats à sa succession. Malgré une saison 2019/20 moyenne (7e) notamment du fait de l'absence de tous ses internationaux pris par la Coupe du monde puis par le Tournoi des Six Nations, l'équipe d'Ugo Mola, la plus titrée de l’histoire du championnat tentera d'en remporter un 21e. Trop souvent abandonnée par ses internationaux, l'ASM Clermont Auvergne a également été décevante la saison passée (6e). Le vice-champion 2019 s'est toutefois renforcé dans un but bien précis. Celui de décrocher un troisième titre en Top 14, quatre ans après le dernier (2017). 

Les joueurs du Stade toulousain soulevant le bouclier de Brennus, en 2019. (DOMINIQUE FAGET / AFP)

Les recrues : Matsushima, Skelton, Beale et les autres

Cent quatre-vingt sept jours après l'arrêt du championnat, l'effectif de l'ASM a bien changé. Le Japonais Kotaro Matsushima (27 ans) recevra au stade Marcel-Michelin, cette saison, après une Coupe du monde de rugby à XV réussie (1/4 de finale). En Auvergne, le nippon côtoiera Sébastien Bézy (27 ans), demi de mêlée international (7 sélections) arrivé en provenance du Stade toulousain. Tavite Veredamu (31 ans) également, jusqu'à fin décembre. L'attraction de l'équipe de France de rugby à VII retrouve le rugby à XV en tant que joker médical, suite à la blessure de l'international fidjien Peceli Yato.

Le Racing 92 accueillera quant à lui Kurtley Beale (31 ans) en provenance des Waratahs (Super Rugby). L'Australien apportera sa polyvalence en Île-de-France, puisqu'il est capable d'occuper tous les postes des lignes arrières. Ses équipiers profiteront également de son expérience avec les Wallabies (92 sélections).

Kurtley Beale face à l'Angleterre, en 1/4 de finale de la Coupe du monde 2019. (GABRIEL BOUYS / AFP)

Un autre Australien passé par les Waratahs débarque en Top 14. William Skelton, deuxième ligne imposant (2,03 m pour près de 130 kilos), rejoint La Rochelle en provenance des Saracens. Pièce essentielle du pack anglais depuis 2017, c'est un renfort de poids pour les Jaune et Noir.

Pour palier le départ de sa star fidjienne Semi Radradra (28 ans), parti chez le richissime Bristol à la fin de son contrat, l'UBB a musclé son recrutement. Il a en effet accueilli deux joueurs de classe mondiale, à l'intersaison, avec l'ailier néo-zélandais Ben Lam (29 ans) et le deuxième ligne Guido Petti (25 ans), international argentin (53 sélections). Joseph Dweba, talonneur sud-africain de 24 ans, rejoint également le club aquitain. Surpuissant et rapide, il aura la lourde tache de remplacer Adrien Pélissié, parti à Clermont.

Les autres recrues marquantes :

Mathieu Bastareaud (31 ans), figure du rugby français (54 sélections), retrouve le LOU après une pige outre-Atlantique écourtée par la Covid-19. Il a déjà joué quelques matches avec les Lyonnais la saison passée, en tant que joker Coupe du monde. Montpellier accueille quant à lui deux internationaux, le demi de mêlée sud-africain Cobus Reinach (30 ans) et l'Anglais Alex Lozowski (27 ans). L'Aviron bayonnais offre un retour en Top 14 à l'arrière Gaëtan Germain (31 ans), meilleur réalisateur de l'exercice 2013/14 avec Brive. Le spécialiste néo-zélandais du rugby à 7, Joe Ravouvou (29 ans), devrait également être une attraction dans le Pays Basque. 

Covid-19 : Un protocole sanitaire strict et un report si 3 joueurs sont positifs

Les stades du Top 14 seront quasi vides, à l'instar de ceux de la Ligue 1. Le Premier ministre, Jean Castex, a en effet prolongé l'interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu'au 30 octobre. Une décision aux conséquences dramatiques pour les clubs puisque leur économie dépendant en général de la billetterie, des espaces réceptifs, des repas et également des publicités affichées dans le stade. Et si plusieurs dérogations ont déjà été accordées par les préfectures, notamment à La Rochelle (8 000), Brive (9 000) et Clermont-Ferrand (10 000), le peu de spectateurs met en danger la santé financière du rugby français.

Le nouveau coronavirus n’a pas pas attendu le début de la saison pour s’immiscer dans le Top 14. Il a même modifié son match d’ouverture, initialement prévu entre le Stade Français et Bordeaux-Bègles. Neuf des onze premières lignes parisiens (piliers et talonneurs) ont en effet été contaminés depuis un stage de présaison à Nice, début août. Puisqu'il faut six joueurs à ce poste sur une feuille de match en Top 14, le match a été reporté, et Montpellier et Pau ouvriront finalement la saison, ce vendredi soir.

D’autres rencontres pourraient être reprogrammées d’ici la fin de saison. La LNR a en effet mis en place un protocole d’avant-match en trois étapes pouvant découler sur un report, voire un match perdu. Trois jours avant une rencontre, l’ensemble des membres du groupe professionnel (joueurs, staffs, accompagnateurs) devront réaliser un "test virologique RT-PCR". Suite à ce test, qui nécessite un prélèvement par voie nasale, le club enverra, avant 17h veille du match, une "liste nominative" des membres qui participeront à la rencontre. Enfin, au plus tard 3h avant le coup d’envoi, chaque médecin de club devra attester que l’ensemble des joueurs participants au match ont suivi le protocole médical, que les résultats des tests sont négatifs et qu’aucun membre du groupe professionnel ne présente un symptôme Covid-19.

Si trois joueurs sont testés positifs "sur une période de sept jours glissants" à la suite des tests virologiques, le match suivant sera reporté. Pour les clubs tentés de contourner le protocole, ils auront "match perdu" si un joueur participe à une rencontre de Top 14 sans le respecter, en plus d'être sanctionné financièrement. Chaque personne testée positive devra en outre être placée en quatorzaine. 

Mathieu De Giovanni, joueur du Stade Français, lors d'un test virologique RT-PCR. (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Calendrier : Un Top 14 toujours gêné par la fenêtre internationale

Les reports seront d’autant plus problématiques que le calendrier 2020/21 s’annonce chargé. World Rugby a en effet élargi la fenêtre internationale de trois à sept semaines, cet automne. Un chiffre supérieur aux cinq dates que la LNR et les clubs étaient prêts à concéder. Le Top 14 sera donc privé de nombreux internationaux pendant six matches, de la sixième (24/10) à la onzième journée (05/12). 

Dans l’hémisphère Nord, la période ira du 24 octobre au premier week-end de décembre (4, 5, 6). Les deux premiers week-ends permettront aux Bleus de terminer le Tournoi des Six Nations, interrompu en mars, où ils doivent encore jouer l’Irlande lors de la 5e et dernière journée. Les six équipes concernées joueront ensuite un tournoi avec les Fidji et le Japon, sur quatre autres week-ends. Dans l’hémisphère Sud, du 7 novembre au deuxième week-end de décembre (11, 12, 13), l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie et la Nouvelle-Zélande participeront quant à elles le Rugby Championship.

Sur le site de World Rugby, dont il est le vice-président, Bernard Laporte a estimé que l’élargissement de la fenêtre internationale était "le meilleur (choix) pour l’intérêt du rugby". D’un point de vue économique, elle permettra à la Fédération française, dont il est aussi le président, de compenser certaines pertes liées à l’arrêt du rugby. D’un point de vue sportif, en revanche, le choix contrarie plusieurs dirigeants et entraîneurs du Top 14.

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