Mêlée, arbitrage vidéo: les nouveautés
D'abord, il y a ce tableau accablant dressé par Joël Jutge, patron des arbitres au sein de l'IRB, organe suprême du jeu: "Aujourd'hui, sur dix mêlées, seuls deux ballons étaient utilisés. Cela pose un sérieux problème. C'est l'avenir de la mêlée qui se joue, si on veut la préserver telle qu'elle est aujourd'hui." Depuis plusieurs saisons, la mêlée fermée se cherche. Phase de combat et rampe de lancement du jeu de ligne, elle est devenue difficilement arbitrable, comme en témoignent le nombre d'écroulements qui par extension multiplient les temps morts. "Il y a eu une dérive considérable depuis plusieurs décennies, où les arbitres n'appliquaient plus les règles, où les tricheries étaient rentrées dans les us et coutumes, pointe M. Jutge. Il a fallu surtout stopper le fait que les équipes veuillent à tout prix anticiper pour avoir le gain du ballon." Après avoir porté le nombre de commandements à quatre en 2007 ("flexion, touchez, stop, entrez") puis être revenu à trois en 2012 ("flexion, touchez, jeu"), l'IRB a décidé de changer la donne après avoir constitué il y a quatre ans un groupe d'étude.
Les piliers devront se lier d'entrée pour stabiliser la mêlée
Les packs des deux hémisphères devront d'abord désormais répondre à ces trois commandements: "Flexion, lier, jeu". Le bouleversement se situe dans l'obligation faite aux piliers de se lier avant l'entrée, ce qui a pour effet, selon une étude menée par l'Université de Bath (Angleterre) de réduire de 25% la force à l'impact. Et donc de protéger davantage les joueurs, notamment de première ligne, contre des blessures et traumatismes. L'édifice doit ensuite se stabiliser avant que l'arbitre ne donne l'autorisation au demi de mêlée d'introduire en disant: "oui 9". Débutera alors le combat pour le gain du ballon. Annoncée en coulisses depuis plusieurs mois, cette réforme a rencontré des réticences parmi les entraîneurs et joueurs. "Lorsqu'il y a des modifications, on va commencer par dire +ce n'est pas bien+, relève en souriant l'entraîneur des avants du Racing-Métro Laurent Labit, lui-même ancien talonneur. C'est un peu un mal français."
"J'étais le premier à dire que ça allait tuer la mêlée , qu'il n'y aurait plus de pilier, poursuit-il. On s'aperçoit, pour l'avoir encore travaillé ce matin (mardi), qu'il y a encore énormément de combat. Et c'est vrai que sur les deux matches amicaux que l'on a fait, il y a moins de mêlées qui tombent." "J'ai été plutôt agréablement surpris, abonde le talonneur du Racing Dimitri Szarzewski. On avait un petit peu peur que cela devienne des mêlées simulées. On s'aperçoit que cela reste une phase de conquête avec énormément de combat."
L'arbitre-vidéo prend du galon
Concernant l'arbitrage vidéo, le patron des arbitres français Didier Mené explique parfaitement les nouvelles règles. "Cette saison, l’arbitre vidéo aura un rôle très important. Avant, il devait juger si un essai était valable ou pas. Là, on va lui demander d’évaluer des choses plus précises dans le champ de jeu, et à tout moment, à sa demande et à celle de l’arbitre de champ, par radio. Cela concernera le jeu déloyal et les sanctions à infliger (pénalité, carton jaune, carton rouge), mais aussi les fautes survenues durant l’action qui précède un essai. Il pourra remonter assez loin en amont." Plus précisément, la vidéo pourra être utilisée sur les deux rucks précédant l'essai pour signaler une faute. Si Mené s'inquiète de cette évolution de l'arbitrage-vidéo et de son influence sur le jeu, le rugby montre une nouvelle fois qu'il n'a pas peur des innovations. Rendez-vous au mois de juin pour juger leur pertinence.
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