La guerre est déclarée entre la Fédération et la Ligue
La bataille que se livrent les deux instances depuis le 3 décembre et l'élection de Bernard Laporte à la présidence de la FFR ira-t-elle jusqu'au tribunal? Cette hypothèse n'est pas totalement à exclure, tant la tension est encore montée. Un premier cran avait déjà été atteint la semaine dernière: la Fédération avait refusé à deux reprises de valider les calendriers de la prochaine saison de Top 14 et de Pro D2, tant qu'un accord n'aurait pas été trouvé sur la réforme du statut des joueurs internationaux. Celle-ci est souhaitée par Laporte, qui veut placer une quarantaine de joueurs sous contrat pour qu'ils soient à disposition du XV de France au total six mois par an. Mais la Ligue y est opposée.
Mercredi, un nouveau palier a été franchi. Le bureau fédéral de la FFR, "garante de l'intérêt supérieur du rugby", a décidé à "l'unanimité" d'annuler la décision prise vendredi par la LNR de reporter Castres-Stade Français et Montpellier-Racing prévus samedi dernier. L'instance qui gère le secteur professionnel avait pris cette décision après la grève illimitée décrétée par les joueurs du Stade Français pour protester contre le projet de fusion avec le Racing, finalement abandonné dimanche. La LNR venait d'annoncer les nouvelles dates des rencontres (entre le 18 et le 23 avril) lorsque la FFR a lancé sa torpille mercredi. Une décision surprise dont les implications concrètes sur le Top 14 restent floues.
Quid des points attribués ?
Interrogée par l'AFP, la Fédération, qui assure que sa procédure est "régulière", n'a pas été en mesure d'en préciser les conséquences sportives. Si les matches ne sont pas reportés, alors ils ont été joués. Ou plutôt non joués. Quid alors des points attribués? Avec évidemment d'énormes conséquences sur le classement du Top 14, les luttes pour la qualification en phase finale et le maintien. "Terra incognita (terre inconnue, NDLR). Les textes ne prévoient pas ce qui se passe. Il n'y a pas de précédents", a-t-on indiqué à l'AFP du côté de la Fédération.
Pour la Ligue, qui tient sa délégation de la FFR, c'est pourtant clair: cela ne change rien, les matches "seront joués". La LNR se dit par ailleurs "dans l'incompréhension la plus totale devant cette décision et n'en saisit pas la finalité puisqu'elle n'a pas de conséquences sportives, le report des deux matches ayant déjà produit ses effets". Surtout, elle estime que "la Fédération interfère de façon étonnante et choquante dans (ses) compétences en matière d'organisation des championnats professionnels".
Ambiance... Vendredi déjà, juste après l'annonce du report, Montpellier avait annoncé saisir le tribunal administratif et le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour obtenir l'annulation de cette décision, et demander l'intervention de Laporte. Et le jour du match, le club avait fait constater par l'arbitre l'absence des joueurs du Racing.
Altrad dans la danse
Le propriétaire de Montpellier Mohed Altrad, dont le nom s'affiche désormais sur le maillot du XV de France, en a remis une couche mercredi: "La décision de reporter la rencontre a été prise par le Bureau de la LNR sans aucune concertation avec le MHR, imposée dans la précipitation, la veille du match, au soir." Et Altrad de souligner que "rien ne justifiait" l'annulation de la rencontre puisque, contrairement aux joueurs du Stade Français, ceux du Racing n'étaient pas en grève.
"Il nous semble, dans ces conditions, qu'une réflexion s'impose sur le mode de gouvernance et sur le fonctionnement de la LNR" ajoute l'homme d'affaires. Serait-il en quelque sorte téléguidé par Laporte, alors qu'il est devenu le premier partenaire maillot de l'histoire des Bleus, pour mettre des bâtons dans les roues de Ligue?
Il est en tout cas du côté de la Fédération, puisqu'il a refusé de s'opposer à celle-ci sur la question des contrats fédéraux. Contrairement à onze des quatorze clubs de l'élite, et comme Mourad Boudjellal, président de Toulon... club dont Laporte était le manager jusqu'en juin. Vous avez dit imbroglio?
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