Clermont-Toulon, le nouveau classique
Matches âpres et serrés, demi-finale de Top 14 gagnée par l’un, finale de H-Cup par l’autre, polémiques à gogo. Depuis deux saisons et demi, les rencontres entre Clermont et Toulon offrent des scénarios hitchcokiens. Fin stratège, Mourad Boudjellal est parvenu à sublimer ce duel sportif en joutes médiatiques. Le président du RCT débute son entreprise en janvier 2012. Excédé par l’expulsion de son joueur David Smith lors d’un match perdu à Marcel-Michelin, il parle de "sodomie arbitrale", laissant supposer que les Auvergnats sont avantagés. Un an plus tard, il attaque à nouveau. "Clermont fait partie du mensonge. Ils ont beaucoup de talents, une très belle équipe, mais ils ont beaucoup de moyens (…) J'aimerais bien avoir les moyens de Clermont, et je les en félicite."
Boudjellal a construit la rivalité
Ces provocations trouvent peu d’échos dans le camp adverse mais elles étaient le dernier ingrédient manquant pour faire basculer cette opposition dans une autre dimension. Sur le plan sportif, elle avait déjà connu sa part de tragédie. En mai 2010, les Jaunards terrassent les Varois en demi-finale du Top 14 grâce à un essai entaché d’un en-avant. Deux ans et demi plus tard, Toulon est en passe de faire tomber l’incroyable série de victoire de Clermont à domicile (21-21). Sur la sirène, M. Cardona accorde une pénalité litigieuse aux locaux. Brock James la passe (24-21). Les hommes de Bernard Laporte sont privés, à tort selon eux, d’un retentissant exploit. En avril dernier, ils ont pris leur revanche, non sans créer une nouvelle polémique. En finale de H-Cup, Delon Armitage signe un essai assassin qui donne la victoire aux Rouge et Noir. Sur l’action, l’arrière anglais "chambre" Brock James. Il avouera plus tard qu’il ne faisait que rendre la monnaie de leur pièce aux Auvergnats volontiers taquins sur les réalisations de Nalaga et… James.
La saison passée, les deux clubs avaient survolé la saison régulière, 11 et 12 points devant le Stade Toulousain, 3e. En perte de vitesse depuis leur dernier Bouclier de Brennus décroché en 2012, les Haut-Garonnais pourraient même manquer les phases finales du Top 14 cette saison. Comme un symbole, ce déclin correspond à l'irrésistible ascension des deux derniers finalistes européens. Co-leaders du championnat, Clermontois et Toulonnais n'ont pas encore fait le trou sur leurs poursuivants. La faute à une certaine irrégularité et à l'homogénéité de l'élite française. A l'heure de se rencontrer, les deux formations chercheront donc à se lancer de la meilleure des manières dans le sprint final. Avant leur quart de finale européen face à Leicester et au Leinster, les troupes de Vern Cotter et celles de Bernard Laporte devront respectivement se coltiner Brive et Toulouse.
La course aux recrues d'envergure
En concurrence sur le rectangle vert et dans les journaux, ASM et RCT le sont également sur le marché des transferts. Les deux formations mènent une impressionnante course à l'armement en vue de la saison prochaine. A l'arrivée des internationaux Nick Abendanon, Zac Guildford, Sébastien Vahaamahina et Jonathan Davies dans le centre de la France, les Sudistes ont répondu en décrochant les signatures de James O'Connor, Leigh Halfpenny, Ian Evans, Mamuka Gorgodze et Eric Escande. Sans oublier celle de Gerhard Vooslo, futur ex... Clermontois. Un nouveau facteur de tension, même si le Sud-Africain était en fin de contrat en Auvergne. En attendant l'émergence programmée de Montpellier et du Racing-Metro ou les retours en grâce de Toulouse et du Stade Français voire la confirmation castraise, Clermont et Toulon sont les deux plus gros bras du rugby tricolore. Ne manque plus qu'à entériner cette suprématie naissante avec un Bouclier de Brennus. Après un combat entre chefs au Stade de France?
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