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Tournoi des Six Nations : défense enfoncée, jeu au pied oublié, les paradoxes de la sensationnelle victoire du XV de France contre le pays de Galles

Vainqueur sur le fil du pays de Galles (32-30) au cours d'une fin de match exceptionnelle, le XV de France s'est offert un ascenseur émotionnel incroyable. Pourtant, si ce match restera dans les mémoires, son contenu a laissé à désirer sur divers points.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
La défense française en difficulté face à la charge du 3e ligne gallois Josh Navidi, le 20 mars 2021 (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA)

• Une défense sur les talons

Pour la première fois de l'ère Galthié, le XV de France a encaissé 30 points dans un match. Cela ne lui était plus arrivé depuis le (44-8) en Angleterre le 10 février 2019. Mais, parfois, les chiffres ne reflètent pas la réalité du terrain. La défense française a parfois ressemblé à des portes de saloon : ça entrait et ça sortait dans tous les sens. Pourtant, alors que les Français ont subi les impacts, reculé sur presque chaque percussion, qu'ils n'ont pratiquement jamais pu inverser la pression sur les plaquages, ils ont atteint un taux de 95% de réussite au plaquage (contre 86% à leurs adversaires), soit leur meilleur résultat depuis le début du Tournoi (89% contre l'Irlande et l'Italie, 84% contre l'Angleterre).

Mieux encore, les visiteurs ont raté la bagatelle de 36 plaquages, pendant que les Bleus en manquaient seulement 11. Et avec seulement six pénalités concédées (contre 14 au XV du Poireau), la France a vécu le match où elle a été le moins pénalisée cette saison. "Ils nous ont mis à mal, ils étaient morts de faim. On a rencontré quelques difficultés en défense mais on s'est bien rattrapés en deuxième mi-temps", résumait Gaël Fickou, le capitaine de la défense. 

Comme l'Angleterre, le pays de Galles avait opté pour un plan "anti-Dupont", pour limiter les espaces autour du demi de mêlée français et le garder "sous cloche". S'il a tout de même pu marquer un essai, et couvrir 65 mètres ballon en main (contre seulement 15 mètres face au XV de la Rose), le Toulousain a surtout fait jouer autour de lui : 69 passes.

Un record pour lui cette saison (il avait au plus délivré 57 passes contre l'Irlande). Sans doute les leçons de Twickenham... Et les hommes de Wayne Pivac ont associé à ce plan défensif une option offensive, en attaquant la zone du 9-10, qu'ils ont régulièrement traversée, notamment en 1re période. 

Véritable rampe de lancement des actions offensives tricolores grâce à une "rush defense" importée par Shaun Edwards, l'ancien coordinateur de la défense galloise pendant 11 ans, la défense française n'a pas brillé comme à son habitude. Mais, elle a résisté comme elle a pu, empêchant le XV du Poireau d'inscrire ce 4e essai, synonyme de point de bonus qui aurait permis au pays de Galles de remporter le Tournoi et d'empêcher la France de croire en ses chances, vendredi 26 mars en cas de succès bonifié contre l'Écosse. 

• Une alternance oubliée

Depuis que Fabien Galthié et son staff ont pris en main le destin de l'équipe de France, le jeu est devenu plus organisé, plus méthodique. La "structure" dont parlent souvent les joueurs est là pour leur offrir des solutions, pour avoir un fil conducteur. Et l'alternance entre jeu au pied (de pression ou d'occupation) et jeu à la main en est le révélateur fort.

La volonté est claire : inverser la pression par du jeu d'occupation pour s'appuyer ensuite sur une défense intraitable pour récupérer des ballons loin de notre zone d'en-but. Or, contre le pays de Galles, dans un match où la majeure partie du temps la France a défendu, cette variation n'a pas été d'actualité.

En un peu plus de 80 minutes, Brice Dulin a été le joueur qui a le plus tapé au pied (7 fois), suivi d'Antoine Dupont et de Romain Ntamack (4) soit un total de 15 coups de botte à trois. Or, sur les trois premières rencontres du Tournoi, les trois "botteurs en chef" avaient atteint le chiffre de 24 coups de pied contre l'Italie, 29 contre l'Irlande, et 25 contre l'Angleterre.

Et pour compléter le panorama, sur cette rencontre, la France a joué 317 ballons, et en a porté 139, là où sur les trois autres matches, en moyenne, elle en jouait 219 (soit 100 de moins) et n'en portait que 85 au maximum (soit 55 de moins). Ces chiffres montrent donc bien que le XV de France a délaissé le pied pour jouer davantage à la main, alors même que son premier essai était issu d'un intelligent coup de pied par dessus de Dulin.

• Une indiscipline presque pénalisante

Là-aussi, les 6 petites pénalités concédées par l'équipe de France laissent à penser que le collectif a su se montrer discipliné. Jamais l'équipe de France n'avait été aussi peu sanctionnée dans ce Tournoi 2021.

Malheureusement, il y a eu deux cartons infligés aux joueurs français. Mohamed Haouas, coupable d'être rentré par le côté dans un maul gallois qui avait passé la 5e vitesse, a d'abord quitté ses compagnons pendant dix minutes après ce carton jaune (59e). Puis, après de multiples visionnages dans tous les sens, Paul Willemse a écopé d'un rouge, (68e), synonyme de fin de match à 14. 

C'est la deuxième fois que les troupes de Fabien Galthié subissent cette double sanction. Rappelez-vous, l'année dernière, à Murrayfield, François Cros avait pris un jaune (5e) avant que Mohamed Haouas (37e) ne soit exclu à son tour. Au bout du chemin : la première et seule défaite des Bleus dans le Tournoi 2020.

D'ailleurs, à Édimbourg, le scénario d'hier s'était presque déjà produit avec la sortie rapide (8e) de l'ouvreur titulaire, Romain Ntamack, remplacé par Matthieu Jalibert. Face aux Gallois, les rôles ont été inversés entre les deux demis d'ouverture (22e). Au Stade de France, l'exclusion du deuxième ligne a correspondu au début de la folie française, qui a emporté les Diables Rouges, couplée aux deux cartons jaunes reçus par les Gallois en fin de rencontre. Tout un paradoxe.

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