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Sa sélection dans le XV de France, le match contre l'Irlande, la Coupe du monde... Ethan Dumortier se confie à franceinfo

Le XV titulaire, qui a affronté l'Italie à Rome, a été reconduit pour le déplacement de Dublin, où les Bleus défient l'Irlande lors de la 2e journée du Tournoi des six nations, samedi 11 février. Parmi eux, le "petit nouveau" Ethan Dumortier.
Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Ethan Dumortier lors du match contre l'Italie, à Rome le 5 février 2023 (MARCO IACOBUCCI / IPA-AGENCY.NET / MAXPPP)

Le XV de France joue samedi 11 février son deuxième match du Tournoi des six nations, contre l'Irlande. Le sélectionneur Fabien Galthié n'a procédé à aucun changement par rapport à l'équipe qui est allée battre l'Italie le week-end dernier à Rome. L'ailier de Lyon Ethan Dumortier, 22 ans, jouera donc pour la deuxième fois sous le maillot bleu. À la veille de ce déplacement à Dublin, il s'est confié à Fanny Lechevestrier.

franceinfo : L’Irlande, c'est la formation numéro un mondiale en ce moment. Cela va être encore un ton au-dessus de l'Italie, avec un stade entier qui va pousser, une ambiance énorme à Dublin, est-ce que l’on peut se préparer à cela ? 

Bien sûr, on a eu vent de ce qui se disait dans la presse irlandaise, qui parlait d'une mobilisation de leur public. Mais personnellement, je trouve que c'est toujours mieux de jouer dans un stade plein. Peu importe quelle équipe soutient le public, cela fait toujours plaisir d’évoluer dans de telles ambiances. On sait qu’un gros morceau nous attend ce week-end, mais je pense que l’on a préparé ce rendez-vous au mieux avec le temps qu'on avait. On connaît le jeu irlandais, on les a déjà affrontés plusieurs fois. On connaît leurs points forts mais on a travaillé aussi sur leurs quelques points faibles. On a aussi beaucoup appuyé sur nos points forts pour que cela se passe comme ça s'est passé les trois dernières fois contre l'Irlande, où on est ressorti avec la victoire. Voilà, l'objectif pour nous est simple : c'est d'essayer de réitérer cette performance pour continuer comme il faut dans ce Tournoi des six nations.   

 

Vous n’avez que 22 ans, ce sera votre 2 e cape contre l’Irlande mais vous parlez déjà comme quelqu’un d’aguerri.

Je ne sais pas si on peut employer le terme d’aguerri. Pour moi, l'objectif dans ce groupe, c'est d'apporter ce que je sais faire, un peu aussi ma bonne humeur et ma fraîcheur. Dans ce groupe, j'ai un rôle de simple soldat : il y a des leaders qui sont là pour tout ce qui est stratégie, pour accompagner l’équipe, la guider. Moi, je suis un jeune joueur qui arrive. Je fais de mon mieux pour me mettre à la page. Face à l’Italie, j’ai été quand même rapidement surpris par l'intensité du jeu proposé par les deux équipes. C'est quelque chose dont on m'avait parlé en amont. Mais tant qu'on ne l'a pas vécu, c'est compliqué de se rendre compte. Voilà, maintenant, c'est fait, je l’ai vécu. Je sais que ce week-end, ce sera encore plus fort. Mais je me suis préparé physiquement, je me sens bien. Je suis prêt. 

"On n’est jamais vraiment préparé à vivre une première sélection."

Ethan Dumortier

à franceinfo

Est-ce que vous vous attendiez tout de même à ce que tout cela vous arrive aussi vite, cette sélection, cette participation au Tournoi ?  

Non…Sincèrement, je ne sais pas si on peut s'attendre à ça. Dans mon cas, je ne m'y attendais pas forcément. J'avais fait la préparation de novembre mais c’est tout. Oui, c’est vrai, je suis le meilleur marqueur d’essais du Top 14 pour le moment mais vous savez, marquer des essais à mon poste, c’est la conclusion de tout un travail collectif je ne les ai pas fait tout seul, loin de là ! Pour moi, lors du stage de préparation, l'objectif c'était de faire au mieux, de ne pas avoir de regrets, de donner mon maximum et si, par chance, j'étais sélectionné, eh bien, je jouerai ma chance jusqu'au bout et je prendrai du plaisir. C'est ce que j'ai fait. Et je vais continuer à travailler dur.  

Vous avez pourtant été champion du monde des moins de 20 ans. Vous pensiez forcément à ce XV de France?  

Bien sûr, on y pense, tous les joueurs pensent à l’équipe de France. Mais en 2019, avec les moins de 20 ans, j’avais peu joué, j’évoluais avec ceux qui avaient un an de plus que moi. J’avais donc la volonté, la saison suivante, de retrouver un peu plus de temps de jeu, de faire partie des leaders de l'équipe… malheureusement, avec le Covid, pas mal de choses ont été reportées et cela a mis un peu en suspens ma page "Equipe de France jeune".

>> À lire aussi :  Qui est Ethan Dumortier, la nouvelle perle du rugby français ?

Après, forcément, les Bleus, on y pense toujours dans un coin de la tête. Mais je ne suis pas sûr que l'on soit préparé pour une première sélection. On verra maintenant si j'ai la chance d’enchaîner les matchs. La Coupe du monde en France ? Je n’ai bien sûr aucune certitude. On n’y est pas encore. 

Enfant, certains ne vous donnaient aucun avenir. À l’école, vous aviez été diagnostiqué hyperactif. Quel chemin parcouru. C’est une belle leçon… 

C’est vrai, j'avais ce souci-là à l'école, j'avais beaucoup de mal. En fait, le gros problème pour moi, c'était la concentration. Il m’était quasiment impossible de rester sur une chaise, durant une heure, à écouter un cours. Moi, j'étais le genre d'élève à trouver la moindre excuse pour me lever et faire autre chose dès que j'en avais l'opportunité. Donc c'était compliqué. On est nombreux dans une classe, il faut que tous les élèves puissent suivre un peu la même ligne de conduite. Scolairement, je ne m'épanouissais pas. Il n'y avait pas grand chose qui me plaisait, à part l’EPS. Mes parents l'ont senti : pouvoir faire du sport, c’était me permettre d'extérioriser un peu les semaines où j'étais à l'école et de trouver des moments où je puisse sortir toute mon énergie.

Est-ce qu'on peut dire que le sport vous a presque sauvé ?

Le sport, c'est ma vie. Mot pour mot, toute ma vie. Donc potentiellement, oui, le sport m'a sauvé. Mais je pense qu’au-delà de me sauver, le sport m'a surtout beaucoup aidé à me construire en tant qu'adolescent et à savoir un peu où je voulais aller, mes valeurs et ce que je voulais faire dans la vie. J'ai eu très longtemps du mal à savoir scolairement ce que j'avais envie de faire plus tard. Et d'ailleurs il m'est impossible aujourd'hui de savoir ce que je ferais si je ne faisais pas du rugby. Pour l'instant, je n'ai pas de questions à me poser. Tant mieux, j'en profite et c'est aujourd’hui un plaisir de faire de ma passion mon métier.

Aujourd'hui, si j'ai un conseil à donner, c'est qu'il n'y a aucun chemin tracé à l’avance. À partir du moment où on aime quelque chose, il faut se lancer dedans à fond et se donner toutes les chances de réussir. L'objectif, c'est de ne pas avoir de ne pas avoir de regrets, même si même si on a tout tenté, qu'on ne réussit pas, c'est toujours plus facile à accepter que de se dire deux ans plus tard. Peut-être que si j'avais su, j'aurais pu faire quelque chose de bien. Je pense que c'est ça la ligne de conduite. 

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