6 Nations : EDITO. XV de France, attention à la fièvre bleue
Un temps menacée par la météo et la tempête Ciara, la rencontre France-Italie a bien eu lieu dimanche au Stade de France. Tant mieux pour les Bleus, qui l’ont emporté 35-22, avec un bonus offensif à la clé, et qui s’installent en tête du tournoi des Six Nations après deux journées. Ces vents qui menaçaient le match ont donc finalement soufflé dans le dos du XV de France. Depuis, ils ont tourné et portent l’espoir d’un pays de rugby meurtri par une décennie en enfer qui rêve de regoûter aux joies d’une victoire dans le Tournoi. Mais comme tout courant d’air, ils peuvent rendre malade. Attention donc, à la fièvre bleue.
Double incubation à Saint-Denis
Certes, l’équipe de France est en tête du Tournoi après deux journées, une première depuis 2014 (ex-æqo avec l'Irlande). Les Bleus l’ont mérité, après leur victoire éclatante contre les vice-champions du monde anglais, et celle contre l’Italie. Si la première ne souffre d’aucune contestation, la seconde est bien plus inquiétante. Oui, le XV de France s’est imposé avec le bonus offensif contre les Transalpins, mais c’est bien le seul point positif. En vérité, au terme d’un match brouillon et indiscipliné, la France s’en tire bien.
Contre l’Italie, qui restait sur 23 défaites consécutives dans le Tournoi au coup d’envoi (!), les Bleus ont déçu, à peu près à tous les niveaux. Offensivement, le bonus est plus le fruit de plusieurs exploits individuels (Ntamack, Serin) que d’une animation cohérente et efficace. Défensivement, les Bleus ont encaissé 3 essais par la plus faible équipe du tournoi, et raté un nombre incalculable de plaquages. Quant aux touches et aux mêlées, elles révèlent la fébrilité persistante des Français.
Certains expliqueront tout cela par la décompression inévitable au moment de recevoir la supposée faible Italie. D’autres par les conditions météo, qui excusent le 3 sur 7 au pied de Ntamack. Sans tomber dans un pessimisme exacerbé, il convient de relativiser cette euphorie pour ne pas tomber dans son inverse : un optimisme débordant, une fièvre bleue. Oui, les Bleus sont en tête du Tournoi après deux journées, mais non, le match contre l’Irlande ne sera pas une finale !
Le vaccin gallois
Bien avant de recevoir le XV du Trèfle le 14 mars au Stade de France, les Bleus iront en Ecosse le 8 mars, et surtout au pays de Galles le 22 février. Ce même XV du Poireau tenant du titre, auteur d’un grand chelem l’an passé, bourreau des Bleus en quarts de finale de la Coupe du monde en octobre dernier, et battu samedi par l’Irlande. Une bête féroce, et blessée, que les Bleus auront bien du mal à terrasser à Cardiff s'ils affichent le même niveau de jeu que face à l'Italie. Ce pays de Galles qui, lui, n’a pas fait dans le détail contre la Squadra Azzurra (42-0).
Au-delà de ce déplacement périlleux à Cardiff, suivi de celui à Edimbourg, l’équipe de France, tout aussi leader du Tournoi qu'elle soit, reste aussi jeune et inexpérimentée. Ce qui, certes, ne l’a pas empêchée de tenir tête aux Anglais, n’en déplaise à Eddie Jones. Mais cet exploit sonne aussi la fin de l’effet de surprise. En battant son meilleur ennemi à la rose, le XV de France a prévenu le reste de l’Europe. Autrement dit, nos Bleus sont maintenant attendus.
En 2010, année du dernier Grand chelem tricolore, les Bleus avaient remporté leur troisième match au pays de Galles. Un bon présage ? Pas sûr. Car en 2014, après deux victoires en deux journées, déjà contre l’Angleterre puis l’Italie, les Français - deuxièmes à la différence de points derrière l'Irlande - avaient subi la tempête galloise (27-6), avant de finir quatrièmes du tournoi. Alors prudence, car si les scientifiques travaillent à un vaccin contre le Coronavirus, les Gallois semblent déjà maîtriser celui contre la fièvre bleue.
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