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Chabal tire sa révérence

Sébastien Chabal a décidé de mettre un terme à sa riche carrière. Il l'a annoncé aujourd'hui lors d'une conférence de presse, à Lyon. Il disputera son ultime match pro dimanche à La Rochelle. Le barbu le plus célèbre du sport français s’en va au bout d’un long et beau parcours débuté à Valence et achevé au Lyon Olympique Universitaire. L’ancien 2e ligne ou 3e ligne du XV de France totalise 62 sélections avec les Bleus. Il a remporté le Tournoi des 6 Nations en 2007 et en 2010 (Grand Chelem), le Challenge européen en 2005 et le championnat d’Angleterre en 2006 (avec Sale).
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Un phénomène médiatique ! Voilà comment se présente Sébastien Chabal. Reconnu dans le milieu rugbystique comme un très bon joueur (mais parmi d’autres), le colosse au look d’homme des cavernes n’a en revanche pas d’égal au niveau grand public. Sa notoriété dépasse largement celle des autres stars de l’ovalie (Frédéric Michalak, Jonny Wilkinson).

"Chabalmania"​

Seul la montagne Jonah Lomu, le plus médiatique All Black de l’histoire, semble pouvoir rivaliser avec le Drômois aux épaules de déménageur. Sa barbe noire fournie et ses cheveux longs en ont fait une icône de la pub au même titre que certains footballeurs. En quelques années, entre la Coupe du monde 2007 en France et le Mondial 2011 en Nouvelle-Zélande (pour lequel il n’est pas retenu), Chabal est devenu l’un des sportifs les plus populaires de France, au même titre qu’un Tony Parker, un Franck Ribéry ou un Jo-Wilfried Tsonga.

L’origine de cette vague de sympathie aussi spontanée qu’inattendue ?  Un plaquage sur Chris Masoe et une énorme charge sur Ali Williams lors d’un test du XV de France face aux Blacks, en juin 2007 aux Antipodes (12 millions de pages vues). Le futur 2e ligne toulonnais, sonné pour le compte, avait fait de la réclame pour des soupes sur son lit d’hôpital car il ne pouvait plus avalé que ça, à la paille. La réputation de Sébastien Chabal venait de dépasser le strict cadre de l’hexagone.

Produit de la Berjallie

Ancien ouvrier tourneur-fraiseur, il découvre le rugby sur le tard, à 17 ans. Après ses débuts à Valence, il éclate au plus haut niveau à Bourgoin, entre 1998 et 2004, aux côtés de vaillants soldats comme Julien Bonnaire, Lionel Nallet, Pascal Papé, Olivier Milloud. Il ne gagne aucun trophée mais monte en puissance et se voit attribué quelques sobriquets (le "Sécateur", "Cartouche", "Raspoutine").

Repéré par Philippe Saint-André qui l’attire à Sale, Chabal se fait un nom chez les Sharks, et des surnoms en pagaille. Pour les Anglais, il est "Attila", "Caveman", "Hannibal Lecter" ou encore "Seabass". Il se forge un début de palmarès (championnat d’Angleterre en 2006, un an après le Challenge européen) et devient un joueur majeur.

Un million d’euros par an

Il s’impose aussi au sein du groupe France (victoire dans le tournoi 2007 sous les ordres de Bernard Laporte qui le préfère en 2e ligne, Grand Chelem en 2010 sous la férule de Marc Lièvremont qui l’adore en joker) même s’il ne figure pas toujours dans le XV de départ. Il n’a d’ailleurs été titulaire qu’à 29 reprises sur 62 capes, faute d’avoir su faire l’unanimité (six essais inscrits en sélection).

Car c’est bien le drame. S’il est devenu une bête de scène (les plateaux de télévision se l’arrachaient), s’il gagnait un million d’euros par an uniquement grâce à ses contrats publicitaires du temps de sa splendeur, et s’il fit son entrée au célèbre Musée (de cire) Grévin en 2011, Sébastien Chabal n’a pas tout le temps convaincu les observateurs de la chose rugbystique sur son réel potentiel (il a même été limogé par le Racing-Métro en février 2012 pour n’avoir pas apporté ce qu’il devait apporter).

"Impact player"

Trimballé entre les postes 4, 6 et 8, Chabal a toujours dépanné sans jamais vraiment se fixer. Il a donc fait des mécontents dans un sport conservateur qui n’aime pas trop les têtes qui dépassent. Les critiques sont arrivées, moquant son incapacité à jouer tout un match à fond, insistant d’abord sur ses erreurs défensives et voyant avant tout en lui un impact player propre au rugby pro.

Il n’empêche que l’homme s’est accompli dans cette école de la vie qu’est le rugby. Ses coéquipiers l’ont toujours adoré, lui reconnaissant un certain tempérament sur le terrain et une vraie joie de vivre en dehors, à Bourgoin ou au Racing comme au LOU où il conclut en ce joli mois de mai une trajectoire atypique, sans commune mesure avec la relative confidentialité d’un sport –in fine- moins médiatique que lui.

"Dimanche, je vais arrêter ma carrière de joueur de rugby et de sportif de  haut niveau. Je mesure la chance que j'ai eu, la chance d'arrêter sur un titre  et de finir la mission pour laquelle j'étais venu, celle d'aider le LOU à  monter", a expliqué Sébastien Chabal en conférence de presse, après avoir aidé Lyon, son dernier club, à remonter  en Top 14. Il sera l'invité de Stade 2 le dimanche 18 mai.

Vidéo: Chabal, l'heure de la retraite

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