XV de France : "Il faut que ces joueurs butent beaucoup plus en club pour pouvoir gérer la pression", selon Frédéric Michalak
Morgan Para, Camille Lopez, Baptiste Serin, Thomas Ramos et Romain Ntamack : ces cinq joueurs du XV de France ont partagé le rôle de buteur sur les six dernières rencontres disputées par les Bleus. Et le résultat est inquiétant : 54% (14/26) de réussite sur les pénalités et les transformations tentées.
"Il faut que ces joueurs-là butent beaucoup plus en club pour pouvoir gérer d’avantage la pression."
Un problème de régularité est donc le premier élément d’explication sur ces échecs récurrents. "Il faut que le joueur bute en club aussi, ce n’est pas le cas de Lopez, c’est plus le cas de Ramos qui est un des meilleurs buteurs du championnat, explique Frédéric Michalak. Ce n’est pas le cas non plus de Serin : à Bordeaux ce n’est pas lui le buteur principal. Il faut que ces joueurs-là butent beaucoup plus en club pour pouvoir gérer d’avantage la pression."
Auteur de 224 points au pied la saison dernière en Top 14 (39 pénalités, 52 transformations et un drop), Thomas Ramos semble avoir la carrure pour endosser le costume du buteur du XV du coq. Le Toulousain, titularisé pour le deuxième match de préparation face à l’Ecosse, est conscient de la responsabilité qu’on lui offre : "Je sais ce que l’on demande à un buteur international. Si ce n’est pas du 100% tous les week-ends, c’est au moins du 90%."
Une pression qui impose d’avoir les nerfs solides pour affronter les poteaux. "La pression, on la ressent sur certains matches et je pense que c’est bien pour la confiance du buteur. On sait que nous, les buteurs, on peut tout mettre, prolonge Michalak. C’est comme le golfeur, il s'entraîne beaucoup et le jour J, il peut se passer ce qui peut se passer. Ça demande une constante remise en question, énormément de travail et d’humilité par rapport au geste. C’est un rôle à part."
Un rôle tellement à part que son importance est pointée du doigt avant chaque grande compétition mais ne doit cependant pas être le centre des attentions selon l’ancien international tricolore : "Aujourd’hui dans le rugby moderne je pense que ce n’est pas le poste le plus important comme il l'était à une époque. Maintenant, il n’y a quasiment plus de drop goal, alors que nous, on en tapait énormément. Le buteur, quand on regarde les Blacks ou les autres grosses nations jouer, à part l’Afrique du Sud qui a un jeu au pied monstrueux, ce n’est pas lui qui fait la différence : c’est le collectif avec son animation offensive et défensive."
"C’est toujours bien d’avoir un buteur capable de taper des 50 mètres."
"Maintenant, c’est sûr que c’est toujours bien d’avoir un buteur capable de taper des 50 mètres pour concrétiser certaines actions fortes, ce que l’on n’a pas encore aujourd’hui", avoue l’ancien 10 du XV de France. Le staff français doit donc maintenant trancher pour enfin responsabiliser définitivement celui qui tapera au pied.
"L’avantage c’est que l’on a plusieurs joueurs avec différents profils. S’il faut mettre Ramos sur le terrain, il faut en enlever un autre. C’est la grosse difficulté. Pour moi, au poste de 10 et au vu de l’expérience d’un Camille Lopez et de ce qu’il montre, c’est quelqu’un qui a aujourd’hui la possibilité de jouer au plus haut niveau à ce poste, analyse Michalak avant de s’interroger : est-ce que l’on prend le risque de jouer sur la jeunesse ou prendre Camille Lopez qui semble être le choix numéro 1 de l’entraîneur ? On aura peut-être un buteur d’expérience en moins mais Lopez sait buter et le fait très bien. C’est là toute la difficulté sur des matches serrés comme à la Coupe du monde."
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