Un XV de France légèrement remanié pour la finale ?
C'est peu probable mais Marc Lièvremont doit sûrement se poser la question. Même s'il est toujours délicat de sortir un ou deux joueurs d'une équipe qui retrouve des couleurs après une première phase très difficile, le sélectionneur français ne sait que trop bien que sa formation commence à donner des signes de fatigue bien compréhensibles. Déjà en seconde période contre le XV de la Rose, l'équipe de France avait décliné et tenu au courage dans les ultimes minutes du match. Face aux Dragons gallois, la rencontre s'est avérée de nouveau très intense malgré la supériorité numérique tricolore et certains cadors n'ont pas terminé la partie très frais.
La troisième ligne, qui s'est beaucoup employée comme à l'accoutumée (22 plaquages pour Dusautoir, 20 pour Harinordoquy), a montré des signes d'essoufflement. En première ligne, Nicolas Mas (pas encore au top après sa blessure) et William Servat (qui commence à faire son âge et ne tient plus qu'une mi-temps à fond) ont également baissé d'un cran contre les Diables Rouges. Aurélien Rougerie n'affiche pas non plus sa forme optimale depuis le début de la compétition et il ne fait que défendre et subir en ce moment.
Trinh-Duc en 10 et Parra en 9
Mais la principale interrogation provient de la charnière et notamment de la présence de Dimitri Yachvili. Diminué par une contusion à une cuisse, il n'a pas eu le rendement affiché face aux Anglais en quart de finale. Auteur d'une faute de main sur une situation favorable dans les 22 mètres gallois (47e) et de mauvaises orientations, le Biarrot s'est montré trop lent, ce que ses détracteurs lui reprochent souvent. Il s'est efforcé de gérer et d'occuper le camp adverse grâce à ses coups de pied astucieux mais n'a jamais vraiment pu imprimer un rythme élevé quand les Bleus dominaient devant, en mêlée fermée ou dans les rucks.
La question se pose clairement: faire glisser Morgan Parra, par ailleurs très satisfaisant à l'ouverture, en 9, et l'associer à François Trinh-Duc, sous-exploité (une demi-heure de jeu plutôt bonne contre les Anglais et rien ce samedi), n'est-elle pas la solution idéale pour aborder la finale dans les meilleures conditions ? En début de Coupe du monde, Yachvili était parti pour être titulaire et buteur, mais les prestations de Parra sont supérieures aux siennes, même quand le Clermontois n'évolue pas à son poste de prédilection. Et le Lorrain (12 pénalités réussies depuis le début du Mondial) bute mieux que son coéquipier, auteur d'un 2/5 inquiétant en quarts de finale. Enfin, s'il convient de souligner que l'association des deux demi-de-mêlée n'est pas le fiasco annoncé par les journalistes avant le match contre les All Blacks, force est de constater que le tandem Parra-Trinh-Duc possède un vécu plus important, les deux hommes ayant régulièrement joué ensemble depuis les débuts de Marc Lièvremont en 2008. Surtout, la France évoluerait avec une "charnière à deux pieds forts", Parra étant gaucher et Trinh-Duc droitier.
Picamoles de retour sur le banc ?
D'autres changements seront peut-être envisagés par le staff tricolore mais ils concerneront davantage le banc de touche que le XV titulaire. Contre les Gallois, sous la pluie d'Auckland, les Bleus ont manqué d'un franchisseur comme Raphaël Lakafia ou Louis Picamoles, Fulgence Ouedraogo étant plus un troisième ligne coureur comme Bonnaire ou Harinordoquy. Pour contrer la puissance néo-zélandaise, ce choix sera déterminant. Quant à l'idée d'évoluer avec une charnière Parra-Trinh-Duc et donc Yachvili remplaçant, elle permettrait de se passer de l'inexpérimenté Jean-Marc Doussain (l'appelé de la dernière minute) pour privilégier un banc avec David Marty ET Cédric Heymans (ou Damien Traille pour son jeu au pied puissant).
Voilà. Marc Lièvremont et son staff ont le choix. Celui de rester conservateurs et d'attendre le verdict que livrera la finale du 23 octobre, ou celui de surprendre la Nouvelle-Zélande à défaut d'innover pleinement. En incorporant quelques nouveaux ingrédients dans la soupe, le sélectionneur national éviterait les erreurs commises en 1987 et 2007 lorsque Jacques Fouroux et Bernard Laporte avaient décidé de reconduire à l'identique les formations victorieuses des Wallabies (en demi-finales) et des All Blacks (en quarts de finale). La semaine suivante, la France fatiguée avait subi la loi de la Nouvelle-Zélande (29-9) et de l'Angleterre (14-9). De façon impitoyable et logique. Il est grand temps de tordre le cou aux vieux préceptes.
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