Cet article date de plus de treize ans.

Les Tigres celtiques au niveau des grands

Même si on les savait capables d'exploits ponctuels, personne n'attendait Gallois et Irlandais à un tel niveau en début de Coupe du monde. Mais la jeunesse de la Principauté et l'expérience des cadres de la verte Erin ont permis à ces deux outsiders de poser des jalons intéressants à l'entame de la dernière ligne droite de la compétition. Et l'un des deux poursuivra son chemin (au moins) une semaine de plus…
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Irlande/pays de Galles, il y a une quinzaine d'années, constituait souvent le match de la dernière chance. Le gagnant sauvait la mise et le perdant se voyait offrir la célèbre cuiller de bois "récompensant" l'équipe ayant perdu ses quatre rencontres dans le Tournoi des VI Nations. Ce n'est heureusement plus le cas et les Verts comme les Diables Rouges trustent les succès et suscitent l'admiration des observateurs pour la qualité de jeu proposé. Depuis une décennie, l'Irlande est probablement la formation la plus régulière du continent et c'est même assez injuste qu'elle ait dû attendre 2009 pour concrétiser les rêves de tout un peuple avec le second Grand Chelem de son histoire. Des joueurs comme Paul O'Connell, Ronan O'Gara ou Brian O'Driscoll sont devenus des légendes vivantes sur l'île d'émeraude. Inutile de dire qu'une place dans le dernier carré serait accueillie comme le couronnement d'une génération exceptionnelle. 

Maturité irlandaise...

D'autant que les Verts doivent une revanche à leurs supporters après le fiasco de 2007 (défaites contre la France et l'Argentine et élimination d'entrée). Motivés, les Celtes ont attaqué la compétition sur la pointe des pieds après quatre échecs lors des matches de préparation (France deux fois, Angleterre puis Ecosse). Cela ne les a pas empêchés de battre successivement les Etats-Unis, l'Australie (15-6 lors d'une leçon tactique mémorable), la Russie et l'Italie lors du match décisif (36-6). Avec deux ouvreurs de classe internationale (Sexton et O'Gara), une paire de centre D'Arcy-O'Driscoll qui se trouve les yeux fermés, un pack conquérant au sein duquel la troisième ligne Ferris-Heaslip-O'Brien s'éclate, et un trident offensif Earls-Kierney-Bowe vif et puissant, la sélection irlandaise possède le potentiel pour viser très haut (la finale n'est pas impossible quand on regarde le tableau). Les Verts ont battu Gallois et Anglais très souvent depuis le Mondial 2003 et seul le XV de France reste un os difficile à ronger pour eux. Or, vu le niveau actuel des Bleus, le XV au Trèfle n'aura pas à l'affronter…

Puissance galloise

Côté gallois, l'espoir n'est pas moins grand d'atteindre pour la première fois la finale planétaire. Troisièmes de l'édition 1987, les Diables Rouges peuvent viser plus haut en rapport avec leur potentiel du moment. Après avoir échoué de très peu contre l'Afrique du Sud lors de leur premier match (17-16), le pays de Galles a su rebondir en écartant les Samoa (17-10), adversaire direct pour la qualification, puis la Namibie et les Fidji, ces deux derniers rivaux atomisés par la furia rouge vif. Victorieux de deux tournois (avec Grand Chelem à la clef) en 2005 et 2008, les joueurs de la Principauté n'ont jamais pu confirmer sur la durée leurs qualités de perforation et leur esprit d'entreprise. Les Gallois ne sont pas du genre à rechigner à la tâche et ils n'ont peur de personnes, pas même des All Blacks. Alors, quand ils ont scruté le tableau européen dans lequel ils sont placés pour cette dernière ligne droite de compétition, les hommes de Warren Gatland (ancien coach de l'Irlande) n'ont pas paniqué. Ils y ont vu un signe clair, une chance extraordinaire de rentrer dans l'histoire de leur pays.

Battre l'Irlande puis l'Angleterre (ou la France) semble tout à fait dans les cordes d'une équipe armée pour le combat malgré une légère faiblesse au niveau du cinq de devant. La troisième ligne (avec notamment le jeune capitaine Warburton), la paire de demis Phillips – Priestland ou les expérimentés Lee Byrne et Shane Williams sont autant d'atouts pour voyager loin. Au centre de la ligne d'attaque, Jamie Roberts (1,93 m, 110 kg) joue avec succès le rôle de passe-muraille: soit il ouvre des brèches pour ses coéquipiers qui viennent ensuite à hauteur pour enchaîner, soit il mobilise la défense. Un autre jeune (19 ans !) présente les mêmes caractéristiques - vitesse et puissance - l'ailier Georges North (1,92 m, 105 kg) qui profite d'excellents appuis pour exprimer ses capacités athlétiques. De quoi rivaliser avec l'Irlande et les autres ténors de la compétition encore en lice. Samedi, le pays de Galles et l'Irlande vont se disputer sur 80 minutes le droit de rêver. Et de faire rêver les nombreux supporters qui les supportent, au pays ou en Nouvelle-Zélande.

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