Les bourreaux des All Blacks
C'est un fait, les All Blacks ont beaucoup déçu en Coupe du monde. Malheureusement pour leurs fans, ils sont souvent tombés sur des équipes évoluant à un niveau insoupçonné, portées par des hommes clefs qui ont anéanti les ultimes espoirs adverses aux moments clefs. Le premier joueur à leur avoir fait très mal fût sans conteste David Campese. Lors d'une superbe demi-finale disputée à Lansdowne Road (Dublin), l'ailier des Wallabies a "tué" les Blacks en une mi-temps, marquant un magnifique essai en coin puis offrant le second au jeune Tim Horan après un tour de passe-passe splendide. Les Australiens s'imposaient finalement 16-6 sans qu'il n'y ait rien à redire. Campese, lui, était déjà la star d'un pays qui allait conquérir le trophée la semaine suivante contre l'Angleterre à Twickenham.
Le drop de Stransky
Quatre ans plus tard, les Néo-Zélandais allaient de nouveau tomber les armes à la main, contre l'Afrique du Sud qui évoluait à domicile. Dans l'Ellis Park rempli à ras bord, et sous les yeux de Nelson Mandela, les Springboks tenaient tête aux Blacks avant de porter l'estocade dans la prolongation (15-12). L'ouvreur Joël Stransky, peu connu hors de son pays, marquait tous les points de son équipe au pied, trois pénalités et deux drops dont celui de la gagne. Il venait de ruiner d'un coup le superbe parcours effectué par les rivaux à la fougère argentée, intraitables jusqu'alors (larges succès notamment contre l'Angleterre, laminée en demi-finale par un extraterrestre nommé Lomu).
En 1999, c'est un minot qui allait subjuguer Twickenham et toute la planète rugby: Christophe Dominici, le Toulonnais monté à Paris, lançait la révolte en première période alors que les All Blacks semblaient devoir voguer vers une victoire tranquille. Sur une sortie de mêlée, bien servi par Fabien Galthié, "Domi" mystifiait quasiment toute l'arrière garde adverse pour échouer à quelques mètres de la ligne d'essais. Heureusement pour la France, l'action rebondissait et "Titou" Lamaison inscrivait le premier essai tricolore, celui de la révolte. En seconde période, les Bleus utilisaient parfaitement le jeu au pied pour déborder les Blacks et Dominici crucifiait Mehrtens en cueillant la balle au bond pour filer entre les perches. Les Néo-Zélandais n'allaient jamais s'en remettre, s'inclinant finalement (43-31).
Les plaquages de Dusautoir
Les All Blacks comptaient bien se reprendre lors de l'édition 2003 mais ils butèrent sur leur voisin aussie à la surprise générale, en demi-finale à Sydney, devant 82 000 spectateurs aux anges. Ce jour-là, sous la pluie, les Wallabies décidèrent de priver de munitions les dangereuses lignes arrières blacks. Ils misaient sur la conservation du ballon et poussaient leurs rivaux à la faute. Le buteur Elton Flatley se chargea de scorer dès que possible et l'écart grandissait logiquement pour s'arrêter sur un 22-10 sans appel.
La Nouvelle-Zélande aura davantage de regrets quatre années plus tard lors d'un quart de finale homérique disputé à Cardiff face au XV de France. L'homme du match fût sans conteste le flanker Thierry Dusautoir, auteur de 38 plaquages. Il galvanisa la défense bleue qui ne lâcha rien tout au long du match même à 9-0. A douze minutes du terme, Jauzion marquait l'essai de la victoire (20-18) sur un caviar de Michalak pour un triomphe tricolore et une nouvelle Berezina noire. Les All Blacks ont dix jours et deux matches pour éviter un nouveau dueil. A moins qu'un nouveau bourreau ne vienne s'immiscer dans le rêve de tout un peuple fondu de rugby mais guère récompensé ces deux dernières décennies
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