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Les Bleus échouent encore en Australie

On va finir par s'habituer à ces tournées où le XV de France repart ridiculisé des Antipodes. Samedi, les Bleus ont essuyé à Sydney une nouvelle lourde défaite (39-13). Un troisième revers face aux Wallabies qui pose de sérieuses questions sur son avenir et sa capacité à bousculer les nations du sud à un an du Mondial en Angleterre.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Trois défaites face aux All Blacks en 2013, trois défaites face aux  Wallabies cette année, et le sentiment diffus mais persistant d'un fossé  grandissant entre les nations des antipodes et un XV de France englué dans des  abîmes d'interrogations. Il y a bien sûr ces interminables saisons, partagées entre Top 14, Coupe  d'Europe et matches internationaux, qui précipitent les joueurs sur les rotules  une fois venu le temps de se plonger dans l'automne austral. Et il semble  parfois qu'il ne reste plus aux Bleus que l'énergie du désespoir et celle de  l'honneur piqué pour faire tourner le moteur. Ce fut le cas à Melbourne lors du deuxième test-match, perdu 6 à 0 en  déployant beaucoup d'ardeur défensive pour nuancer l'affront de Brisbane  (50-23) en ouverture de la tournée. Mais on se demande toujours quelles autres recettes appliquer pour  enclencher la dynamique de succès alors qu'il ne reste que la trilogie de  novembre (Fidji, Australie, Argentine) et le Tournoi des six nations 2015 pour  se roder avant le Mondial ? Car outre la dimension physique - et c'est parfois un corollaire - les  Bleus ont été mis face à leurs limites techniques quand l'intensité augmente.  Le chantier de l'attaque se morfond encore à ciel ouvert, avec seulement trois  essais inscrits en trois matches, des combinaisons téléphonées ou inexistantes  et un important déchet dans le jeu courant. Certes, le manager Philippe Saint-André et ses adjoints Yannick Bru et  Patrice Lagisquet doivent s'accomoder des relations orageuses avec les clubs du  Top 14, ainsi que des aléas du calendrier. Mais en ne parvenant pas à faire  grandir durablement une équipe incapable d'imposer son style, leur part de  responsabilité ne cesse de croître. Et la pression sur leurs épaules aussi.

Dusautoir, triste record

Samedi, il a dû paraître bien loin aux anciens ailiers Saint-André et  Lagisquet ce jour de juin 1990 où ils triomphaient au Sydney Football Stadium,  pour décrocher la dernière victoire en date du XV de France face aux Wallabies  sur le sol australien (28-19). Et Thierry Dusautoir n'aura guère de raison de célébrer son 43e capitanat  en équipe de France qui le voit battre le record de Fabien Pelous. Car les Bleus ont vécu un calvaire lors d'une première demi-heure où le  ballon et le camp adverse n'ont été que des mirages pour eux. A 20 à 3 à l'issue de ces trente minutes, il était déjà acquis que l'équipe  de France ne reviendrait pas, à moins d'un miracle. Le géant deuxième ligne Will Skelton était déjà passé par là pour renverser  la défense française et fêter dignement sa première sélection (9), après que  ses coéquipiers eurent enchaîné 19 temps de jeu dans la moitié de terrain  française. Israel Folau doublait ensuite la mise en coin (28) alors que le pilier  droit français Rabah Slimani s'asseyait tout juste sur le banc après avoir  récolté un sévère carton jaune pour un plaquage sans ballon. Vexés d'avoir été mis à la diète samedi dernier à Melbourne, les Wallabies  imprimaient un rythme visiblement impossible à suivre, en misant sur leur  puissance et leur fraîcheur physique. Ils donnaient un nouveau coup d'accélérateur juste au retour des vestiaires  par Folau (42), idéalement servi dans l'intervalle par Skelton (27-6). Parfois brouillonne car entachée d'imprécisions de part et d'autre, la  partie s'équilibrait quelque peu ensuite. Le capitaine Michael Hooper et le  demi de mêlée remplaçant Nick Phipps corsaient encore l'addition mais le  talonneur Guilhem Guirado - une des rares satisfactions de la tournée -  aplatissait sur un ballon porté. L'honneur est sauvé, pas les apparences.

Réa​ctions

Thierry Dusautoir, capitaine du XV de  France: "On a quand même souffert durant les vingt premières minutes, ils ont  imposé leur rythme en étant plus réactifs. Ils ont marqué des essais assez  facilement. On n'a pas eu les mêmes ressources que la semaine dernière pour  être plus dominateurs au contact et plus précis sur ce que l'on avait choisi de  faire. On a subi la majeure partie du match. Je pense qu'ils étaient plus  dynamiques que nous, toujours dans l'avancée. On essayait de réorganiser notre  défense mais on n'a pas réussi à mettre des plaquages positifs. On n'avait tout  simplement pas l'énergie pour le faire. (sur son record de capitanats) C'est la  plus mauvaise façon de le célébrer. J'espère connaître des jours meilleurs sous  le maillot Bleu avec le capitanat. Aujourd'hui, je n'ai pas la tête à me  réjouir de quoi que ce soit. (inquiet pour l'avenir ?) Je sais que l'équipe de  France a la capacité de réagir sur une préparation de Coupe du monde. Mais je  sais que l'on ne nous prépare pas au mieux pour les échéances intermédiaires.  Ca fait 13 ans que je suis professionnel et 13 ans que c'est comme ça."
   
Ewen McKenzie, sélectionneur de l'Australie: "C'était mieux du point de vue  de l'attaque (que le match de Melbourne remporté 6 à 0) même si parfois on  s'est montré un peu trop enthousiaste. On a eu la possession, l'occupation et  les occasions. Les intentions étaient bonnes mais on s'est parfois emmêlé les  pinceaux dans la réalisation. Mais on a emmagasiné de la confiance. (sur la  venue des All Blacks en août pour l'ouverture du Four nations) C'est dans sept  semaines et on aura le temps de se pencher dessus en termes tactiques. On  voulait d'abord se concentrer sur la France que l'on surveillait depuis le  Tournoi des six nations. On voulait d'abord passer ce cap. Ces trois victoires  contre la France étaient la meilleure chose qui pouvait nous arriver avant  d'affronter les All Blacks ."
   
Michael Hooper, capitaine de l'Australie: "On avait besoin d'être bons en  conquête pour s'en sortir et on s'est améliorés sur ce plan. Il y a eu des  moments un peu brouillons durant le match que l'on pourrait améliorer avant le  Four Nations. On a été meilleurs que la semaine dernière et on a donc réussi à  leur laisser moins le ballon. On a aussi été plus efficaces. On leur a vite mis  la pression et on a réussi à prendre le score tôt. Quand vous voyez le tableau  d'affichage gonfler, c'est dur de revenir et vous commencez à tenter des choses  difficiles. La France a une très bonne troisième ligne, capable de mettre une  grosse pression et de se déplacer avec la balle. C'était bien de pouvoir  s'étalonner contre elle car ce sera le même type de niveau en troisième ligne  lors du Four nations."

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