Coupe du Monde féminine : Les Françaises ont grandi, les obstacles aussi
"Un rugby qui se professionnalise"
Les chiffres lui donnent raison : le nombre de licenciées s'est envolé, passant de 12 000 à plus de 19 000 en trois ans. Dans les catégories de jeunes, les effectifs ont carrément doublé. "Avant, on sentait qu'on était soutenues mais pas réellement médiatisées. Depuis, tout le Tournoi des Six Nations passe à la télé. Un pôle France a été créé il y a deux ans. Les choses se structurent petit à petit", assure la deuxième ligne bretonne, une des taulières de l'équipe puisque sa première sélection remonte à début 2013. Le rugby féminin français est toujours amateur, hormis les joueuses à VII sous contrat fédéral, qui ont connu l'aventure olympique en 2016 et peuvent alterner les deux sélections. Mais la Fédération française de rugby (FFR) a enclenché une marche avant sous la présidence de Pierre Camou, que poursuit son successeur Bernard Laporte. "Il y a une évolution parce que cela se professionnalise surtout dans les pratiques", estime l'entraîneur des Françaises Olivier Lièvremont. "Les clubs se structurent, les filles travaillent de mieux en mieux avec leur préparateur physique de club, il y a tout un travail de suivi externalisé : elles sont suivies par nous, à distance, avec des montres connectées."
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L'apport du VII
Pour Annick Hayraud, de nouveau manager des Bleues après avoir occupé ce poste de 2011 jusqu'au Mondial 2014, "on retrouve des filles qui athlétiquement sont plus fortes". Il y a aussi du mieux dans le jeu. "La technique individuelle des filles a énormément évolué", affirme Lièvremont. "On tient beaucoup plus le ballon", estime Hayraud. "Le temps de jeu effectif est tout le temps en progression. On est capables de se faire beaucoup de passes, de tenir le ballon, d'enchaîner les tâches. L'apport des filles qui viennent du VII est essentiel. Ce sont des filles qui sont professionnelles, elles ne font que ça. Quand les autres voient ça, ça tire tout le monde vers le haut." Ces efforts seront-ils suffisants pour hisser enfin les Bleues sur la plus haute marche, elles qui n'ont jamais réussi à atteindre la finale (3e en 1994, 2002, 2006 et 2014) ? Le contexte interne qui a précédé la préparation et les résultats du Tournoi n'incitent pas forcément à l'optimisme.
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Le pari risqué de Laporte
Élu le 3 décembre face à Camou, Laporte a en effet pris le pari risqué de limoger l'encadrement à huit mois de la Coupe du Monde, tout en demandant aux joueuses de la remporter. A Noël, exit l'entraîneur Jean-Michel Gonzalez, un Basque proche de Camou qui avait pourtant remporté le Tournoi des Six Nations 2016 et mis en place le suivi externalisé de ses joueuses. Et revoici la manager Hayraud, présente sur la liste électorale de Laporte... Figure de Romagnat, près de Clermont, elle a ramené d'Auvergne Samuel Cherouk, sans expérience du rugby féminin, qu'elle a associé à Lièvremont pour diriger l'équipe. Pour les débuts du trio, les Françaises perdent leur titre au Tournoi avec deux défaites face à l'Angleterre (13-26) et l'Irlande (10-13). "Un résultat qui ne nous satisfait pas", avait reconnu Hayraud. Avant d'affronter le Japon à Dublin (coup d'envoi à 20h45), difficile de savoir où les Françaises en sont. Car au cours de sa longue préparation (plus de deux mois), l'équipe de la capitaine Gaëlle Mignot ne s'est frottée à aucune autre nation, se contentant de deux matches en interne à Font-Romeu. "Si on avait joué l'Ecosse, je ne suis pas sûre que cela nous aurait apporté quelque chose de plus", rétorque Hayraud. Mais entre le 4e du Tournoi et l'Angleterre, la Nouvelle-Zélande et le Canada, les trois grands favoris du Mondial, il y a un gouffre.
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