Coupe du monde de rugby : portée par George Ford, l'Angleterre, réduite à 14, musèle l'Argentine
S’agit-il d’un acte fondateur ? Dans la tourmente avant la rencontre et réduite à 14 dès la 3e minute, après le carton rouge infligé à Tom Curry, l’Angleterre s’est solidement imposée contre l’Argentine (27-10), pour son entrée en lice dans la Coupe du monde, samedi 9 septembre au stade Vélodrome de Marseille.
Rugueux sur les impacts et très pragmatique, le XV de la Rose a muselé des Pumas méconnaissables, dans un match haché où les Sud-Américains ont inscrit le seul essai de la rencontre à la toute fin du match (79e). Auteur des 27 points de son équipe, dont trois drops tous inscrits en première période, l'ouvreur George Ford a signé une prestation majuscule.
Et dire que sa présence tenait à la suspension d’Owen Farrell. Sans un plaquage dangereux du capitaine habituel en préparation, George Ford n'aurait probablement pas mené le jeu anglais pour cette rencontre. Et n'aurait pas pu démontrer qu'il valait un peu mieux qu'un rôle de second couteau. D'ordinaire très sobre, Ford a attiré la lumière et s'est mué en héros d'une soirée marseillaise qui, sans sa démonstration, aurait été franchement décevante.
9/9 au pied pour Ford
Le demi d'ouverture de 30 ans a remis au goût du jour le drop, un geste anachronique mais primordial pour se détacher dans un match cadenassé. Ses deux coups de patte de près de cinquante mètres (27e, 31e) ont convaincu son équipe de sa force. Son troisième drop (37e, 12-3), dans une situation plus confortable, a récompensé la mainmise de ses avants.
Le pack anglais était pourtant amputé d'un élément dès l'entame. Les nombreux spectateurs entrés tardivement dans le stade n'ont pu assister au choc tête contre tête entre Tom Curry et Juan Cruz Mallia (3e), ayant débouché sur un carton jaune transformé en rouge par le bunker pour le troisième ligne de la Rose. Ce fait de jeu contraire – un temps compensé par le jaune infligé à Santiago Carreras (9e) – a galvanisé des Anglais appliqués et agressifs dans les regroupements. Attendus au tournant après leur défaite désobligeante contre les Fidji (22-30), les joueurs de Steve Borthwick ont apporté la réponse attendue.
L'Argentine déjà en difficulté
Pas forcément brillants – le pouvaient-ils à un de moins ? – mais pragmatiques, ils ont fait déjouer des Pumas apathiques. Pénalisés à 13 reprises, ceux-ci ont offert des munitions à l'artilleur Ford, infaillible qu'il s'agisse de pénalités (6/6) ou de drops (3/3). L'homme du match venait de recevoir une ovation méritée lorsque les Argentins ont enfin trouvé de la continuité pour aplatir, par Rodrigo Bruni (80e, 27-10), dans une action dont le seul mérite aura été de ne pas faire de cette rencontre la première sans essai de ce Mondial.
Pour le reste, les Pumas se sont montrés imprécis et ont éprouvé toutes les peines du monde à conserver le cuir sur plusieurs temps de jeu, n'ont jamais su emballer une rencontre terne – et achevée sans le moindre franchissement de part et d'autre. Cette défaite sèche les condamne à un sans-faute contre les Samoa, le Japon et le Chili, une performance à leur portée sur le papier à condition de gommer les nombreuses lacunes du soir.
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