Coupe du monde de rugby : comment expliquer les couacs dans l'accueil du public à Bordeaux et à Marseille ?

Le premier week-end de la Coupe du monde de rugby a été marqué par plusieurs incidents, notamment dans la cité phocéenne et la capitale girondine, concernant des supporters anglais et irlandais.
Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les supporters irlandais et roumains se massent devant le Matmut Atlantique de Bordeaux (Gironde), le 9 septembre 2023 pour le match de Coupe du monde de rugby opposant les deux équipes. (GUILLAUME BONNAUD / MAXPPP)

Il n'a pas fallu longtemps pour que les Britanniques fassent référence à la cataclysmique finale de la Ligue des champions au Stade de France en 2022. Les images de la file d'attente gigantesque sur les escaliers du parvis du Stade Vélodrome à Marseille avant Angleterre-Argentine samedi 9 septembre, et les difficultés d'accès des supporters irlandais à Bordeaux pour voir les coéquipiers de Johnny Sexton défier la Roumanie le lendemain ont provoqué colère et mécontentement. "La France n'est tout simplement pas prête à accueillir des évènements de ce genre", tance un Anglais sur X (anciennement Twitter). "On le savait qu'Amélie Oudéa-Castéra nous racontait des salades quand elle assurait que la France était prête pour accueillir le Mondial", peste un journaliste du Mail on Sunday sur le même réseau social. Faut-il en déduire quelque chose sur la capacité de l'Hexagone à accueillir les grands évènements ?

Ce sont les images du Stade Vélodrome qui rappellent le plus celles qui ont tourné en boucle au Stade de France, il y a un peu plus d'un an. Des milliers de supporters anglais agglutinés dans une gigantesque file d'attente qui serpente le long des escaliers menant aux portiques de l'enceinte marseillaise. 

Une situation qui n'a pas manqué d'étonner les habitués du lieu... qui accueille les matchs de l'OM tous les quinze jours, sans difficulté particulière. Un membre de l'organisation du Mondial au "Vel" confie dans La Provence : "On s'est retrouvé dans une situation classique d'un afflux de supporters anglais au même endroit une heure avant le coup d'envoi de la rencontre. Ils sont arrivés en nombre après avoir bien profité de l'avant-match, certains étaient un peu 'énervés'... Mais il n'y a pas eu de problème majeur." 

Outre l'arrivée tardive d'une partie des fans anglais, ce qui relève de la culture du supportérisme local, la signalétique laissait clairement à désirer. Une seule station de métro conseillée sur les tickets, aucune mention des différents accès au stade – de l'autre côté de l'enceinte, l'accès était parfaitement fluide – et peu de bénévoles disponibles pour orienter les fans dans la langue de Shakespeare. Le comité d'organisation a reconnu son erreur et rectifié le tir dès le lendemain pour Afrique du Sud-Ecosse. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, se félicite même d'avoir "redressé la barre" en 24 heures. 

Prochain test au Vélodrome avec la rencontre entre l'équipe de France et la Namibie, jeudi 21 septembre.

La configuration de certains stades mise en cause

Concernant le match de l'Irlande face à la Roumanie, c'est davantage la configuration du stade qui est pointée du doigt. Eloigné du centre-ville de Bordeaux, il n'est joignable directement que par une ligne de tram, dont la cadence renforcée, assure l'opérateur TBM à France Bleu, n'a pas suffi à absorber la foule des supporters du XV du Trèfle.

La panne d'une rame et le déclenchement du signal d'alarme dans une autre ont provoqué des retards en cascade, illustre France Bleu Gironde. Sans parler de la chaleur écrasante régnant sur la ville, qui a transformé les trams en étuves et poussé certains spectateurs arrivés au stade à abandonner leur place au cours du match, dont le coup d'envoi était donné à 15 heures. Une pagaille qui n'a pas surpris les supporters des Girondins de Bordeaux, le club de foot de la ville, embarqués dans cette galère de transports depuis la livraison du nouveau stade en 2015.

Les choses se sont mieux passées pour le match opposant Gallois et Fidjiens le lendemain. World Rugby (lien PDF) s'est félicité du "contexte de sécurité, de fluidité des accès aux stades et d'amélioration de l'expérience spectateur". Le problème est récurrent à Bordeaux, comme en attestent les articles réguliers du quotidien régional Sud-Ouest pour guider les spectateurs des spectacles ou des concerts (ici, ici, ici.).

Plusieurs stades choisis pour accueillir des matchs de la Coupe du monde présentent la même configuration. Une enceinte moderne, construite en périphérie de grandes métropoles, qui connaît des soucis chroniques de liaison en transports en commun et/ou de stationnement : l'Allianz Riviera de Nice, le Groupama Stadium de Lyon et le stade Pierre-Mauroy de Lille.

A mettre toutefois au crédit des organisateurs, la soirée sans fausse note – à l'exception des chœurs d'enfants au moment des hymnes – au Stade de France pour le match d'ouverture. "Nous devons la meilleure expérience possible à tous les spectateurs de la Coupe du monde, écrivait la ministre des Sports dans son post sur X. Elle devra l'être à chaque match." Prochain axe d'amélioration : les boissons. Alors que la France suffoque sous la canicule, les stadiers ont consciencieusement confisqué les bouteilles d'eau dans certains stades et, alors que World Rugby avait demandé aux fans d'amener une gourde, certaines enceintes étaient dépourvues de point d'eau potable...

Sans parler des pénuries de bière et des files d'attente de 50 minutes aux buvettes du Vélodrome et du Stade de France constatées le premier week-end de compétition... Mais s'il n'y a plus que ça qui bouchonne, la presse anglo-saxonne en fera moins ses choux gras.

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