Bastareaud, le symbole sacrifié
Les modes au rugby sont comme les rebonds du ballon que les joueurs poursuivent : capricieuses et imprévisibles. Il y a encore quelques mois, les sélectionneurs du monde entier ne juraient que par un jeu de percussion, où la puissance et les passes après contact étaient reines. Sans offload point de salut. Dans ce schéma, Mathieu Bastareaud était considéré comme une référence et nul ne songeait à le déboulonner. Le 3/4 centre du RCT était de tous les combats et c'était toujours lui qu'on envoyait "péter" tête baissée dans les lignes ennemies. Mais voilà, le vent a tourné.
Comme souvent, il a soufflé en provenance de l'hémisphère sud, et particulièrement de Nouvelle-Zélande. Les All Blacks restent ceux qui font et défont les modes. Avec leur perpétuel jeu en mouvement, ils ont remis au goût du jour ce qui fait l'essence de ce sport, la vitesse d’exécution et l'évitement. Le sacre du Stade Toulousain, en France, a confirmé que cette voie était la bonne. En tout cas pour le moment.
Dans ces conditions, le profil de Bastareaud est rapidement devenu obsolète. Cela est devenu une évidence avec la nomination du nouveau staff : Fabien Galthié, futur sélectionneur avec comme adjoint Laurent Labit (arrières), a amené dans ses bagages Thibault Giroud, qui sera chargé de la préparation physique. Or, tous deux, depuis leur saison commune à Toulon, ont un mantra commun: la mobilité, qui n'est pas le point fort du toulonnais.
Haro sur Bastareaud
Pourtant, Brunel l'a assuré en conférence de presse ce mardi, il a été le seul à décider de l'éviction de son désormais ex vice-capitaine. Mais il s'est montré particulièrement évasif au moment de justifier son choix, préférant parler de Sofiane Guitoune, qui le remplace poste pour poste. "L’absence de Bastareaud est en lien avec nos critères, par rapport à des qualités et à une concurrence très forte sur ce poste. Notamment celle de Guitoune qui a été très bon. On a hésité" s'est borné à énoncer le sélectionneur. Il est vrai que l'éclosion du Toulousain (16 essais toutes compétitions confondues) n'a pas joué en faveur de "Basta" d'autant que les places sont très chères au centre des lignes arrières (Fofana, Fickou, Doumayrou).
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La roue a donc tourné pour Bastareaud, et pas dans le sens qu'il l'aurait souhaité. Vice-capitaine, et même capitaine lors de la tournée en Nouvelle-Zélande en juin 2018, Bastareaud (30 ans, 54 sélections) quitte donc les Bleus en laissant une impression de malentendu. Souvent raillé pour son manque de justesse technique, il fut aussi un coéquipier exemplaire ainsi qu'un vrai leader sur le terrain et en dehors. Sans jamais se renier, il n’hésitait jamais à dire quand ça n'allait pas et il était le premier à faire son autocritique. A 32 ans, Bastareaud pourra-t-il une nouvelle fois rebondir ? Comme un symbole, il vient de signer pour une pige de sept mois à New York, la ville de tous les possibles...
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