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RC Toulon: Bernard Laporte vitupère contre le rugby français

Présent à la présentation de la nouvelle Coupe d’Europe, ce lundi au Pré Catelan, le manager de Toulon et candidat à la FFR pour 2016 en a rajouté une couche sur l’amateurisme dont fait preuve le rugby français, selon lui. L’ancien sélectionneur du XV de France a également fait part à francetvsport.fr des ambitions du RCT dans cette Champions Cup qui débute dimanche pour les Varois (Toulon – Scarlets, à 16h) et s’annonce très relevée.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Bernard Laporte (Toulon).

La passe de trois serait extraordinaire et surtout inédite. Vous en rêvez ?

Bernard Laporte: "Comme le disait Guy Noves, la passe de trois n’est pas possible puisque ce n’est pas la même compétition. Ca peut être deux plus une, mais pas trois (sourire). Non, plus sérieusement, on souhaite à nouveau être champions d’Europe même si ce n’est pas la même compétition. Elle est plus dure cette année car 20 clubs au lieu de 24, ça rééquilibre les poules. Avant, on savait qu'on pouvait terminer meilleur second si on avait un club italien dans la poule. Aujourd’hui, quand tu regardes les poules, tu ne sais pas quels seront les trois meilleurs deuxièmes. C’est excitant de ne jouer que des gros matches".

Une poule plus relevée que les années passées…

BL: "Oui, on ne peut pas dire non plus qu’on a eu des poules très relevées ces deux dernières années. On a fini premiers à chaque fois et le second de notre poule s’est toujours qualifié. Là, on ne sait pas qui finira en tête entre les Scarlets, l’Ulster et Leicester. C’est copieux, costaud, mais c’est pareil dans toutes les poules. C’est ce qui pimente la chose".

Traditionnellement, c’est une compétition qui ne donne qu’un seul joker, et il ne faut pas se planter à domicile…

BL: "Effectivement. Un match perdu à domicile hypothèque sérieusement tes chances de qualification. Il faut donc assurer le strict minimum à la maison. Essayer de prendre le bonus offensif est la cerise sur le gâteau. Après, il faut faire un résultat à l’extérieur sur les trois matches qui restent voire sur deux. Ça montre que c’est costaud".

Vos joueurs sont-ils plus motivés par la Coupe d’Europe ?

BL: "Ils sont naturellement motivés parce qu’ils savent que c’est un match couperet à chaque fois. Le championnat, c’est long, c’est un marathon. Tu peux toujours récupérer un faux pas. Un match perdu en Coupe d’Europe peut te faire perdre le quart à domicile. Il n’y a donc pas besoin de motiver les mecs. C’est six matches de phase finale. Et puis je pense que c’est plus important pour les Anglo-Saxons. Ils se disent que c’est la compétition majeure, c’est évident".

Cette compétition vous aide-t-elle à vous évader des traces actuelles du rugby français que vous dénoncez régulièrement ?

BL: "Je crois que je ne suis pas le seul à dénoncer l’amateurisme. La Coupe du monde est dans dix mois, les clubs ne savent pas s’il va y avoir des matches avant, si on va pouvoir recruter, est-ce que si, est-ce que ça… On nous dit que les internationaux ne peuvent pas jouer tant de matches. Ça veut dire qu’on est des amateurs. Si on était dans un monde professionnel, nos partenaires partiraient. C’est quoi, ça ? Quand je paye, c’est pour avoir l’équipe au complet. Moi, si la Fédération me dit qu’elle ne veut pas que les joueurs que je paye jouent, je me retire. Il faut être sérieux. On a la chance d’avoir des partenaires assidus et gentils. Mais ça ne peut plus durer. Imaginez au football : la Suède dit à Ibrahimovic qu’il ne peut pas jouer plus de 25 matches avec le PSG. C’est ça qui se passe. On n’est pas dans un monde professionnel donc il faut réformer. C’est comme la France. Il ne faut pas faire que le dire, il faut le faire".

Entre la Ligue et la Fédération, c’est un serpent de mer. Ça ne bouge pas beaucoup…

BL: "Ca ne bouge pas beaucoup, non. Ce que vous critiquez là, on le faisait déjà quand j’étais entraîneur de l’équipe de France. Depuis, rien ne bouge. On essaye de satisfaire les petits amis, ne vexer personne, contenter tout le monde c'est-à-dire ne jamais avancer".

Il y a un Toulon-Grenoble à 13h qui fait parler…

BL: "C’est magnifique. J’aurais aimé jouer à une heure du matin mais ils n’ont pas voulu. C’est dommage parce qu’à une heure du matin, je sors d’un bon apéritif au Mourillon. Ca peut être sympa d’aller voir le match à Mayol. Mais on m’a dit que ce n’était pas possible. Je sais que c’est une expérimentation de la part de Canal +. Je dis ça sur le ton de la boutade mais, sincèrement, s’il n’y avait que ça… Ce qui gêne Philippe Saint-André, et il a raison, c’est le dimanche. Les joueurs qui devaient être rassemblés le dimanche midi à Orly n’arriveront que le soir avec les Bleus".

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