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Roland-Garros - Jauge de 1000 spectateurs : "Ce sont des dizaines de millions d'euros qui sont partis en fumée"

Alors que les organisateurs de Roland-Garros envisageaient encore début septembre de pouvoir accueillir 11 500 spectateurs, la jauge du public a été revue à la baisse à plusieurs reprises. Finalement, ce seront seulement mille personnes par jour qui pourront assister aux matchs sur le site. La Fédération Française de Tennis s'attend déjà à un gros manque à gagner, mais fera en sorte que ses clubs n'en subissent pas les conséquences.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (ROB PRANGE / SPAINDPPI)

15000 spectateurs cette année, contre 520 000 l’année dernière. C’est avec une telle différence d’affluence, et donc de recette, que va devoir jongler la Fédération Française de Tennis (FFT). L’édition 2019 de Roland-Garros lui avait rapporté 260 de ses 325 millions d’euros de budget global annuel. Début septembre, et alors que la jauge de spectateurs était encore fixée à 11 500 par jour, le directeur de Roland-Garros Guy Forget tablait sur des "produits divisés par deux" et évaluait le manque à  gagner entre 130 et 140 millions d’euros. Cette nouvelle limitation à 1000 spectateurs vient encore alourdir la note: "Financièrement, nous sommes en cours de chiffrage, mais ce sont des dizaines de millions d'euros qui sont partis en fumée", regrette Stéphane Morel, directeur général adjoint du pôle Marketing et Développement économique.

Au delà de la perte de recette en billetterie et en produits dérivés, Roland-Garros ne pourra pas non plus garantir les hospitalités habituelles, avec les loges et les repas d’affaires, intégralement supprimées. Heureusement, la FFT pourra toujours compter sur les droits TV, premier poste de revenus, avec environ 80 millions d’euros.

Une  "Roland-Garros dépendance" de la FFT ?

Le budget global annuel de la FFT devrait donc être amputé d’une grande partie de ses revenus. Or, c’est précisément de celui-ci que provient la dotation fédérale globale, qui représente environ 50% du budget des Ligues régionales en moyenne. Pour l’année 2020, toutes les subventions leur ont déjà été versées, et selon Lionel Maltese, membre du comité exécutif de la FFT en charge du développement économique, elles n'ont rien à craindre pour l’année prochaine: "Pour 2021, grâce à un plan de relance de 35 millions d’euros, il n’y aura pas un licenciement et pas un euro de baisse de budget pour les ligues et les clubs. Mais s’il y a des risques sur l’organisation de Roland-Garros 2021, il faudra faire des arbitrages dans la distribution des aides."

Privée de Roland-Garros en mai, la FFT a été contrainte de recourir à un emprunt sur son exercice comptable précédent, clôturé le 31 août. D’après Lionel Maltese, "la FFT sera toujours dépendante économiquement de Roland-Garros, donc les clubs et les ligues sont clairement financés par le tournoi." Pour sortir de cette dépendance à l’avenir, il faut selon lui que "les clubs et les bénévoles développent leurs compétences, pour attirer des adhérents, maintenir les emplois des professeurs de tennis, et ne plus attendre les aides fédérales." Lui même organisateur de l’Open 13 Provence, il craint une disparition des plus petits tournois ATP et Challengers: "Ils ne peuvent pas compter sur les droits TV, mais ne tiennent que par la billetterie et par les aides de la fédération, sauf que ce n'est pas un puits sans fond."

"Une surface de 125 m2 par spectateur"

"Nous regrettons cette nouvelle contrainte. A nos yeux, les 5000 spectateurs dans le stade étaient déjà une jauge minimale", déplore Bernard Giudicelli, le président de la FFT, qui rappelle l’immensité du site: "Le Stade Roland-Garros est étendu sur douze hectares, ce qui représentera une surface de 125 m2 par spectateur."

Bien que les tribunes resteront quasiment vides, l’option du huis clos n’a pas été retenue par les organisateurs: "Nous préférons qu’il y ait mille personnes, plutôt que zéro. Pour les millions de téléspectateurs qui regardent les matchs, c’est tout de même plus agréable de voir un tout petit peu de passionnés autour des joueurs", justifie Stéphane Morel. "On a pu voir une vraie différence en termes de rendu entre l’US Open à huis clos total, et le tournoi de Rome où il y avait mille spectateurs. Ce n’est pas le même spectacle", poursuit-il. 

Si chaque année revient le débat sur les tribunes vides de Roland-Garros, en raison du prix des places, elles ne seront arpentées pour cette édition que par les mille chanceux tirés au sort parmi les détenteurs de billets. 

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