Roland-Garros 2022 : "C'était l'une des plus belles ambiances de ma carrière", raconte, ému, Jo-Wilfried Tsonga, après son dernier match
Lors de la conférence de presse qui a suivi sa défaite contre Casper Ruud, lundi, le Français a fait part de son émotion et son amour pour le public français.
Clap de fin pour le plus grand joueur français du XXIe siècle. Jo-Wilfried Tsonga a rendu son tablier de tennisman professionnel, mardi 24 mai, à l'issue d'un ultime tour de piste face au Norvégien Casper Ruud au premier tour de Roland-Garros (6-7 [6-8], 7-6 [7-4], 6-2, 7-6 [7-0]).
Applaudi comme il se doit par le public du court Philippe-Chatrier, "Jo" a eu droit également à une cérémonie pour saluer son immense carrière. Il était encore ému au moment d'arriver dans la salle d'interview.
Quelle a été votre plus grosse émotion, aujourd'hui sur ce court Philippe-Chatrier, à Roland-Garros ?
Jo-Wilfried Tsonga : Ma plus grosse émotion, je dirais que c'était pendant tout le match, et aussi après. C'était incroyable, la foule m'a porté, m'a donné la force de combattre et c'est ce que j'ai fait. C'était un bon match, je n'ai pas fini de la manière dont je voulais mais j'ai fini sur le court, en jouant, en courant après la balle. C'était fort pour moi et ça restera un bon moment.
Dans quel état d'esprit avez-vous vécu ce match ?
C'était assez dur parce qu'avant le match, je suis avec Thierry (Ascione), mon frère, un ami à moi qui me suit aussi, et à chaque regard on est tous conscients que c'est la dernière fois que je vais monter sur le Chatrier. Donc c'est difficile car je rentre sur le court et je suis déjà dans un état émotionnel important. Il a fallu me ressaisir, j'ai lutté contre mes émotions, contre mes larmes avant d'entrer sur le terrain et après je me suis dit : "Ne flanche pas, il y a un match, on y va !"
Qu'avez-vous pensé de votre adversaire du jour, Casper Ruud, tête de série numéro 8 ?
Ce n'était pas un match facile pour lui non plus. Jouer ici face à moi, avec cette foule venue pour moi... Et il a bien joué, il a été solide. Aujourd'hui j'étais capable de battre la plupart des joueurs mais pas lui. Il est jeune, passionné, il profite d'être sur le circuit pour vivre les choses pleinement, c'est chouette.
Avec un peu de recul, qu'est-ce que vous exprimiez comme sentiment sur le court pendant toutes ces années ?
La vie de tous les jours est parfois difficile. Tu ne veux pas être trop rude, blesser quelqu'un. Tu essaies toujours d'agir pour être attentionné, sociable. Mais sur le court, tu peux exprimer tes démons. Tout ce qui est en toi, tu le mets sur la table. Parfois, c'est libérateur.
Quel est votre plus beau souvenir sur le circuit ?
Je crois que toute l'aventure était bien. Même les moments durs. Je ne peux pas dire qu'un jour était meilleur que les autres. Avoir tous ces gens autour de moi pour partager ma tristesse, mes moments de joie... Je vais me rappeler de toutes les relations avec les gens autour de moi. C'est ce qui restera.
Ce match était un peu un symbole de votre carrière. On a vu un "Jo" plein de bravoure, et à 6-5 dans le 4e set il y a cette blessure, votre épaule lâche...
C'est vrai, il y a un peu de tout, du panache, du scénario, de la blessure... et un adversaire très solide en face. Je pense avoir affronté des joueurs incroyables toute ma carrière, le top 4 mais pas seulement : Del Potro, Cilic, Wawrinka, Ferrer, des joueurs tous très accrocheurs. Aujourd'hui, je suis content d'avoir joué contre Casper, il a une vraie régularité dans ses résultats. Etre capable de lutter contre un joueur solide pour mon dernier match, c'est ce que j'attendais et ce que j'avais envie de faire. J'avais envie de finir sur le court.
"Quand je me suis blessé pour servir à la fin du 4e set, quand je ne peux plus lever l'épaule, j'appelle le kiné mais je voulais finir sur le court. Je suis allé au bout. Je crois qu'il n'y aurait pas eu de deuxième match car j'ai tout laissé sur le terrain ! (rires)"
Jo-Wilfried Tsongaen conférence de presse
Est-ce que vous saviez que cette cérémonie en votre honneur était prévue ?
Je savais qu'il allait se passer quelque chose, oui. Je les ai tous envoyés chier quand ils m'ont demandé si je voulais faire un truc car ce n'était peut-être pas mon dernier match ! Et je ne voulais pas calculer. Après, c'était touchant de voir mes premiers entraîneurs sur le court, mes parents qui sont assez discrets... Même les gars, Richard, Benoît, Gilles... Je savais que Gaël allait venir, il me l'avait dit, mais je ne savais pas que les autres seraient là. Je n'avais pas envie d'y réfléchir, je voulais vivre le moment à fond et je me suis régalé. Ils sont très contents car j'ai réussi à pleurer (rires). C'est passé un peu vite. Quand on est au cœur de l'attention, c'est dur de vivre le moment présent. Quand je vais revoir les images ça va beaucoup me toucher.
Est-ce que vous savez de quoi sera fait votre avenir, à court terme et à long terme ?
A court terme, je ne vous invite pas car vous n'allez pas être bien pour rentrer chez vous... (rires) Je vais profiter avec mes amis pour fêter ça. Demain, j'irai aussi faire des examens car je me suis fait très mal, j'étais incapable de porter mon fils après la rencontre. Ensuite, me reposer et continuer de développer notre académie avec Thierry, à organiser les tournois ici en France et essayer de profiter des gens que je n'ai pas pu voir toutes ces années.
Qu'est-ce qui va vous manquer le plus de votre vie de joueur ?
L'adrénaline de jouer sur un grand court. Quand tu as 15 000 personnes qui crient ton nom, te portent sur le terrain… Ce qui s'est passé aujourd'hui, c'est improbable. Physiquement ces derniers temps, ce n'était pas évident et là, ces deux-trois derniers jours, je me sentais mieux. Je pense que c'est grâce à tout ça, à l'engouement, aux gens dans les gradins… C'était l'une des plus belles ambiances de ma carrière et elle arrive sur mon dernier match. Je n'aurais pas pu rêver meilleur scénario, hormis la victoire. C'est ce contact avec le public qui va me manquer, et aussi avec les gens qui m'ont porté toutes ces années.
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